Assis en plein milieu de l’amphithéâtre, Jun faisait machinalement tourner son crayon entre ses doigts. Il en était à 68 tours consécutifs sans le moindre échec, ce qui commençait à agacer passablement son professeur de culture traditionnelle, qui ne manquait pas de pousser quelques petits soupirs discrets à chaque fois que son regard se posait sur l’élément perturbateur. Mais le silence était tel qu’il régnait une certaine lourdeur dans la salle, chose qui exaspérait beaucoup le jeune métisse. L’approche imminente des examens semestriels mettait les étudiants dans une sorte d’anxiété parsemée d’affolement, semblable à une effervescence soporifique.
S’étirant la mâchoire, Jun bailla longuement, arrêtant quelques secondes de se concentrer sur son crayon, qui fit un magnifique vol plané, avant de s’écraser sur la tête d’une jeune fille assise juste devant. Celle-ci, surprise, sursauta brusquement avant de se retourner, l’air hagard, cherchant du regard l’auteur de cette perturbation impromptue. Ses yeux se posèrent immédiatement sur Jun, et, après un bref sourire, elle se mit à l’interroger du regard. Il la vit arracher à la va-vite une feuille de son classeur, et griffonner quelques mots à une allure impressionnante.
Fronçant les sourcils, le concerné se pencha et saisit le bout de papier qu’on lui tendait. Il lut les quelques mots, avant de réprimer un éclat de rire, manquant de s’étouffer par la même occasion. Voyant la fille gigoter sur son banc et massacrer sa jupe à force de la triturer, son visage se fendit en un large sourire.
- Citation :
- Tu veux quelque chose, Jun-kun ? Je suis libre samedi, si ça te dit ( o^-^)/ Kyoko
La naïveté dont faisait preuve cette pauvre fille était assez impressionnante. Confondre un lancer de stylo et une demande de rendez-vous n’était pas, en soi, quelque chose d’anodin. Mais, sautant sur l’occasion, Jun tourna le papier et y répondit positivement. Cette Kyoko, à la petite taille et la voix perçante, était responsable du journal du campus de l’Université. Il avait déjà eu l’occasion de lui parler quelques fois, et il avait constaté avec plaisir qu’il ne lui était pas indifférent. Il avait vaguement baragouiné, par pure habitude, qu’il l’inviterait à sortir un de ces soirs. Celle-ci s’était mise à sauter de joie, se profilant parfaitement au stéréotype japonais de la fille mignonne. Quoi qu’il en soit, connaître une personne avec un poste comme ça était toujours amusant. Une bonne occasion de se faire connaître, en tout cas.
Il lui renvoya la boule de papier, qu’elle déplia avec hâte, avant de se mettre à chuchoter à toute vitesse à l’oreille de sa voisine, qui couina de la même manière qu’elle. Jun posa sa tête sur sa joue, détournant les yeux vers la fenêtre. Comme d’habitude.
La fin des cours ne tarda pas à arriver, et Jun prit directement le chemin de son appartement, Kyoko pendue à son bras. C’était étrangement facile de la berner. Un peu plus, en ça en paraîtrait louche. Si elle le suivait de son plein gré avec autant de bonne humeur, tout en sachant les intentions de Jun, ça en devenait presque ennuyeux. En fin de compte, aucune importance. La satisfaction immédiate est aussi un plaisir qu’il faut savoir apprécier. La prenant par la taille, il la guida jusqu’à chez lui. Celle-ci ne protesta pas une seule fois.
[Je tiens à m'excuser pour mes premiers posts, qui ne seront sûrement pas très détaillés. Je mets toujours un certain temps pour m'ancrer dans mon personnage et à définir le style d'écriture que je vais adopter pour le faire ressortir au mieux ! Ce qui prendre environ 5 à 10 posts :p]
Jeu 25 Jan - 14:52