Coup de fil important

C’était aujourd’hui, aujourd’hui qu’elle devait enfin donner sa réponse. Elle avait l’impression que cet appel allait lui changer la vie, elle avait vraiment envie de croire à ce miracle, envie de croire qu’elle allait enfin être heureuse, unique et traiter telle une princesse. Cet homme l’avait berné mais aveuglée par ce désir ,elle ne pu voir clair dans son jeu, ou alors que très peu. Désormais seul cet histoire de modèle la préoccupée, elle était désormais très distante vis-à-vis de ses parents, qui d’ailleurs étaient bien inquiets. Elle leur avait fait croire que pendant ses vacances scolaires, elle allait avec Mitsuko à Tokyo, chez ses grands parents. Sachant qu’elle savait que Mitsuko allait partir en vacances à Tokyo, elle en avait profité. D’ailleurs cette dernière l’avait bien énervé à se vanter des vacances superbes qu’elle allait passé.

Elle devait faire en sorte de ne pas avoir l’air trop attaché à ce projet, ni trop enthousiaste même si c’était bien le cas. Elle devait jouer la sécurité comme lui avait si souvent dit Sakura. Vers 14h30, lorsque ses parents n’étaient plus dans la maison, devant son téléphone, la carte à la main, elle était prête à téléphoner. Seulement fallait-il toucher le combiné. Elle tremblait. Cela lui paraissait anormal, elle ne voyait pas pourquoi elle réagissait comme ça. Il n’allait pas se passer grand-chose, ce n’était qu’un petit appel professionnel. Non…Pour elle c’était bien plus. Cinq minutes plus tard, elle prit son courage à deux mains puis téléphona au numéro indiqué sur la carte…Encore fallait-il que l'homme soit dans sa boutique, à cette heure il devait surement y être.

*Je ne vois pas pourquoi j'ai aussi peur, ce n'est pas normal.*

Comme chaque matin Shindara avait passé plusieurs heures à nettoyer et ranger la boutique. Il était particulièrement maniaque en ce qui concernait la propreté de ses poupées, et les traitait comme de précieux trésors. En revanche, on ne pouvait pas en dire autant de ce qui lui servait de vitrine et d'atelier. Bref, il passa la plupart de son temps à gribouiller quelques ébauches de nouveaux modèles dont une trentaine finirent à la poubelle faute d'inspiration. Il ne prit qu'une demi-heure pour manger dans un bar à sushi proche de sa boutique et revint à 13h00 précise.

Jusqu'alors: aucun client. Il y avait des journées comme ca. Mais ca ne l'inquiétait pas, bien au contraire. Il pouvait ainsi se consacrer entièrement à la fabrication de nouvelles poupées, ce qui avait pour don de calmer ses pulsions meurtrières. Sans elles, il aurait sans doute été le meurtrier brute et gore d'autrefois. Aujourd'hui il était un artiste ! Un missionnaire du Diable, ou peut-être même de Dieu, envoyé sur Terre pour montrer aux hommes la beauté dans son absolue ! Un ange...oui peut-être était-il une sorte d'Ange de la Mort. Comment appelait-on cela...un Shinigami ? Ces étranges êtres issus des légendes de son pays... Ah, oui, peut-être en était-il un. Ou peut-être pas.

Dong, dong... 14h00. Le bruit métallique et puissant de la pendule fit longtemps écho dans la vieille boutique aux allures victoriennes. Une jeune fille entra, elle contempla un moment les poupées, s'émerveilla sur leur air incroyablement humain, en choisit une pour sa fille - une blonde aux yeux bleux vêtue de rouge qui ressemblait étrangement à l'une des pauvres jeunes femmes retrouvées mortes dans des lieux publics - posa l'argent sur le comptoir puis disparut avec un léger sourire. Et c'était tout ? Quelle monotonie... Les vivants étaient décidément plus mornes et plus ennuyeux encore que les morts.

Shindara soupira et s'appuya un instant sur le comptoir. Il manquait cruellement d'inspiration. Quelle poisse ! Dans ces moments-là, il ne pouvait s'empêcher de broyer du noir. Il lui fallait quelque chose qui sorte de l'ordinaire, et vite. S'il venait à ressentir la moindre frustration quant son travail, il risquerait de faire ce que tous les mauvais artistes font: assouvir leurs pulsions sans rechercher le beau...en d'autres termes, tuer quelqu'un pour le plaisir du meurtre et nom pour le plaisir de créer un nouveau chef-d'oeuvre...

*Que Lucifer me maudisse si je commettais un tel acte impie...il me faut une fille. Une fille ? Et cette lycéenne ? Mmm...est-ce donc ça qui me truble ? Elle devait être LA victime. Oui. C'est pour cela que je n'arrive pas à me cncentrer. C'est elle la prochaine. Il ne saurait y en avoir d'autre... Mmm...diable, quel ennui ! Dois-je donc souffrir le martyr lorsque je suis éloigné de ma précieuse victime, de mon futur objet d'art ? Si elle n'appelle bientôt, je vais peut-être etre obligé de la faire venir d'une autre manière...ha, idiot ! Ca ne se fait pas de forcer une femme à accepter une invitation...suis-je donc si las que j'en perds mes esprits ? Quelle fadeur...cette journée est décidément bien amère...*

Mélancolique, le jeune psychopathe resta plus minutes à observer les passants qui marchaient devant sa boutique. Il essayait de se rappeler à quoi ressemblait cette jeune fille à qui il avait proposé un travail de modèle. Bien que son visage s'était effacé avec le temps, le charme de cette fille l'avait marqué. Il savait qu'elle était faite pour le rôle qu'il voulait lui donner. C'était ainsi. Tant que cette pulsion artistique et meurtrière ne serait pas assouvie il ne pourrait ressentir que turment et frustration.

*Pfff...vais-je donc devoir retourner à Osaka ?*

A peine s'était-il mis à réfléchir à ce qu'il aurait du faire que le téléphone se mit à sonner. Le jeune homme haussa les surcils, surpris d'entendre ce tintement affreusement moderne dans sa petite boutique traditionnelle du xixème siècle.

*Etrange...je n'ai pourtant aucune commande, et aucun client n'a...*

Soudain, alors que le téléphone sonnait pour la troisième fois, un sourire satisfait illumina son visage. Tout à coup, il avait retrouvé toute sa vitalité et ses yeux brillaient d'une lueur folle. Sa main décrocha le téléphone, il laissa planer quelques secondes de silence, puis dit d'une voix calme qui ne trahissait aucune émotion:

"Kintaro Shindara à l'appareil. A qui ai-je l'honneur ?"

Shindara attendit plusieurs secondes avant que son interlocuteur ne révèle son identité. Durant ces longues secondes son sourire s'était fait plus prononcé. Hésitait-elle, ou avait-elle déjà pris sa décision ? Elle ne pouvait pas refuser... Shindara n'aurait pas accepté un refus. Non pas qu'il puisse éprouver la moindre colère ou rancune, car il n'était rien de plus qu'une coquille vide animée parfois de pulsions meurtrières, et parfois d'une volupté extrême, mais la plupart du temps il ne ressentait rien, seulement un profond ennui.

Lorsqu'elle lui révéla son nom, Shindara se sentit empli d'une certaine joie. Anahi Onigawa. Anahi-san...Anahi... Joli prénom, se disait-il. Le prénom parfait pour une poupée ? Ha, que diable était-il en train de faire ? S'il ne pouvait contenir sa folie, sa voix pourrait effrayer la frêle jeune fille. Allons, un peu de tact ! Cela ne lui ressemblait pas...

"Ha, Anahi-san ! Oui, je me souviens parfaitement de vous !Vous avez réfléchi à ma proposition alors ?" Demanda-t-il sur un ton à la fois enjoué et sympathique.

Ne lui laissant pas réellement le temps de répondre, il poursuivit aussitôt:

"Je vous rappelle que je prendrai tous vos frais en charge, nous n'aurons qu'à voir cela ensemble si vous décidez d'accepter. J'ai trouvé quelques hôtels bon marché non loin de la boutique, vous n'aurez qu'à choisir si vous êtes d'accord. Ensuite, en ce qui est du travail, je vous paierai en liquide après chaque séance. Je vous rappelle que le travail de modèle est assez éprouvant. Je vais probablement devoir vous transformer en une sorte de poupée humaine et vous allez devoir rester assise pendant plusieurs heures. Toutefois vous pouvez toujours apporter de la musique, cela ne me dérange pas pour travailler. Enfin, je parle, je parle, mais je suppose que vous avez déjà réfléchi à tout cela. Quelles mauvaises manières de ma part ! Alors, Anahi-san, quelle est votre décision ?"

Alors qu'il avait dit cela de la manière la plus sympathique qui soit, sa main avait glissée dans la poche intérieure de sa veste, sortant un objet métallique qui scintilla un instant à la lueur du soleil qui perçait à peine la vitre de la boutique. Shindara joua un instant avec, puis ses yeux se posèrent sur la lame, une lueur de folie brillant dans son regard.

*Alors, Anahi-chan...acceptes-tu de jouer avec moi ?*

Un sourire inquiétant illumina soudainement le visage de Shindara. "J'accepte", avait-elle dit. N'était-ce pas merveilleux ? Shindara joua un instant avec le scalpel qu'il tenait entre les doigts, avant de faire glisser le métal froid et tranchant contre sa peau, déchirrant très légèrement la chair de son poignet. Quelques gouttes de sang perlèrent, mais il n'afficha aucun signe de douleur, regardant la perle de sang s'écouler lentement sur sa main, laissant un fin sillon rouge derrière sa lente course.

"Je suis vraiment heureux que vous acceptiez ! Laissez-moi vous expliquer alors ce que j'attend de vous." Finit-il par dire sur le même ton amical.

Il lécha le sang qui coulait de son poignet avant de ranger son scalpel. Il aimait faire cela lorsqu'il était heureux. Ou du moins lorsqu'il pensait l'être, car il n'avait jamais réellement ressentit de véritable joie jusqu'alors, juste des pulsions exaltantes qui le poussaient à tuer. Le goût du sang était quelque chose qu'il affectionnait particulièrement. C'était quelque chose qui l'animait d'une certaine extasie parfois, ou qui lui redonnait "goût à la vie"...

"Voilà comment les choses se passeront. Nous allons fixer un premier rendez-vous pour que vous preniez connaissance du trajet jusqu'à la boutique et jusqu'à votre hôtel. Notre première séance sera sans doute un peu éprouvante, puisque vous allez devoir vous habituer à être légèrement transformée physiquement. Nous verrons ensembles quels habits et quel genre de maquillage vous irait le mieux. Cela risque de prendre du temps... Bref, les séances suivantes seront de simples séances de modèle. Je commencerai sans doute par faire plusieurs croquis, prendre quelques mesures et bâtir pendant plusieurs jours ou semaines le premier prototype.

Si tout se passe bien, quelques semaines suffiront, semaines durant lesquelles j'assurerai tous vos frais de transport et d'hôtellerie. Quand le prototype sera fini vous aurez droit à une longue période de congé suite à laquelle je vous appellerai soit pour vous demander quelques séances de plus soit pour vous annoncer que votre travail est terminé et vous apporter comme promis la première poupée à votre image."

Il marqua une courte pause, puis ajouta:

"Nous verrons les autres formalités à la boutique. Il nous faut prendre rendez-vous. Souhaitez-vous venir un jour en particulier ? La première séance étant la plus longue et la plus importance, je pense qu'il faudrait que vous passiez au moins...mmm...quatre ou cinq heures, le temps de trouver ce qui vous ira le mieux, je pense. Qu'en dites-vous ?"

Son ton comme ses paroles étaient purement professionnelles, mais si Anahi avait pu voir la folie imprégnée dans son regard et le sourire malsain qui étirait ses lèvres, elle aurait de suite compris dans quel piège sordide elle se laissait entraîner. Cela était un jeu. Un jeu dont l'issue était presque toujours fatale. Si Anahi était faites pour ce "rôle", il ne la laisserait s'échapper pour rien au monde. C'était son nouveau jouet, sa nouvelle poupée. Et il était malheureusement très possessif avec ses "oeuvres d'art", comme tout artiste... Elle lui appartiendrait, vivante ou morte. Et personne ne s'opposerait sans regret à son funeste projet...

*Quelle douce sensation...j'ai l'impression de renaître peu à peu...je me demande comment sera cette jeune lycéenne. Naïve ? Méfiante ? Est-ce qu'elle finira par suspecter quelque chose, ou est-ce qu'elle me laissera s'imiscer aisément dans sa vie ? Combien de temps pourrons-nous jouer...? Une oeuvre n'est belle que si elle est travaillée...*

Les détails du projet étaient assez intéressants, qu’on la transforme ne la dérangeait pas après tout plus tard elle pouvait s’en inspirait pour changer de style. Seulement qu’entendait-il par transformation physique…Allait-il en venir la « tripoter » ? Surement pour raison professionnelle, il devait prendre des mesures pour les vêtements, il fallait bien passer par là. C’était tout de même inquiétant et ambiguë. A ce moment là, elle devait faire preuve d’une prudence extrême, quelques en soit les raisons elle ne pouvait tolérer qu’on la touche trop. Désormais l’envie d’être prudente vint l’envahir. Elle n’était pas si crédule et stressée en fin de compte, c’était juste au début qu’elle en avait l’illusion, quoi que son désir de mettre à bien ce projet lui tenait vraiment à cœur.

*Que j’ai hâte d’y être…*

En ce qui concerne le premier rendez-vous, il fallait faire en sorte qu’il se déroule lors des vacances scolaires qui commençaient dans deux jours. C’était le moment fait pour. Ainsi elle ne perdrait pas trop de cours par la suite. Anahi n’avait rien de prévu durant cette période, généralement elle ne partait qu’en été car sa famille paternel vivait en Europe, et sa famille du côté de sa mère était en conflit avec eux depuis un an maintenant. Bref le jour qui tombait le mieux était dès le premier jour des vacances pour ne pas perdre de temps, elle irait dormir chez sa sœur pour que ses parents croient à l’histoire des vacances avec Mitsuko.

Lorsque le jeune femme entendit parlait des cinq heures environ, elle fut étonnée. Toutes ces heures qu’elle allait devoir passer assise, son mp3 à l’oreille à regarder avec lassitude la pièce. Bien évidemment se changer et se maquiller allait gaspiller quelques temps mais cela n’était rien par rapport au tout. A moins qu’elle amène de la lecture. Elle devait lire un livre pour la rentrée, d’ailleurs elle allait avoir un contrôle dessus. Elle pouvait en profiter pour le lire et ainsi s’avancer. Oui c’était déjà une idée…

« Ce que j’en dis…Hey bien…C’est long, mais ça me parait correct. Si cela ne vous dérange pas j’amènerais de la lecture. Quant au premier rendez-vous, que pensez vous d’après-demain ? C’est le premier jour de mes vacances scolaires, je pourrais en profiter. L’heure m’importe peu, du moment que ce ne soit pas trop tôt ni trop tard… »

Shindara était aux anges. Après-demain ? C'était parfait. Il allait devoir trouver quelques robes suceptibles de lui aller, et toute la panoplie de la parfaite petite poupée. Tout devait ressembler à l'idée que se faisait une adolescente du métier de modèle. Il fallait qu'il gagne sa confiance, voire même sa sympathie. Etre un parfait gentleman pendant quelques jours, aimable, discret, ... Il fallait rester distant au début, paraître professionnel, feindre le désintérêt, rester calme, poli, la traiter comme une jeune fille de son âge, ne surtout pas lui faire peur, ne surtout pas lui parler de lui... Bien. Il savait comment s'y prendre. Il n'y avait aucune raison pour qu'elle se doute de quelque chose, n'est-ce pas ?

"Ha...je suis navré, la première séance risque en effet de paraître un peu longue, mais c'est que je suis assez perfectionniste, et il nous faudra sans doute pas mal de temps avant de vous transformer en parfaite petite poupée. Ne vous inquiétez pas, les autres séances seront plus courtes, et je vous laisserai choisir les horaires. Après-demain, dites-vous ? Mmm...oui je pense que c'est une bonne idée. Vous avez l'adresse de la boutique, n'est-ce pas ? A partir de la gare de Tokyo elle n'est qu'à vingt minutes à pieds.

Que diriez-vous de venir ici vers 14 heures ? Au plus tard vous repartiriez vers 19 heures, cela dépend du temps que nous mettrons pour les premières formalités. Bien évidemment je vous paierai en conséquence, je vous rembourserai les frais de transport et nous pourrons réserver votre hôtel selon la durée de votre séjour ici. Est-ce que cela vous convient ?"

Shindara joua un instant avec une de ses mèches de cheveux. Il s'amusait. Le ton professionnel avec lequel il lui parlait l'amusait. Il souriait, se remémorant cette jeune fille qui l'avait comparée à ses poupées. Au fond il n'était pas différent...le masque qu'il arborait était différent pour chaque personne...si bien qu'au fond il ignorait lui-même qu'elle était sa vraie personnalité. Tout ce qu'il savait c'est qu'il n'était lui-même que lorsqu'il réalisait ses projets délirants de meurtres. C'était ça qui le rendait unique. C'était ça qui le rendait vivant. Et il comptait bien faire prendre conscience aux humains qu'ils étaient tous dans l'erreur, et que leur nature ne pouvait s'épanouir que dans le crime...

*Deux jours nous sépare d'un nouveau projet. Le début d'une nouvelle oeuvre...le commencement d'une nouvelle partie d'échecs. Combien de temps me tiendras-tu tête, Anahi-chan ? Combien de temps...avant le jour fatal... Un peu de résistance ne rendrait que l'oeuvre plus belle. J'espère que tu n'as pas la naïveté de ton âge, nous pourrions ainsi nous amuser...*

Le projet était assez organisé, malgré le fait qu’il était quelque peu imprévu. C’est d’ailleurs ça qui l’inquiétait. Même si Kintaro pouvait très bien avoir le sens de l’organisation, cela laissait tout de même perplexe. Quant aux horaires, ils étaient tout à fait convenables, ce n’était ni tardif ni trop gênant, c’était parfait. Ce serait à partir de ce jour-ci qu’elle devrait tripler sa prudence et faire attention à tout gestes ou réflexions contradictoires à ses précédents propos. Ce qui était également avantageux était le fait que la gare ne se situe pas loin de la boutique, ainsi cela lui éviterait de gaspiller de l’argent avec un taxi. Tokyo était tout de même une ville qu’elle ne connaissait pas, elle allait devoir se trouver une carte des environs de la boutique sur Internet pour s’aider et surement devoir demander son chemin plus d’une fois vu son sens de l’orientation peu développé. Mais cela ne devrait pas poser trop de problème vu l’heure du rendez-vous. Il devrait y avoir beaucoup de monde et il allait surement y avoir quelqu’un dans la foule qui pouvait la renseigner. Ainsi elle devrait prévoir d’arriver à Tokyo un peu en avance et trouver un train qui conviendrait à ses convoitises.

*Comment je vais payer ? Je suis fauchée…*

Le problème de l’argent revenait. Bien évidemment elle allait être remboursé mais il lui fallait tout de même de l’argent. Elle ne pouvait pas demander à ses parents vu qu’ils n’étaient pas vraiment au courant, il ne restait plus que Sakura. Celle-ci, vu son emploi bien payé, pouvait très bien lui en prêtait. Connaissant sa sœur, elle allait s’exécuter volontiers. Il lui fallait donc rendre une petite visite improvisée chez elle, sans que ses parents ne puissent se douter de quoi que ce soit. Ça devrait ne pas créer d’ennuis, elle savait jouer la comédie. Ainsi toutes les difficultés possibles étaient effacées d’office, elle n’en voyait pas d’autres. La question était réglée.

« Oui cela me convient très bien . »

Elle n’arrêta pas la conversation car l’homme pouvait très avoir des propositions de dernière minute. Il fallait prévoir.

Shindara semblait de plus en plus ravi. Elle acceptait. Ses mots résonnèrent un instant dans son esprit. Il laissa planer plusieurs secondes de silence avant de répondre tout simplement:

"Très bien, alors nous nous verrons après-demain. Je vous souhaite une bonne journée Anahi-san, merci d'avoir accepté mon offre. Aurevoir."

Il attendit qu'elle réponde par les habituelles formalités "merci, aurevoir" et autres mots de ce genre avant de racrocher lentement le téléphone, un sentiment de toute-puissance l'envahissant subitement. Il s'affala un instant sur sa chaise, levant les yeux au ciel, le regard rêveur, un sourire inquiétant incrusté dans ses lèvres. Quelques minutes de douce rêverie passèrent avant qu'il ne se redresse et décroche le téléphone à nouveau. Il composa rapidement un numéro et attenditt patiemment.

"Allo ?"

"Kain ?"

"Ha, c'est vous, Monsieur K..."

"En effet, vous reste-t-il de ce merveilleux poison appelé curare ?"

"Mmm... je pourrai vous en avoir...disons d'ici un mois. Ca vous convient ?"

"Combien ?"

"50 000 yens."

"Très bien. Je vous enverrai quelqu'un."

"Et je ferai de même, soyez sans crainte. N'oubliez pas de le descendre."

"Se ne sont pas des choses qu'on oublie de faire, Kain. Bien, c'est toujours un plaisir de faire affaire avec toi."

"De même. Aurevoir."

Clic. Biiip, biiip...

*Décidemment pas très aimable...mais efficace. Bien. D'ici un mois j'aurai de quoi tuer ma future victime, quelle qu'elle soit... Un mois...suffisant pour faire une poupée. Suffisant pour gagner la confiance d'Anahi...Bien, très bien...commençons notre petit jeu, jolie poupée de chair !*

De bonne humeur, Shindara retourna "travailler". Il passa plusieurs heures à ranger l'atelier et le sous-sol caché, et sélectionna plusieurs dizaines de robes susceptibles d'aller à sa nouvelle petite princesse. Il fallait que tout soit parfait...qu'il n'y ait aucune erreur... Après-demain serait un jour très important pour lui. Un jour décisif. Elle ne devait pas lui échapper.