Une tête aux longues mèches brunes était cachée sous des draps blancs. Encore une dure journée, même si elle était en week-end ! Le Dimanche matin, cela était vraiment dur de se lever pour une jeune fille. Elle avait donné congé à ses employés qui lui avaient laissé le maximum pour être à l'aise. Donc pas de soucis à se faire de ce côté là.
Qu'allait-elle faire de son jour de repos ?! La veille, elle s'était avancée dans son mémoire à rendre à la fin de ses années estudiantines, là aussi aucune inquiétude. Elle savait que dans les civilisations policées, la jeunesse sortait entre elle. Or, Erzebeth s'en gardait bien, et préférait passer ses journées de repos à faire bronzette dans son grand jardin. En ayant mis hors d'état de nuire, les éventuels gêneurs et pervers.... Chose bien évidente cependant. Une fois alors qu'elle s'ennuyait à marcher dans les ruelles, elle avait fait le décompte de ses voisins. Charmants pour certains, affreux pour d'autres.... Et l'un d'entre eux avait un sens de l'humour très "personnel"...
Mais le seul qui mérite un intérêt propre, c'est le Sieur Shepard... Aussi trognon qu'il puisse l'être, d'ailleurs il réussissait à peupler les rêves de la Belle endormie. Belle endormie, qui n'arrivait décidément pas à se lever, tant la pression dominicale lui était dure. Se tournant dans tout les sens, que pouvait lui octroyer son corps félin, elle ne voulait pas se lever... Et dire que ce petit rouquin pullulait dans son Esprit. Grognement inhumain de la part de la Bathory qui lui aurait fichu un poing en pleine figure....Mais elle n'aurait point voulu l'abîmer tant il était mignon. Ca y'est la voilà qui recommençait avec ses sottises de gamine prépubère ! Gamine qu'elle n'était plus bien évidemment, mais ses pensées et gestes traduisaient le contraire....exact...
Une main fine s'échappa des draps pour tenter de regarder l'heure du réveil. Il était déjà 11 heures ?! Non, c'était impossible. Ce que ne savait pas la Belle, c'était que son réveil n'avait plus aucune source d'énergie et qu'il était resté bloqué. En réalité et pour plus de précisions : il était donc 6 heures à la véritable horloge de la cuisine.
L'heure était donc de se lever, mais étant très tôt le matin, la Miss n'était pas réveillée et c'est avec une immense gamelle digne des plus grands cascadeurs, qu'elle se rétama de tout long sur le parquet.... Dur mais certainement efficace. Rude mais au moins, elle était pleinement réveillée, avec une douleur au coin du nez. Se le massant farouchement, elle accusait le Shepard, qui n'avait évidemment rien fait le pauvre et qui était à dix milles lieues de le savoir d'ailleurs. Mais évidemment, elle ne se remettait point en cause, c'était elle qui n'était pas douée.... Depuis quelques temps, elle était dans un autre monde la pauvre, et elle tentait de s'en acclimater. Mais et voilà ! C'était encore la faute de Matthew Shepard ! D'un bond, elle se remit sur ses pieds, ouvrit la fenêtre en un temps record, empoigna avec fermeté son oreiller et le balança par la dite-fenêtre !
- SHEPARD ! Qu'est-ce que tu peux m'énerver à être aussi....CRAQUANT ! BORDEL !
Encore en train de pousser des jurons bien salés à l'adresse d'un Britannique qui devait dormir du sommeil du Juste. Claquement de fenêtre vitré avec grand fracas. Décoiffée par le vent qui s'était insinué durant l'instant de sa gueulante passagère, elle avait une mine de furie. Furie qui avait les nerfs contre ce splendide rouquin. Et c'était reparti dans cette Colère de bon matin. Et ouais c'est ça quand on a pas changé les piles d'un réveil poussiéreux, c'était que 6 heures et des poussières désormais... Pas coiffée et encore moins maquillée et habillée, elle faisait les quatre cents pas dans sa chambre. Que faire ? Elle ne se rendormirait sûrement pas, du moins elle n'y arriverait plus. Mais son oreiller lui manquait. Elle aurait préféré le lui jeter à la figure. Horrifiée, elle n'avait même pas regardé où il était tombé. Et si....et si par malheur il était tombé dans le Jardin de l'individu ? Horreur, ô sainte horreur ! D'un bon elle alla vérifier son forfait. En effet la victime en question, avait attéei dans le Jardin de son charmant voisin. D'ailleurs la demoiselle se mit à pousser un cri d'orfraie quand elle se rendit compte de sa bêtise. Pas grave, il doit être endormi, elle aurait donc tout le temps d'aller le chercher. Il doit faire la grasse matinée, et au réveil il devait être trop craquant....trop craquant. Mine de blasée qu'elle arborait, mais elle possédait tout de même le rouge aux joues, forte caractéristique de la jeune fille amoureuse. Enfin, elle devait se ressaisir c'était primordial à ce stade avancé. Et Matt' et encore Matt' ! Tout le temps ce patronyme lui résonnait dans les oreilles et l'encéphale. D'ici peu, elle allait vraiment la péter sa durite. Et sur le Matthew Shepard en question. Mais il était.....Pas le temps de pousser plus loin ses pensées, qu'elle se ruait déjà sous une douche glacée pour se réveiller. Et sous la douche elle pensait à qui la jeune demoiselle ? Bah encore à ce rouquin de malheur. Et dire qu'elle n'aime pas les roux, et surtout pas ce foutu Shepard. Elle veut se le nier mais non ! Perdu, elle fait que d'y penser. D'ailleurs le savon venait d'en pâtir, le pauvre avait été broyé....à défaut de la tête du tourmenteur de la jeune Erzebeth Leenaly Bathory. Elle avait opté cette fois-ci pour l'eau chaude qui la revigorait pleinement et c'est ainsi qu'elle se retrouva à chatonner sous un shampooing fort mousseux. Et cela faisait bien longtemps qu'elle n'avait pas chanté avec un sourire au coin des lèvres. Et c'était donc cela l'effet que produisait une surexposition aux rayons Shepardiens, on en ressortait toute chamboulée. Peu à peu, elle arrêtait de se faire mousser gaillardement, pour éteindre l'eau et auparavant se rincer. S'enveloppant son corps fin dans une serviette, elle enroula ses longs cheveux dans une autre afin de les faire sécher. Et là elle allait apprendre le drame.....
Elle avait donc mis une autre nuisette noire lui arrivant au dessus des genoux et étant ouverte encore des deux côtés. Pieds nus, elle descendait les grands escaliers. Encore tout souriante, décidément les Dimanches ça lui réussit pas à la petiote, toute vêtue de noir, jusque dans sa nuisette
Les petits pas avaient atteint la cuisine salvatrice. Mais quelque chose disait à l'Héritière Bathory que quelque chose clochait. Elle était encore endormie, or à 11 heures cela ne devrait plus être le cas. Levant la tête vers l'horloge accrochée au mur, elle vit la véritable heure : à peine 7 heures.
Moment de pure introspection avant de pousser sa gueulante matinale et presque sempiternelle :
- SHEPARD ! Tu me laisseras donc jamais tranquille ?!!!!!
Ouvrant le frigo avec fracas elle en ressortit un yaourt nature qu'elle posa violemment sur la table, farfouillant les placards, elle put retrouver du pain d'épices. Chose sucrée dont elle raffolle, trempée dans du yaourt. Que du bonheur. Mais elle devait faire du café ultra noir pour se réveiller. Ce qu'elle fit sans attendre. L'eau chauffait, et Erzebeth commençait à manger sereinement sans se préoccuper du reste. Au bout de quelques minutes, elle savait que son café adoré, tout droit sorti du Brésil venait d'être prêt. Mais là encore, pas douée le matin, elle venait de se renverser ce liquide bouillant sur la main.
Se rinçant les mains sous le robinet d'eau froide, elle se mit à pester encore. C'était vraiment un sale Dimanche, une sale journée qu'on a pas beaucoup l'habitude de vivre. Enfin, elle s'essuya au torchon sans un mot et se servit le café encore bouillant dans son mug adoré. Assise à sa table de cuisine, elle était encore en train de cogiter. Bon, ils avaient été proches depuis l'incident de Karen, ce qui n'avait pas déplu du tout à Erzebeth....ouais, elle lance des coussins dans le jardin de son bien-aimé pour l'attirer. Ca lui faisait penser au stupide documentaire animalier qu'elle avait vu hier soir. Comment les femelles peuvent être aussi crétines pour s'attirer les faveurs de certains mâles ? Elle avait beau soupirer, c'était le cas de la Bathory.
Elle ôta la longue serviette de ses longues mèches et les laissa sécher encore un peu à l'air libre en les bougeant quelque peu pour leur donner du volume. Elle avait donc tout mis dans l'évier. Elle fera la vaisselle à midi. Et faire quoi maintenant ? Se détendre de cette foutue journée.
Le poste était à portée de ses fines mimines, les compacts discs aussi ! C'est donc un au hasard qu'elle prit et qu'elle inséra dans le lecteur. Sautant sur son canapé, elle avait tout mis ceci à fond, pour se défouler. Une musique bourrine on va dire, qui était plus du bruit qu'une mélodie quelconque. Au bout d'une demi-heure, elle se laissa choir hilare dans le canapé. Après avoir évidemment dépensé le peu de calories qu'elle avait ingurgité lors de son petit-déj' frugal.
L'oreiller ? Mince elle l'avait oublié le bougre. Fallait pas qu'il se réveille ! Du moins pas maintenant.... Elle allait sortir discrètement sans un bruit, mais vu le rafût qui était là auparavant, on aurait pu s'en douter du quota de discrétion de la Rose noire. Pas grave, elle était prête pour aller récupérer l'objet de discorde. Elle allait sortir comme ceci, habillée simplement d'une nuisette de satin noir dont une des bretelles n'en faisait qu'à sa vilaine tête. Mais un courant d'air poussa la porte vers son pied. Le matin pas de réflexe ! Ce qui devait arriver, arriva.... La porte venait de cogner durement le pied. Jurons excédés de la jeune Gothique, dehors à quelques centimètres de la sortie de chez elle. Tête baissée, elle se massait le pied pour tenter d'atténuer la douleur....
- Purée mais c'est pas vrai ! SHEPARD TOUT EST DE TA FAUTE !
Ven 27 Avr - 13:46