Un nouveau remplaçant...temporaire

Le retour à Londres. Un retour aux sources, en soi. Mais Bill n'avait pas le temps ni l'envie de visiter, et le fait de laisser son arme dans une consigne automatique ne lui plaisait guère. Avant tout, il se devait de passer à l'ancien hôpital. Recyclé en entrepôt, la vieille bâtisse ne payait plus de mine. Bill fracassa la lourde porte de fer et se précipita à l'intérieur, soudainement frénétique. Un groupe d'adolescents jouaient à se faire peur dans ce qu'ils appelaient la "cave" de l'entrepôt, à côté d'une lourde table de pierre noire défonçée, et ils avaient trouvé un petit coffret de bois blanc...plus très blanc, d'ailleurs.

[...]

Son arrivée à Oxford s'était très bien passée. Le taxi était arrivé à l'heure, pas trop de trafic, et il se tenait maintenant devant les lourdes portes de bois de l'université. A l'heure prévue, il pénétra dans le bureau du directeur, vieil homme, mais encore en pleine possession de ses moyens intellectuels, et érudit respectable. Les étagère alentours étaient toutes remplies de dossiers, de paperasses, etc... Le vieil homme se tourna vers Bill au moment où il entra, et lui tendit une main chaleureuse, que la main gantée de Bill prit et secoua énergétiquement.

"Ah ! monsieur Locke ! C'est étonnant de vous voir si tôt, je ne vous attendait que demain. Hé bien, puisque vous êtes là, pouvons nous commencer les formalités ?

-Je vous en prie, monsieur le directeur. Je suis en avance, vu que j'avais quelques formalités à règler? J'ai préféré m'y prendre plus tôt, pour ne pas être dérangé voyez vous. Alors, voyons ces fichiers d'inscription." Bill, maintenant appelé John (un faux nom, bien entendu). Il se saisit des formulaires, et passa une enveloppe au doyen.

"Je vois. Donc vous êtes diplômé de l'université de Cambridge, vous avez passé quelques années en expéditions archéologiques... Bien bien, tout est en rêgle. Voici les clés de l'appartement que nous vous avons réservé, monsieur Locke. Vous pouvez aller à votre gré dans l'établissement, et pourquoi ne pas commencer par découvrir notre belle université?"

Bill aquiesça et sortit doucement. Au dehors, l'air était frais, doux. Mais il n'avait, là encore, pas de temps à perdre. Il se dirigea d'un pas rapide vers la bibliothèque, ne portant pas de réelle attention aux étudiants qui l'entouraient. Il renfonça un peu plus son chapeau à large bords sur sa tête et rentra dans le bâtiment. A l'heure du repas, peu d'étudiants se trouvaient dans les lieux. tant mieux, il n'en serait que moins dérangé. Et peut-être qu'elle viendrait le voir, après tout ? Il s'était déplacé en personne. Elle aurait peut-être la force de venir le voir.

" Bonjour ! Je voudrais avoir accès à la réserve de la biblio' s'il vous plaît. Je dois consulter un ouvrage important pour un des mes cours." Devant le regard inquisiteur du documentaliste, Bill précisa :
Je suis professeur. Enfin, remplaçant! Voici ma carte."
Maitenant en possession des clés, il se dirigea alors vers la réserve, mais s'arrêta dans les rayons des livres de médecine, et commença à en feuilleter quelques uns, les plus vieux, allant même jusqu'à tapoter les reliures en y collant l'oreille.

Sinead revenait de la cafétéria, suivie par Gabrielle, en réfléchissant assez visiblement sur les conversations diverses entendues et menées durant les heures précédentes. Elle décida de passer par la bibliothèque, ne connaissant pas encore parfaitement les bâtiments, puis, au détour d'une étagère, se tourna vers Gabrielle.

"J'oublais, il va falloir te l..."

*Merde. Je marche sur un truc pas net, là.*

L'Irlandaise eut tout juste le temps de pousser un juron pendant qu'elle tombait la tête la première. C'est un Sinead passablement énervée qui se releva pour fusiller du regard ce sur quoi elle avait trébuché. En l'occurence, un homme agenouillé, l'oreille encore collée à un bouquin, un air passablement lassé dans les yeux. Il n'avait même pas l'air surpris ou désolé, et ça, ça énervait l'Irlandaise encore plus que sa chute fort peu glorieuse devant Gabrielle. Si le regard avait pu tuer, alors celui de Sinead à ce moment l'aurait fait de la manière la plus douloureuse qui soit.

Sinead finit de se mettre debout et fit face à l'homme les mains sur les hanches et le regard haineux.

"Surtout... Ne vous excusez pas... On pourrait croire que c'est moi qui suis tombée..."

Alors que Gabrielle marchait pensive dans les couloirs du lycée, peu soucieuse de la direction qu’elle prenait, elle se mettait à réfléchir à toutes les informations qu’elle allait devoir chercher. Elle était totalement perdue dans ses pensées, si bien que la voix de Sinead s’estompa peu à peu, résonnant comme un lointain écho en elle. Alors que ses pas la menaient devant la bibliothèque, son esprit semblait être ailleurs. Sinead y rentra, et Gabrielle s’apprêta à la suivre, mais sans même s’en rendre compte, elle s’était soudainement immobilisée, comme retenue par une force invisible qui l’empêchait d’aller plus loin.

Elle sentit comme deux mains glaciales se poser sur son visage. Deux mains invisibles mais bien réelles. Deux mains qui lui firent tourner doucement la tête vers la direction qu’avait prise Sinead. Subitement, tout lui parut étranger. Elle n’entendait plus rien, ni Sinead qui s’avançait en lui parlant, ni les bavardages incessants des étudiants. Seuls ses pas résonnaient dans sa tête. Elle s’était avancée un peu, animée par quelque chose d’inconnu, suivant sa collègue sans réellement en être consciente. Etait-ce juste un pressentiment ? Ou est-ce que tout ceci n’était qu’un tour de son esprit malade ? Il lui semblait que des voix lui murmuraient quelque chose. Elles étaient faibles, très faibles… Gabrielle n’arrivait pas à saisir le moindre mot de ce qu’elles pouvaient bien dire. Mais elle ressentait la douceur de leur parole…comme un appel…vers…vers cette présence…

Elle s’arrêta de nouveau, surprise par la chute de Sinead. En temps normal, elle aurait éclaté de rire, trop heureuse que celle qu’elle haïssait de toute son âme s’étale ainsi avec si peu de grâce. Pourtant elle n’en fit rien. Tout à coup ce fut comme si tout autour d’elle n’existait plus, son regard vide se posant sur la silhouette de l’homme sur qui Sinead avait trébuché. Une impression de nausée s’empara de la jeune femme alors qu’elle tentait difficilement de reprendre ses esprits. Son regard suivit d’abord les contours d’un manteau posé au sol, puis celui des étagères, pour venir glisser sur la silhouette de l’homme, s’attardant un instant sur le livre qu’il « écoutait » avant de venir se précipiter sur son visage. Alors le choc fut terrible. Pendant quelques secondes, son souffle se coupa. Ce fut comme si son cœur s’était soudainement arrêté de battre.

Elle ne sut combien de temps elle resta ainsi à le regarder, ses yeux écarquillés par la surprise et la peur, ignorant jusqu’à l’existence de Sinead et des autres étudiants. Ce visage…son visage… Non ce n’était pas ça qui l’effrayait. C’était autre chose… Ce livre ? Non…c’était cette sensation de déjà vu…elle le connaissait ? Oui…oui elle en avait la certitude. Où ? Comment ? Pourquoi ?! Pourquoi est-ce…pourquoi est-ce que son corps tremblait ? Les battements de son cœur s’affolaient inexorablement tandis qu’elle se sentait piégée à l’intérieur d’elle-même. Quelque chose n’allait pas avec cet homme…quelque chose n’allait définitivement pas !

Pendant quelques secondes, elle fut victime d’un violent flash-back. Elle se sentit projeté au-delà du temps et de l’espace, venant s’écraser dans ses souvenirs avec une violence prodigieuse. Elle se revoyait, enfant, dans cette cave où étaient emmenés les enfants « spéciaux ». Elle revoyait le médecin fou qui s’était occupé d’elle. Non…ce n’est pas elle qu’il voulait…c’était Ankou…c’est pour lui qu’il était venu. C’est lui qu’il voulait libérer ! Elle n’avait pas voulu le laisser faire. Elle avait peur…elle pleurait, elle appelait à l’aide ! Personne…même les morts l’ignoraient…mais il riait, encore et encore…il parlait avec plus de folie que de passion ! Non…non ça ne pouvait être lui…

Avec une volonté quasi-divine, la jeune femme tenta de chasser ces mauvais souvenirs. Prise d’une sorte de nausée, son teint pâlissait à vue d’œil. Elle restait plantée là, à observer cet homme. Et si…et si c’était vraiment lui ? Et si…et s’il était revenu pour elle ? Pour Ankou ? Pourquoi ? Pourquoi maintenant ? C’était absurde ! Tout ça n’existait pas…tout ça n’existait plus ! Elle se sentit un moment vaciller, mais elle se reprit et tâcha d’affronter ses démons. Elle devait en avoir le cœur net !

*Non..je ne peux pas…je n’y arriverai pas…je ne peux pas…*

En repensant à son enfance et au traumatisme du à la rencontre avec cet homme, son corps resta figé. Elle ne pouvait pas. Il la terrifiait. Elle le craignait plus que n’importe quel vivant, plus que Sinead elle-même ! Elle ne comprenait pas…tout ce dont elle était sure, c’était qu’elle était terrorisée. Et s’il levait les yeux ? Et s’il la reconnaissait maintenant ? Que ferait-il ? Elle tenta de parler, ferma les yeux, inspira silencieusement, puis les rouvrit, décidée à rompre avec tout ça. Il fallait qu’elle lui demande, qu’elle soit certaine de son identité…quitte à l’affronter dès maintenant ! Mais à peine avait-elle réouvert les yeux qu’elle fut de nouveau arrêtée dans ses élans de témérité.

Là, juste devant l’homme, se tenait un être affreux. Il jonchait le sol, le corps maculé de sang, les yeux écarquillés, la bouche ouverte. Il semblait dire quelque chose, mais aucun son ne sortait de sa bouche. Gabrielle était tétanisée. Lorsque enfin elle s’aperçut que l’homme blessé qu’elle voyait n’avait plus de jambes, elle fut soudain pris d’un malaise et s’enfuit en courant le plus vite qu’elle put, ignorant les regards curieux des étudiants, ignorant même Sinead... Elle courut dans les couloirs de l’université, bousculant quelques jeunes filles sur son passage avant de repérer la porte des toilettes et de l’enfoncer sans même prendre le temps de s’arrêter.

Elle ouvrit la première porte qu’elle put, la verrouilla et se jeta au sol, vomissant dans les toilettes. Une fois la crise passée, elle tira la chasse d’eau, essuyant sa bouche avec du papier, et resta assise contre la paroi du cabinet. Son front ruisselait de sueur, elle se sentait mal et son corps ne cessait de trembler frénétiquement. Elle avait froid…elle se sentait faible… La vue de l’homme mutilé lui souleva le cœur, mais elle se retint de vomir une nouvelle fois. Elle ne sut combien de temps elle resta là, incapable de se relever, clouée au sol par son malaise et la peur qui la tiraillait. Elle espérait plus que jamais qu’il ne l’ait pas reconnu…non…surtout pas…

Sa main plongea machinalement dans sa poche et elle tenta d’attraper quelques comprimés. Elle les regarda un instant. N’en avait-elle pas déjà pris assez aujourd’hui ? C’était sans doute pour ça qu’elle s’était mise à vomir… Fichus comprimés, ça ne servait à rien tout ça ! Ca ne la rendait que plus cinglée ! Dans un mouvement de haine et de violence, elle lança de toutes ses forces la boîte de médicaments dans la poubelle à côté des toilettes et plongea son visage dans ses mains, haletante.

« Saloperies ! J’en ai assez de tout ça ! J’en ai marre ! »

Une fois ses esprits repris, elle se releva difficilement, vacilla, se rattrapa à la paroi du cabinet, le déverrouilla, puis tituba jusqu’aux lavabos. Il n’y avait personne. Tant mieux… Elle se passa de l’eau fraîche sur le visage, ce qui lui fit le plus grand bien, puis ferma le robinet et posa son regard sur le miroir. Son corps s’immobilisa à nouveau.

« Qu’est-ce que… ? » Susurra-t-elle en approchant une main du miroir.

Elle se retourna, mais ne vit absolument personne autour d’elle. Pourtant… Elle regarda de plus près son reflet. Il y avait quelque chose d’étrange. Là…juste là… Elle toucha la vitre de ses doigts, caressant l’étrange silhouette qui semblait se dessiner derrière elle. Puis tout à coup la silhouette bondit devant elle, son corps semblant traverser le sien. Elle n’eut le temps de voir de lui qu’un visage hideux et pâle, un être difforme aux cheveux blancs et aux larges yeux globuleux d’un bleu cyan. Ses fines lèvres avaient formés le mot « Bouh ! » avant que l’apparition ne disparaisse aussi soudainement qu’elle était apparue.

Gabrielle eut un mouvement de recul, puis paniquée elle sortit des toilettes où quelques étudiants l’abordèrent pour savoir si elle allait bien. Elle répondit simplement qu’elle avait mal digéré le repas de la cantine, et ils ne posèrent pas plus de questions. Elle chercha Sinead des yeux, mais ne fit pas un mouvement de plus. Hors de question qu’elle retourne là-bas. Hors de question qu’elle lui fasse face. Non…c’était trop tôt…elle était encore trop faible…

*Si Sinead est encore là-bas je n’irai certainement pas la chercher ! Je peux très bien me débrouiller sans elle…mais…mais je ne dois pas lui dire. Non. Elle ne doit pas savoir… Je dois...le retrouver. Oui je trouverai bien quelque chose dans les fichiers du FBI…je dois d’abord m’informer sur lui. S’il est ici…s’il est celui auquel je pense…je dois savoir la raison de sa venue ici. Ca ne peut pas être une coïncidence. Non, il cherche quelque chose, c’est certain. Après toutes ces années…et si c’était lui qui avait tué Carla Jone… ? Non...je dois y réfléchir calmement…je ne suis pas dans mon état normal. Il faut que je me repose… **** d’hallucinations !!!*

Pendant un court instant, elle se surprit à le chercher des yeux. Elle se sentait comme un animal traqué. C’était une impression désagréable, quelque chose qui la rendait malade au point de réveiller en elle une peur viscérale. Elle le fuyait comme la peste. Mais pourquoi ? Pourquoi avait-elle si peur de lui ? Pourquoi toutes ces hallucinations après autant de temps ? Elle ne comprenait pas. Mais elle devait savoir. Elle ne devait plus fuir… Il fallait qu’elle se reprenne, et qu’elle enquête sur le médecin qui s’était occupée d’elle à St Ange.

*Les rapports…je me souviens que les médecins écrivaient toujours des rapports. Je devrai pouvoir retrouver son nom, et les rapports qu’il a fait sur moi…avec son nom je pourrai trouver des informations dans la base de données du FBI… Je dois savoir. Pourquoi est-il ici ? Ca n’est définitivement pas un hasard. Il doit y avoir une raison, j’en suis convaincue. Je dois trouver…*

Encore faible, les jambes tremblantes, la jeune femme attendit de reprendre ses esprits. Elle resta le plus proche possible du mur, son regard rivé vers la direction de la bibliothèque. Dès qu’elle serait en mesure d’arborer son masque d’étudiante et de marcher sans trembler elle retournerait à la voiture pour récupérer son ordinateur portable.

*Je dois m'occuper au plus vite de l'enquête sur Carla Jone, ainsi je pourrai librement l'affronter... Il me faut une arme...*

On ne pouvait meme plus écouter trranquillement les livres, ici, il fallait que des grosses blattes vinnent jusqu'à vous pour vous trébucher dessus, spécialement sur vous, en plus. Meme agenouillé bien contre un rayonnage, il fallait que cela tombe sur lui. En plus, quelle drôle de tête ! Ties, on dirait une Irlandaise, et ce regard ! Hmm. Plus quintéréssant, je devrais examiner ses yeux de plus près. pendant que Sinead vociférait et jurait, lâchant meme une phrase lui demandant de s'excuser, il approchait lentement son visage de celui de la jeune femme, la fixant de ses yeux pâles. Elle, elle le regardait furieusement, et on dirait meme qu'elle lui en voulait très personnellement. Puis... Enfin, cette présence ! Celle qu'il attendait était enfin là. Immobile, ellene bougeait pas et semblait même trembler devant lui. Intéréssant, je n'avais pas prévu une telle réaction. Faudra que je pense à noter ça. Elle semblait avoir bien grandi depuis le temps, et était meme devenue une belle femme, mis pas vraiment son genre. Mais le plus important n'était pas là : surtout, elle ne semblait pas encore prête. Il devait se passer encore du temps avant que de commencer le rituel. Dommage.

Bill continua de la fixer attentivement, un rictus sensé évoquer un certain plaisir s'affihant sur ses lèvres. Puis, Gabrielle s'enfuit en courant, et Bill se retrouva alors en tête à tête avc cette intrigante jeune femme qui était apparemment avec Gabrielle .Vraiment un regard haineux, elle semblait lui en vouloir de s'être humiliée ainsi dans une des plus prestigieuses bibliothèques d'Angleterre. Amusante, et intrigante. Cette fille lui plaisait. Son caractère lui rappelait mèeme sa supérieure Stechkina par moments.

(suite plus tard, je suis au bahut ^^' )

" Bonjour ! dit-il d'une voix joyeuse. Si vous me permettez, ce n'est pas à moi de m'excuser, mais plutôt à vous, qui vous précipitez dans les couloirs et rayonnages sans regarder où vous mettes les pieds. Je vous saurais gré de plus recommencer cela, car à ce que je puis voir, vous me semblez être élève ici, non ? Je suis professeur, et ce serait dommage de commencer les cours avec déjà une mauvaise appréciation, non ?"

Il se redressa, s'épousseta, et lança un regard provocant à la jeune fille, un rictus sardonique sur les lèvres. Pauvre petite. Si jeune et déjà condamnée... Mais il y a quelque chose en elle d'assez intéréssant. Il faudra chercher à voir ce en quoi ça consiste. Sans prendre le temps d'attendre une réponse, Bill tourna les talons et se redirigea vers la sortie. Avec un geste négligent à l'addresse de l'Irlandaise, il sortit son téléphone et se hâta de sortir.

" Da, Boris ? Je vous avait pourtant prévenu de ne pas m'appeler pendant que je travaille. L'endroit est risqué, ma couverture n'est pas vraiment stable pour le moment. Sinon, que racontez vous de beau ? La patronne veut me voir? Scheisse, je vais devoir écourter mon séjour ici. Soit, j'arrive."

Se tournant une dernière fois vers la bibliothèque, il y retourna en courant pour aller chercher ses livres qu'il avait oubliés.

Il souriait ? Cette tête de noeud souriait ? Et il lui répondait ainsi ? Sinead ne pouvait pas s'oter de la tête l'idée qu'elle connaissait cet homme, qu'elle l'avait au moins vu en photo quelque part, mais... Rien. Gaby, par contre, devait savoir quelque chose, puisqu'elle s'était enfuie, visiblement paniquée... Et encore, paniquée était un mot plutôt faible. On aurait dit qu'elle avait vu le diable en personne... Quoique, aurait-elle vue le diable, elle se serait jetée dessus pour le réduire en miettes... Non, elle avait quelque chose de pire que tous les enfers réunis.

Pas mal pour un seul homme, si c'était bien cet homme qui avait déclenché cette réaction. Le rictus de colère sur le visage de l'Irlandaise se mua en un sourire mauvais et dédaigneux.

"Vous êtes professeur ? Fort bien, fort bien, vous m'en voyez fort aise, mais je doute que vous enseigniez dans mon collège. Aussi vos menaces sont aussi vaines que votre demande d'excuse. Vous n'aviez pas à ramper littéralement dans la bibliothèque, comme un grotesque asticot à la recherche d'on ne sait quoi..."

Il se barrait ? Il fuyait ? Il abandonnait sa fierté et continuait à ne montrer que dédain envers son adversaire ? Aha. Un coup de fil. Monsieur se la jouait grand seigneur mais aboyait en remuant de la queue à l'appel de son maitre. Sinead serra les poings et se détourna de l'importun. Tch.

Restait à savoir où était partie l'autre. Un Gaby, ça ne disparait pas en un claquement de doigt. Elle devrait être facile à retrouver, surtout vu sa discrétion dans la fuite. L'Irlandaise sortit de la bibliothèque en faisant la tête, interrogea vaguement et plutôt agressivement quelques étudiantes qui passaient, et s'orienta vers les toilettes les plus proches, où sa collègue avait été aperçue. Bingo. Gabrielle était dans le couloir, encore légèrement tremblante. Sinead s'approcha d'elle, un sourire narquois aux lèvres.

"Alors... Quelque chose ne va pas, Zane ? Une crise ? T'avais pourtant pris tes médicaments..."

L'Irlandaise se pencha vers Gabrielle et reprit, cette fois-ci à voix basse, sussurant presque.

"...Surtout que ta réaction était totalement inhabituelle... Il s'est passé quelque chose, Gabrielle, avec cet homme, je pense... Et j'aimerai savoir quoi avant que ça ne se retourne contre moi... J'aimerai tellement le savoir que je me sens prête à tout pour celà..."

Les yeux de Sinead brillaient d'une lueur malsaine tandis qu'elle chuchotait à l'oreille de son ancienne comparse d'asile.

"...Et tu sais que tu peux me faire confiance quand il s'agit de soutirer des informations par la douleur... Ce serait dommage d'abîmer ton si joli corps, non ? Cette peau parfaite qui n'a pas encore connu les cicatrices..."

Sinead se redressa soudainement et recula d'un pas.

"Bien. Zane, je pense que l'on ferait mieux de retourner à la voiture. Je pense qu'il vaut mieux que tu te reposes, non ?"

Gabrielle se sentait toujours nauséause. Bien que sa détermination était de fer, et qu'elle comptait bien affronter son ancien tortionnaire, son état était plutôt...pathétique. Elle était excessivement pâle et sentait son corps s'alourdir de plus en plus. La fatigue l'accablait. Non pas une fatigue physique malgré les tremblements qui agitaient son corps, mais bien une fatigue morale, et psychologique. Quelque chose était en train de changer en elle, elle le sentait. Elle avait peur. Elle voulait régler les choses par elle-même. Mais elle se sentait faible...si faible... Si seulement il y avait eut quelqu'un pour lui tendre une main amicale, quelqu'un pour la serrer contre lui, la rassurer...quelqu'un qui ne voulait pas l'attendrir pour mieux l'anéantir...

Pendant un instant, elle se surprit à penser à Ankou. Son "ange", comme elle l'appelait lorsqu'elle était enfant. Son regard s'assombrit alors que quelques étudiants la regardaient avec inquiétude, se demandant si "Zane" n'avait pas besoin d'être conduite à l'infirmerie. Cependant un conflit avec un docteur était la pire chose qui pourrait lui arriver. Surtout qu'elle en avait déjà trouvé un, de docteur, et celui-ci elle comptait bien s'en venger... Venger ? Pourquoi pensait-elle cela ? Pourquoi tout à coup elle voudrait...faire du mal à quelqu'un... Non il fallait qu'elle se venge. Au diable les lois divines ! Oeil pour oeil, dent pour dent ! Elle allait déchaîner toute sa haine contre lui, le piéger, le torturer, le briser, le déchirer de ses mains ! Elle en mourrait d'envie !

*Assez ! Reprends-toi... Ô Seigneur pardonnez ces pensées impures... Non...non, cet homme est un infidèle...il voulait traverser la Porte... Il veut se révolter contre les Cieux ! Je dois l'arrêter...je dois l'offrir aux Enfers... oui...je serai telle une inquisitrice...je lui ferai expier ses péchés dans la souffrance...*

Alors qu'elle semblait s'être entièrement enfermée dans un autre monde, la voix de Sinead la ramena à la réalité. Pourtant elle ne bougea pas. Elle ne leva pas même le regard, quelques mèches de cheveux tombant devant son regard noir. L'expression de son visage dégageait une froideur inhabituelle et presque effrayante qui contrastait avec l'entrain et la sympathie qu'elle dégageait auparavant.

*Médicaments...ces saletés ? Inutiles... C'est ma volonté qui a retenu Ankou. Je n'ai jamais eut besoin de ces trucs. Ce ne sont que des répliques des drogues qu'ils me forçaient à avaler, ces trucs qui m'empêchaient de bouger et qui annihilaient ma conscience. Ces fichus comprimés qui effaçaient ma mémoire... Je ne me souviens même plus du visage...ni du nom de mes parents. Je ne me souviens que d'Ankou. Il n'y a toujours eut que lui...et moi. Ca ne marchera pas. Ca ne marchera jamais... J'ai fuis mes responsabilités... Mais aujourd'hui, les choses vont changer...*

Un étrange sourire se dessina sur les lèvres de Gabrielle. Tout en elle semblait différent: la lueur de folie dans ses yeux, le sourire inquiétant sur ses lèvres, l'aura de glace qu'elle dégageait, ... Les menaces de Sinead lui donnèrent envie de rire, sans qu'elle ne sache réellement pourquoi. Des images se dessinnaient devant ses yeux alors qu'elle parlait. Elle voulait la torturer ? Très bien...qu'elle le fasse... Ca lui était égal. Son corps était inutile. Son corps n'était qu'une enveloppe de chair inutile... Bientôt elle se libérerait de tout cela. Oui, bientôt, elle traverserait la Porte... Non ! Mais qu'était-elle en train de penser ? Ce n'était pas son désir, ce n'était pas sa pensée...

Puis il y eut ces mots. Abimer son corps ? L'envie de rire s'intensifia, mais elle restait stoïque. Ce n'était pas SON envie. Sa peau...parfaite ? Idioties. Elle n'y tenait pas. Pour preuve: son dos était déjà couvert de cicatrices qu'elle s'était faites elle-même à chaque fois qu'elle s'était écarté du chemin de Dieu. Elle n'en avait pas honte. C'était une douleur utile. Une douleur qui expiait ses fautes, qui la rendait plus pure. Une douleur qui l'habituait à vivre... Les menaces de Sinead eurent alors un impact notoire sur Gabrielle. Elle prenait conscience du mensonge qu'était devenu sa vie. Idiote...libre et elle n'en profitait même pas. Libre et elle s'enfermait docilement dans la normalité... Non, ce n'était pas Sa vie. Ce n'était pas ELLE.

*Ankou, pardonne-moi. Tu avais raison... Je ne suis qu'une non-morte parmi tous ces vivants... Personne ne m'accordera jamais la moindre importance. Je ne suis rien, absolument rien. Ma place n'est pas ici... Et pourtant...*

"Ceara..." Finit-elle par dire sur un ton à la fois froid et amusé.

Elle laissa planer quelques secondes de silence avant de plonger son regard dans celui de Sinead, un fin sourire moqueur étirant ses lèvres.

"De quel homme parles-tu, Ceara ? J'ai juste eu une très vilaine hallucination. Ca m'a surprise. C'était vraiment pas beau à voir. Tu veux que je te décrive ? Il avait les jambes arrachées, je pouvais voir...sa chair et ses os, et une floppée de sang qui formait lentement une marre sur le sol de la bibliothèque... Je pensais être habituée à ce genre de vision mais je crois que vomir un coup m'a fait du bien." Murmura-t-elle.

Son sourire s'effaça lentement et son regard se fit plus dur. Sinead ne connaissait donc pas son ancien médecin ? Parfait. Elle ne pouvait deviner. Et quand bien même elle tentait de la torturer, elle n'était pas femme à se laisser faire. Si c'était un affrontement direct qu'elle cherchait elle l'aurait. Il était temps d'ouvrir les yeux. Dieu ne sauvait personne, et certainement pas elle. Peut-être devrait-elle changer de patron ? Inutile. Dieu était un trop beau prétexte pour continuer ses enquêtes ici. Le Vatican lui donnerait la possibilité de se rapprocher de Kira... Kira...pourrait peut-être la rapprocher du pouvoir de tuer...

Sans attendre plus longtemps Gabrielle marcha vivement vers l'extérieur de l'université, décidée à récupérer son portable et passer un coup de fil en France. Elle devait contacter l'asile St Ange et user de son titre d'agent du FBI pour avoir accès aux informations sur ce médecin et sur elle-même. Elle finirait bien par trouver quelque chose d'intéressant. Quelque chose qui l'aiderait à découvrir la raison pour laquelle ce cinglé était ici. Il était temps qu'elle agisse, qu'elle balaye tous les fondements de sa nouvelle vie et renaisse enfin... Elle ne serait ni l'enfant éplorée ni la gentille et docile petite policière. Plus jamais. Et Bill comme Sinead seront sans doute les premiers à souffrir de ce changement !

*Allons Ankou, je me suis réveillée. Es-tu heureux ? Nus allons pouvoir discuter toi et moi. Oui, nous allons avoir une longue discussion sur la manière de changer cette vie qu'est la mienne, qu'en dis-tu ? Tu ne dis rien ? Susceptible, hein ? Qu'importe, tu finiras par parler. Tu as autant besoin de moi que j'ai besoin de toi en ce jour...*

"Dépêche-toi Ceara, nous avons énormément de boulot qui nous attend si nous voulons élucider l'affaire Carla Jones" Lança-t-elle sur un ton presque maussade.

"Tch."

Ainsi la petite avait juste eu une hallucination ? Fort bien, fort bien. Surtout la façon dont elle en parlait... Pour une fille qui avait fait une croix sur son passé, Sinead la trouvait bien proche de ce qu'elle était à Saint-Ange. Ce qui était après tout fort possible... Si elle avait eu cette "hallucination" alors que ses médicament avaient bien été pris... C'est que ces derniers n'avaient plus d'effet... Sinead suivit sa collègue en murmurant.

"Certes, certes, tu croyais t'y être habituée... En les étouffant avec des médicaments ? Quelle belle description que tu nous fait là, en tout cas..."

L'Irlandaise se glissa derrière sa collègue et lui sussura quelques mots à l'oreille.

"...Je croirais entendre une personne que je croyais disparue à Saint-Ange..."

Sinead partit d'un éclat de rire et cala son allure sur celle de Gabrielle, marchant à ses côtés en chantonnant.

"...But dreams don't last
Tho' dreams are not forgotten
And soon I'm back to stern reality..."

En arrivant vers la coiture, Gabrielle semblait avoir repris en partie une attitude plus... Normale ? Elle semblait en tout cas décidée à quand même continuer son enquête. Belle obstination. Sinead ouvrit les portières de l'antiquité motorisée et dévisagea celle qui était censée être un agent du Vatican.

"Certes, nous avons énormément de boulot... Mais dans ton état, est-ce raisonnable ? A moins qu'Ils ne viennent t'aider ? Eux où simplement cet autre auquel tu parlais souvent ? Je crois avoir déjà entendu son nom, mais je l'ai oublié... C'est particulièrement impoli, certes, mais je doute qu'il se plaise à m'adresser la parole comme il l'avait fait en ce bel après-midi dans les jardins de cet asile..."

L'Irlandaise s'installa face au volant et ouvrit la portière passager depuis l'intérieur du véhicule. Ce faisant, elle donna une tape sur la boite à gants, un sourire s'élargissant sur son visage.

"Si... Le besoin s'en fait sentir... Il est toujours là, ne l'oublie pas... J'imagine qu'il va à nouveau te falloir un objet compensatoire, et une poupée de chiffons sans yeux ne te suffira peut-être plus... Ca manque cruellement d'efficacité, je dois avouer..."

Sinead avait raison. L'ancienne Gabrielle s'était réveillée. Ou du moins la nouvelle. Cette fois elle ne fuirait plus. Bien qu'elle savait que la voie qu'elle empruntait était dangereuse et difficile, elle était prête à surmonter les épreuves pour parvenir à ses fins. Ce qui comptait, c'était de retrouver Kira et de découvrir la source de son pouvoir. Et puis il y avait ce médecin qu'elle craignait plus que tout, plus qu'Ankou lui-même ! Ce médecin...elle devait enquêter sur lui aussi et trouver la raison de sa présence en ces lieux. Ce n'était définitivement pas une coïncidence, elle le savait. Ou du moins elle le sentait. Il était temps de régler une bonne fois pour toutes les problèmes de son passé.

*D'abord je m'occupe de ce médecin, je vois ce qu'il est venu chercher, je m'en sers si besoin, ou s'il est louche je le fais coffrer. Ensuite je me débarasserai de Sinead. Cette folle est dangereuse pour l'humanité. Puisse-t-elle être sacrifiée à Dieu au nom de la Très Sainte Inquisition ! Et puis il y a Kira...oui, son pouvoir m'intéresse. Il m'a toujours intéressé. Le médecin, Sinead, Kira...tous trois sont l'incarnation du Mal et doivent disparaître !!*

Gabrielle ignora royalement sa pseudo-collègue tandis qu'elle marchait silencieusement, son regard noir semblant perdu dans un abîme infini. Elle réfléchissait. Elle savait ce qu'elle avait à faire. En passant par le FBI, ses contacts personnels des services secrets et du Vatican, elle trouverait sans doute des informations. Mais Sinead ne devait pas savoir. Mmm...bien, c'était simple. Elle allait trouver un hôtel, s'installer, faire quelques petits achats, passer quelques coups de fils, faire ses petites recherches et communiquer à Sinead ce qu'elle avait le droit de savoir en la contactant avec son téléphone portable. C'était aussi simple que cela.

*Hors de question de travailler le soir avec elle. Je ne lui fais pas confiance. A la moindre occasion elle chercherait à me nuire...à NOUS nuire ! Elle est une menace, nous ne devons pas lui faire confiance...nous devons être prudents, ne se fier à personne. Les vivants sont perfides ! Les vivants sont mesquins ! Ils ne doivent pas nous atteindre...*

Sinead était au courant pour ses hallucinations. Pour ces morts qu'elle voyait... Rien n'avait changé. Pendant tout ce temps les médecins n'avaient fait qu'apposer un sceau sur sa mémoire en l'encourageant à oublier au moyen de drogues et de mensonges répétés. Pour une gamine de 13 ans instable et terrifiée, le travail de ces imbéciles a du être aisé... Ils s'étaient servis d'elle. Très bien. En ce cas elle ne voyait pas où était le mal si elle se servait d'eux en retour.

*Tu veux parler à Ankou, hein ? Idiote. Hors de question que les choses se passent comme tu l'entends. Je suis peut-être semblable à celle que tu as connu maintenant, mais cette fois c'est MOI qui commande. Je ne me laisserai pas manipuler...tu n'auras pas le dessus Ankou, oh que non ! Nous allons faire équipe, et je garderai le contrôle sur toi... Tu vas m'être d'une aide précieuse... Ha...tu refuses toujours de me répondre, hein ? Patience, je sais que tu le feras, tu veux juste me rendre folle, me montrer que tu peux te taire, tu veux que j'éprouve la peur de t'avoir perdu. C'est ça, ta vengeance ? Allons, je sais qu'elle sera plus terrible. Je l'attends. Je la mérite... Mais au final ne crois pas que les choses seront comme avant...*

Une fois arrivées à "l'épave" qui leur servait de véhicule, Sinead lui ouvrit la porte et continua à déblatérer ses remarques cyniques qui n'avaient pour but que de lui faire perdre le contrôle d'elle-même. Stupide. Elle n'allait sans doute pas répondre aux provocations. Du moins pas pour le moment, et certainement pas sur un coup de colère. Non...les choses se feraient plus en douceur...préparées à l'avance...pour être sûre qu'elle n'en réchapperait pas... Gabrielle sourit à cette idée. Un sourire plutôt inquiétant qui ne laissait rien présager de bon, et qui s'effaça bien vite de son visage.

Plutôt que de monter à l'intérieur du véhicule, elle ouvrit le coffre, prit ses affaires, puis claqua le coffre en espérant que le choc fasse s'écrouler la "voiture" avant d'adresser un regard froid et morne à Sinead.

"Je préfère prendre un hôtel. J'ai pas mal de coups de fil à passer, et comme tu n'es pas du FBI tu n'as pas à les entendre. J'ai ton numéro. Je te contacterai pour te faire parvenir les informations que je suis autorisée à te faire parvenir. Le reste, je m'en charge. Je t'appellerai pour te dire où et quand nous nous retrouverons"

Sans même laisser le temps à Sinead de protester, Gabrielle s'éloigna d'un pas vif et emprunta dès qu'elle le put rues et ruelles en espérant que cela découragerai Sinead de la suivre. La première chose qu'elle allait faire était de trouver un hôtel. Ceci fait elle contacterai un agent posté à Londres pour lui commander une arme à feu, et commencerai ses recherches. Tout d'abord: trouver le numéro de St Ange, les contacter, obtenir les dossiers... Puis chercher des informations complémentaires sur Carla Jone, Maya alker et l'université d'Oxford en général. Enfin, elle n'aurait plus qu'à agiter sa carte d'agent à l'accueil de l'université pour obtenir les dossiers des personnes travaillant à Oxford pour voir si son cher médecin n'y figurait pas. Si elle ne trouvait pas le nom, elle le reconnaîtrait aisément avec les photos...

*Parfait. Je sais ce qui me reste à faire. Je contacterai Sinead pour tout ce qui concernera Oxford et Kira... Si je ne l'ai pas dans mes pattes je pourrai ensuite régler mon affaire personnelle avec ce médecin...et avec Ankou...*

Déterminée, la jeune femme s'engouffra au hasard des rues de la ville, cherchant des yeux le moindre hôtel bon marché.

Ainsi, elle voulait faire quelques petites choses de son côté. Sinead ne s'était pas trompée. Il s'était définitivement passé quelque chose cet après-midi, le comportement de Gabrielle n'avait que trop changé. C'était peut-être explicable par une inefficacité soudaine des médicaments, mais, en plus d'être assez incroyable, cette théorie ne rendait pas Gabrielle moins dangereuse maintenant.

*Bien, bien, bien... Merde !*

Sinead s'engagea dans son véhicule et démarra en pestant. Elle se demanda un moment si elle ne ferait pas bien de suivre Gabrielle, puis se dit qu'il serait particulièrement idiot d'essayer de jouer à ce jeu avec un agent du FBI entrainé pour éviter les filatures. Elle ouvrit la boite à gant de son antique véhicule, se saisit du pistolet tout aussi vieux qui s'y trouvait et le chargea fiévreusement avant de le glisser dans une des poches intérieures de son manteau. L'Irlandaise paraissait aux anges, un large sourire barrant sa face, toute sanité mentale disparue de son regard.

"Nom de dieu ! Je demande un chat sauvage, on me livre une fiotte, et en une journée voilà la fiotte devenue tigre !"

Manquant d'écraser un innocent passant en manoeuvrant pour sortir de sa place de parking, Sinead lança à sa victime atterrée quelques insultes avant de retrouver la sortie du parking. Direction maison. Si elle voulait survivre aux jours à venir, il lui faudrait se préparer. Et puis elle devait acheter du matériel pour la rencontre avec ce pauvre Shade...