Premières victimes,

[ Les faits se déroulent après qu'Ashley ait noté dans son Death Note le nom de 15 individus dont son patron. ]



La berline noire allemande fonçait à toute vitesse vers les extérieurs de Londres, le Bureau se trouvait en rase campagne loin de bruit et des gens, ce qui permettait à ses employés de travailler dans de meilleures conditions. De toute façon, il n’y aurait jamais eu assez de place pour tous les équipements de Département, que ce soit au niveau logistique comme informatique. Et il faut dire qu’avec le prix de l’immobilier à Londres, il était bien plus rentable se s’éloigner de la métropole et d’avoir quelque chose d’imposant et de peu cher.

Pourtant, le premier mot ne serait pas imposant, bien au contraire. A première vue, le Département ressemble à une grange importante, en excellente état, bénéficiant de champs et de cultures entretenues par de vrais agriculteurs. Le gouvernement ne désirant pas attirer l’attention sur des bureaux au beau milieu de nul part, ils avaient préférés créer tout un immeuble souterrain, où pouvaient être enfermés des terroristes, des criminels, sans possibilité d’échappatoire à moins de franchir les trente étages les séparant du sol.
Tout y était présent, que ce soit hélicoptère, véhicules banalisés ou civils, armes, tout était là pour garantir la sécurité du territoire britannique. Car avec le terrorisme et le 11 septembre 2001, on avait appris à être prudent, et malheureusement, les anciens locaux s’étaient fais trop petits pour tant de travail. Ashley s’occupait du traitement des informations, en collectait un maximum et formait des dossiers complets, il suffisait d’un seul texto, d’un mail ou d’un appel suspect pour que toute une procédure soit mise en branle. C’est grâce à ça que pas moins de huit cent attaques avaient échouées sur les trois dernières années, et l’agent avait enquêté une sur bonne partie de celles-ci.

Vraiment, le ‘Death Note’ lui était apparu comme un don divin. Il pourrait résoudre les affaires bien plus rapidement, et toutes les personnes qui se rapprocheraient à ces enquêtes pourraient mourir, mais il savait qu’il faudrait qu’il se montre prudent, qu’il fasse attention à ne pas éveiller les soupçons. Il devrait attendre que les noms soient transmis à la police ou aux médias pour qu’il puisse agir. Une vingtaine de morts suspectes pourraient peut-être être un bon moyen préventif pour tous ceux désirant commettre des actes parfaitement illégaux et immoraux sur le territoire. Il suffisait simplement que leur nom soit inscrit pour qu’ils décèdent d’une crise cardiaque. D’ailleurs, Ashley n’arrivait toujours pas à croire que cela lui soit arrivé. Peut-être était-ce un coup monté et il allait directement se faire piéger une fois qu’il arriverait à la ‘Grange’.

La monotonie du trajet prit vite le dessus, et Ashley décida de mettre un peu de musique. Appuyant sur le tuner, il ne se rendit pas compte qu’une voiture dont les feux étaient éteints fonçait droit sur lui, lorsque le coup de klaxon retentit, il donna un violent coup de violent et vira sur le bas-côté, frôlant sur plusieurs mètres la barrière avant qu’il n’arrive à reprendre le contrôle de son véhicule. Il aurait été assez cocasse qu’il quitte la route et se plante dans le fossé, voire pis, alors qu’il venait de donner la mort à quinze personnes et qu’il s’apprêtait à jouer un rôle en faisant semblant de l’apprendre.

Il ne s’était toujours pas rendu compte que la chanson qui passait à la radio locale était ‘Bloody Sunday’ de U2, et s’empressa de couper la musique. De toute façon il était bientôt arrivé, le toit imposant de la grange se dressant au loin.
Il gara sa voiture au troisième sous-sol à l’endroit où se trouvait une plaque avec son nom dessus, et remarqua que Tom l’y attendait. Laissant les clés à l’intérieur, il s’empressa d’aller le rejoindre, son collègue de travail était visiblement très perturbé.

« Ashley, on est dans un sacré pétrin. T’as pas reçu mon texto ? Le boss est mort d’une crise cardiaque, et vingt minutes plus tard ce sont les quinze terroristes à Newcastle qui ont claqué, eux aussi d’un arrêt cardiaque ! »

Les deux agent marchaient côte à côte, Ashley crispa son visage et paru irrité par cette nouvelle. Il se souvint des cours d’interprétation au théâtre, mais malheureusement, il eut toujours du mal à jouer la comédie. Il lui faudrait dorénavant entrer dans la peau de deux personnages totalement différents. L’assassin et le fonctionnaire, une sorte de Docteur Jekyll et Mister Hyde.

« J’étais sous la douche, et encore, tu as eu de la chance que je sois rentré plus tôt du parc. Les lampadaires n’étaient pas allumés, et j’ai dû rebrousser chemin après que je sois tombé dans le noir. Je me demande ce que tu as pu dire à ta sœur, elle semblait véritablement horrifiée. »

Appuyant sur le bouton de l’ascenseur, celui-ci fila dans les sous-sols, alors que Tom était en pleine réflexion. Se pinçant les lèvres avec son pouce et son majeur droit, il regardait ses chaussures, les yeux grands ouverts.

« Je ne comprends pas ! Comment sont-ils morts ? Leurs plans ne semblaient pas vraiment finis, nous venions tout juste de nous intéresser à eux. Même s’ils avaient été mis sous surveillance, comment se fait-il que le patron soir mort. Ashley, on risque d’avoir besoin de toi pour résoudre cette affaire. »

Tom avait tourné les yeux vers son ami, qui droit comme un ‘i’ regardait la porte en acier, attendant qu’elle ne s’ouvre. L’aide qu’il comptait apporter les mènerait très loin de la vérité, il finirait bien par trouver le parfait bouc-émissaire de toute façon.
Lorsque la cage de l’ascenseur s’arrêta enfin au 29ième étage, tous les deux en sortir en direction de leurs bureaux. Passant devant les box, Ashley remarque que tous étaient jonchés de dossiers, de photos ou de documents épars qui débordaient de tous les côtés. Franchissant un palier, il fila droit en direction de son propre bureau, et s’arrêtant devant une porte, presque au fond du couloir, il regarda le nom écrit en lettres d’or sur un panneau de bois, comme pour s’assurer que c’était bien son nom qui était dessus. L’ouvrant à la volée, il posa son porte-documents sur un fauteuil, mis son imper et sa veste dans la petite penderie qu’il avait fait installer avant de rejoindre son bureau à proprement parler, qui était tout simplement désert.
Il avait un don pour le rangement, et avait la sainte horreur de laisser tout un ‘foutoir’ s’installer sur son lieu de travail.

La première chose qu’il fit, fut de mettre le Death Note en lieu sûr. Il l’avait jusqu’à présent laissé dans la poche intérieure de son imper, mais trop soucieux de se voir découvert, il préféra le cacher entre deux dossiers. Qui viendrait fouiller dans des armoires où étaient entreposées des archives viennent de plusieurs années ? Le bureau d’Ashley était chargé de toutes ses enquêtes, lui qui voulait garder une trace de son travail depuis son arrivée au bureau. Lorsqu’il porta une dernière fois les yeux sur la rangée de caisses en carton, il soupira longuement à l’idée de mettre quelque chose qui n’était pas à sa place. Mais c’était le seul moyen de se protéger contre tous ces rapaces qui ne tarderaient pas à le suspecter d’avoir tué leur patron. D’ailleurs, ils devaient sûrement l’attendre dans la salle de réunion. Arriver en retard ne serait pas une bonne idée, surtout qu’on devait choisir le directeur intérimaire, jusqu’à ce que le département en désigne un.

C’était une des rares fois où il n’avait vu personne à son poste. Il longea les box, laissant traîner un index qui glissait sur les caches des bureaux, puis arriva enfin devant la salle de réunion. A travers la porte en verre fumé il arrivait à distinguer de nombreuses silhouettes. Respirant profondément avant d’ouvrir la porte, il en profita pour vérifier que son costume lui tombait comme il fallait.

Lorsqu’il tourna la poignée et se présenta dans l’encablure de la porte, une trentaine de paires d’yeux se posèrent lourdement sur lui. L’efficacité rend les gens jaloux, ils tentent de vous faire peur par du chantage au début, puis lorsqu’ils voient que cela ne marche pas, il vous font une mauvaise publicité auprès de vos supérieurs, malheureusement, ceux-ci sont habitués à ce genre de réaction et tentent de vous manipuler en vous prenant sous leur aile. C’est à partir de ce moment que l’on vous dénigre vraiment, qu’on en arrive même à vous haïr.

Il n’y avait là que de sombres idiots. S’ils savaient ! Si seulement ils osaient imaginer la puissance dont disposait Ashley. Il les connaissait tous. Il savait tout d’eux ou presque, il ne lui suffisait que de son ordinateur et toute la cellule n’avait plus aucun secret pour lui. Il remplirait alors la Death Note et ceux-ci mourraient de crise cardiaque dans les quarante secondes. S’il avait le temps ou l’envie, il pourrait aussi y ajouter quelques détails afin de varier son plaisir de donner la mort en trouvant des situations locaces ou désagréables, pour qu’il puisse profiter au maximum de sa vengeance. Le temps viendrait où les agents commenceraient à disparaître, mais ce n’était pas encore le moment.

Avançant calmement, sans porter son regard sur quiconque, il avança jusqu’au pupitre où se trouvait le patron ce matin-même. On allait procéder au vote, et Ashley savait bien que la majeure partie des gens présents pensaient qu’il souhaiterait à tout prix prendre la direction du bureau, mais ses plans étaient tout autre. Conrad, s’il y avait un vote serait choisi par défaut, et perdre de cette façon, Ashley ne l’envisageait même pas. Après que ce dernier ne l’invite à prendre place à sa droite, il le salua le plus froidement possible.

« Bien, bien, je vois que tout le monde est là… Nous allons pouvoir commencer. Comme vous le savez tous, notre directeur, Mister John Sullivan est décédé d’une crise cardiaque il y a 1h30 soit à 18h45. 10 et 20 minutes plus tard, Delta 1 et Delta 2 nous rapportés que les 15 suspects qui nous surveillions sont morts, eux aussi d’une crise cardiaque. Je crois que personne n’y vois là une simple coïncidence, c’est pourquoi il va nous falloir un niveau directeur pour mener les opérations. Vous allez devoir choisir entre mister Ashley Craft et moi-même celui sous qui vous voudrez être dirigé, bien entendu pour une période provisoire ne pouvant excéder 10 jours. »

Conrad Linderman était un homme ambitieux, bien plus qu’Ashley, mais il était dans le métier depuis plus longtemps et avait rangé tout le monde de son côté. Il était petit, gras, et représentait l’exemple le plus parfait du fonctionnaire passant son temps à grignoter, en négligeant son hygiène et en se prélassant au travail. Ash’ était rebuté par cet homme aux cheveux gras, qui sentait le tabac et la transpiration froide. Il faisait honte à la cellule, et tôt ou tard le département le remplacerait et qui sait, peut-être arriverait-il à prendre sa place sans devoir utiliser le Death Note.

« Conrad, je ne pense pas qu’il soit nécessaire en arriver jusqu’au vote. Je n’ai jamais émis le souhait de prendre la place d’un de mes supérieurs. Je n’aspire d’ailleurs pas à ça. Donc je suis navré pour ceux qui souhaitaient me voir prendre la relève mais ceci n’aura pas lieu. »

Tout le monde tomba des nues. Jamais il ne leur était venu à l’esprit qu’Ashley puisse refuser le poste, même Tom semblait surpris de voir son ami réagir de la sorte.

« Nous avons une enquête à mener, et j’ai bien peur que d’autres vies soient menacées. »

Une expression stupéfaite parue sur tous les visages, même sur celui rondouillard de Conrad qui tentait pourtant de garder son calme.

« Oui, oui, au travail. »

Ashley sorti, escorté de Tom et d’Alexander qu’il n’avait pas encore vu. Tous les trois se dirigèrent vers leurs bureaux qui se trouvaient côte à côte. Visiblement, aucun d’en eux n’avait envie de revenir sur la nomination de lèche-bottes de service. Lorsqu’Ashley s’arrêta devant sa porte, il fit signe aux deux agents de filer travailler. Il avait fort à faire à présent.

Hi'fuen, au moment où Ashley arrivait au Département de la sûreté nationale, jouait aux osselets. Tout simplement. De toutes façons en tant que Shinigami, il lui était difficile de faire autre chose. A ce moment précis c'était son adversaire qui gagnait, et il faut dire que posséder quelques siècles d'existence supplémentaires permettait d'acquérir une dextérité à certain jeux assez phénoménale. A ce moment précis, Hi'fuen réussit un jet presque parfait qui lui permit d'égaliser au score. L'instant d'après il sentit que quelqu'un avait utilisé sa Death Note et y croyait. Car l'important en tant que Shinigami c'était que le porteur commence à croire à son pouvoir, s'il ne croyait pas il s'en débarrasserait bien vite et un autre porteur pourrait en profiter. Ainsi, Hi'fuen laissa son partenaire assis sur le sol désertique du monde des morts et s'en alla vers le portail qui reliait les morts aux humains... S'approchant du grand tourbillon lumineux il se remémora une dernière fois les règles essentielles de la Death Note et s'avança lentement sur l'étroit pont de pierre qui s'avançait dans le portail. Il fit un pas qui amena la moitié de son corps dans l'étrange lumière puis un deuxième qui l'amena dans le ciel terrestre, flottant au dessus de la vieille Angleterre qui d'ailleurs pour un Shinigami était parfaitement récente.

Il se laissa ainsi tourbillonner au dessus de l'immensité de toits qu'était Londres et déploya ses grandes ailes au tout dernier moment... Toujours cette recherche du frisson, de la nouveauté, des sensations. Il avait aimé ce monde dès qu'il l'avait vu, c'était un parfait chaos de morts, de trahisons et de luttes souterraines. Mais l'hypocrisie dominait tout cela... Et un Shinigami a été, est, et sera friand de sentiments "mauvais". C'est ainsi qu'observant à travers ses yeux orangés la population il pouvait voir leurs noms : Jack Barrow, John Mortimer, Victoria Hasley et bien entendu leur espérance de vie qui était bien trop longue selon lui, il ne pourrait récupérer sa Death Note avant un moment et il n'avait pas du tout envie de mourir... Au fur et à mesure de ses découvertes et acrobaties aériennes, Hi'fuen se rapprochait de l'endroit où était SA Death Note. Il approcha d'un grand bâtiment, une immense grange qui semblait peu lumineuse... Encore un endroit privé de cette lumière qui manquait cruellement au désert qu'était le monde des Shinigamis. Hi'fuen s'avança dans le hall de la grange, puisque c'est comme ça que les humains l'appellent, passa devant des gens qui ne pouvaient le voir, traversa des secrétaires et des vigiles et cela l'amusa terriblement. De même il monta dans un ascenseur bondé et plutôt que de rester dedans, il trouva beaucoup plus intéressant de voler dans la cage d'ascenseur et de traverser des humains au regard vide et terne, qui semblaient tout absorbés à quelque chose que lui même ne pouvait voir. De même il tenta de dépâsser un ascenseur durant sa descente mais cela fut difficile. Enfin, il arriva à l'étage où se trouvait sa Death Note, enfin tout du moins son possesseur...

Il traversa le mur pour arriver dans une grande pièce remplie de livres, documents et dossiers en tout genre... Il vit aussi un bureau qui paraissait assez vide et un ordinateur. Bref, une station de travail tout à fait banale... Il entendit des voix derrière la porte et reconnut le possesseur de SA Death Note qui approchait... Il vit le bouton de porte tourner et sentit une émotion qu'il n'avait presque jamais ressentie auparavant : l'excitation ! Hi'fuen vit le battant de porte s'ouvrir et il se glissa derrière pour éviter qu'Ashley, c'était bien lui, n'ait une réaction étrange en le voyant apparaître ainsi au milieu de son bureau. Ce fut lorsque l'humain se retourna pour fermer sa porte qu'il le vit. Il prit immédiatement la parole :
"Personne ne peut m'entendre, sauf toi. Ne crie pas, ils ne peuvent me voir."
L'humain parut évidemment surpris mais se reprit vite. Il ferma la porte et s'assit à son bureau tout en reprenant son calme. Hi'fuen commença ainsi son discours d'introduction :
"Bien, je suis un Shinigami, un Dieu de la Mort et je suis le propriétaire de ta Death Note. Mon nom est Hi'fuen. Je pense que tu as pris connaissance des règles notées sur son mode d'emploi, je ne vais pas te les rappeler. Toutefois j'ai quelques précisions à te donner : tout d'abord, tu peux renoncer à ta Death Note à n'importe quel moment, je la reprendrai immédiatement et tu perdras tous tes souvenirs à partir du moment où tu en es entré an possession. Tu ne peux me tuer même si tu connais mon nom et mon visage. Tu ne peux tenter de tuer plus d'une personne en manipulant une seule à l'aide de la Death Note. En fait, si tu essayes n'importe quel cas qui est contraire aux règles, ta victime en réchappera. Si tu lui donne n'importe quel ordre qu'elle ne peut exécuter elle mourra de crise cardiaque. Je pense t'avoir révélé l'essentiel et c'ets bien suffisant pour le moment, il reste quelques points à énoncer mais rassure toi rien de bien important..."Hi'fuen, après cette longue tirade attendit la réponse de son humain tout en étudiant son visage...

Si Ashley s’attendait à voir le véritable propriétaire du ‘Death Note’ ici ! Lorsqu’il vit la forme assez effrayante, il masqua assez difficilement une expression de surprise, il tentait tant bien que mal de garder son sang-froid. L’Être qui se trouvait face à lui était vraiment laid et de plus, n’avait rien d’humain et ne semblait pas l’être. Ses premiers mots soulagèrent Ashley, qui craignait que quelqu’un entre et ne le voit en compagnie de cette chose, qu’il ne pouvait encore nommer.

« Je pensais bien vous rencontrer un jour. Du moins, j’attendais à voir quelqu’un de plus… humain ?! »

S’installant derrière son bureau, il prit un petit objet sphérique et enclencha le seul bouton dessus. Posant la boule sur un coin de son bureau, il se dirigea vers l’étagère où était caché le Death Note, sortit la boîte où il était rangé et l’en dénicha avec le plus grand soin. Il craignait qu’une caméra ait été installée, mais il avait réussi à créer et acheter bon nombre de gadgets utiles dans ce genre de situation. S’asseyant de nouveau derrière son fauteuil, il attendit que le ‘shinigami’ finisse son introduction. Portant à nouveau son regard sur la boule, il patienta jusqu’à ce que le silence se fasse.

Le simple fait de réentendre le ‘How to use it’ l’irritait. Il s’attendait à ce que le ‘shinigami’ soit plus bavard, qu’il lui dise clairement ce qu’il voulait et attendait d’Ashley.

« Désolé de ne pas avoir pu parler plus librement auparavant. Avec le triste décès de mon directeur, j’ai bien peur qu’on ait posé des micros et des caméras dans mon bureau. Je suis quelqu’un d’envié par bien du monde, et tout le monde croit que j’avais une raison de tuer mon patron. Mais c’est de l’histoire ancienne. »

L’agent ne semblait pas plus perturbé que ça par ce qu’il disait. C’était comme s’il n’y était pour rien, comme s’il était question d’un simple fait divers.

« Shinigami… J’en ai entendu parler il y a longtemps, je pensais que c’était un mythe… L’Ankou comme le dénomment les européens. Quoiqu’il en soit, je ne pense pas que ce soit une simple visite de courtoisie qui vous amène là, je vous écoute. »

Ashley porta son regard interrogateur dans ceux du monstre qui se trouvait face à lui. Il ne comprenait pas vraiment la venue de son dernier ici, alors qu’à l’extérieur tout le monde était en train de rechercher le meurtrier du directeur du bureau.





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[Désolé pour la taille du post, mais j'ai énormément de taff en ce moment...]

[Pas de problème, on fera vite ]

Hi'fuen reprit sa conversation, tout de même légèrement irrité d'avoir été rangé à côté des mythes ou d'être considéré comme imaginaire. Et puis cet humain paraissait bien fier...
"En réalité, je ne suis effectivement pas venu par pure courtoisie. Toutefois, je ne suis pas là pour te donner des consignes ou simplement te guider. En réalité, j'ai tout simplement suivi mon Death Note que je ne peux quitter très longtemps. Celle ci est dorénavant à toi jusqu'à ta mort, et tant que tu ne seras mort je ne pourrai la reprendre et me revenir dans le monde des Shinigamis. Par contre évidemment il faut que tu fasses des choses amusantes avec ce Death Note parce qu'évidemment si j'ai laissé mon Death Note dans le monde des humains ce n'était pas simplement pour te permettre de grimper en grade. J'aimerais aussi que tu m'offres de la nourriture terrestre, car paraît il celle du monde des humains est succulente par rapport à nos maigres pitances du monde des morts. A part ça je n'ai aucune consigne pour toi."

Le shinigami reporta son regard sur son interlocuteur qui paraissait plongé dans ses pensées, réfléchissant à ce que son nouveau compagnon disait... Hi'fuen fit rapidement le tour du bureau, passa sa tête à travers un mur et vit un collègue d'Ashley qui paraissait travailler à vive allure. Hi'fuen se souleva légèrement pour regarder à travers le plafond et vit cette fois une salle de réunion, plongée dans une obscurité totale, ce qui ne le gênait nullement. Il redescendit dans le bureau du porteur de son Death Note et lui demanda franchement :
"Quel usage souhaites tu faire de ce Death Note ? Tu pourrais devenir extrêmement puissant, respecté ou alors rester un simple employé de bureau et ne te servir de ce cahier uniquement pour avoir un peu d'avancement. Evidemment tu pourrais aussi t'en servir pour semer la panique, le chaos dans le monde ! Tout ce qui te semblait hors d'atteinte est maintenant abordable mais surtout, tout les vivants seront tes loyaux serviteurs jusqu'à la mort."

Le shinigami laissa un grand blanc après ce discours qu'il espérait être entièrement convaincant et très éloquent... Il regardait Ashley dans le yeux et lança d'un ton badin :
"Ah oui, au fait, celui qui utilise le Death Note ne pourra trouver le repos, ni au paradis ni en enfer... Il sera damné pour l'éternité... Donc si tu as peur de ce qui t'arrivera après ta mort n'hésite pas à me rendre ce cahier, j'irai le porter à quelqu'un de moins poltron !"

Le shinigami sourit à belles dents avant d'attendre le réponse de l'employé Craft...

Ashley n’ avait strictement rien dit, laissant le ‘shinigami’ partir dans sa logorrhée presque interminable. Cet être était bien étrange, de par son apparence et sa stupidité. Dire qu’il était considéré comme le ‘Dieu de la Mort’, une bien noble tâche pour un piètre personnage. Le fonctionnaire n’avait pas beaucoup de temps à lui consacrer, il avait une affaire à élucider, des têtes à faire tomber et un carnet à remplir avec le plus grand soin possible. Il n’aurait pas beaucoup de temps pour discutailler avec le ‘monstre’, alors autant faire bref.

« Si je comprends bien, tu n’as aucune autorité sur moi. Tu es juste là car le ‘Death Note’ est en ma possession, tu ne peux pas me tuer ni me le reprendre sans que je veuille m’en débarrasser. En somme, j’ai une quasi liberté sur mes actes. »

Une expression mauvaise passa sur le visage de l’agent, alors qu’il caressait la couverture du livre. Les deux mots inscrits montrait à quel point ce simple ouvrage était une arme redoutable. En fait, l’idée qu’un livre puisse être plus puissant que la Bombe-H ou toutes les autres armes de destruction massive ne viendrait jamais à l’idée d’un citoyen lambda.
Ashley devrait l’utiliser avec soin, avant qu’il ne puisse montrer le pouvoir dont il dispose, peu à peu, sans éveiller les soupçons. Il avait déjà causé quinze morts, toutes similaires, et voilà qu’une enquête avait été ouverte. Si seulement il avait pris le temps de détailler des morts différentes. Il aurait pu faire tuer les activistes de l’IRA dans l’explosion de leur QG, et même si le patron était mort d’une crise cardiaque, ceci aurait été plus acceptable pour le service.
Mais ce ‘shinigami’ risquait de devenir rapidement un boulet à traîner. Voilà qu’il voulait déjà manger quelque chose.

« Je sais ce que j’ai à faire avec ce Death Note. Maintenant, tu devras me supporter jusqu’à ce que je disparaisse, et tu ne seras que le simple spectateur du changement de ce monde. Car oui, il changera… tôt ou tard ! Je ne cherche pas à devenir un Dieu ou son équivalent, je veux simplement remplir la mission qui est mienne en ce monde. Si j’ai bien compris ce que tu es en train de me dire, maintenant que j’ai en ma possession un Death Note, car j’imagine bien que je n’aie pas le seul exemplaire, je ne pourrai pas aller au paradis ou en enfer. Intéressant, je ne pensais même pas que ça existait. Quoiqu’il en soit, j’espère que le Purgatoire n’est pas si horrible que ça. »

Si Ashley ne voulait pas de soucis avec son entourage, il devait se mettre le plus rapidement possible au travail. Il fit signe au Shinigami de le laisser tranquille, qu’il puisse se mettre enfin à trouver une solution à ce problème. Si ce dernier se montrait un peu trop collant, il suffirait de le faire marcher à la carotte et de lui offrir de la nourriture, avec parcimonie, pour que son chantage puisse avoir effet le plus longtemps possible.

* Je me demande comment je pourrais faire pour me libérer de sa présence. J’ai horreur d’être surveillé, et il risque de m’attirer plus d’ennuis qu’autre chose. Je verrai ça plus tard, il faut déjà que je trouve un bouc-émissaire et une cause viable pour le faire arrêter pour quinze homicides. *

Etrangement, il n’avait pas encore pensé à Conrad Linderman, son nouveau directeur, alors que ce dernier avait toutes les raisons de faire tuer les membres de l’IRA ainsi son ancien supérieur. D’ailleurs, il s’attendait à plus de résistance concernant l’obtention du poste de directeur par intérim, et le désengagement d’Ashley ferait vite de lui le suspect privilégié dans l’enquête.

Sortant son cellulaire, Ash’ coupa le brouilleur d’onde pour pouvoir passer un coup de fil. Pianotant sur les touches sans même les regarder, il tomba directement sur le répondeur de son correspondant.

« Je ne suis pas disponible pour le moment, veuillez me laisser un message avec un numéro de téléphone pour que je puisse vous rappeler, merci. »

Le fonctionnaire fut bref, il annonça à sa fiancée qu’il devrait rester tard pour travailler, car son patron était mort et qu’une enquête avait été ouverte pour trouver le potentiel meurtrier, car il ne pouvait pas en être autrement. Une fois qu’il eut raccroché, il resta assit dans son fauteuil de longues minutes, à réfléchir.

« Shinigami, j’ai besoin de savoir quelque chose. Peux-tu tuer si je te le demande ? Toi qui veux voir de l’action, il va te falloir agir. »

Hi'fuen fut surpris par le discours de son humain : il avait vite compris que le Shinigami n'était là que pour obéir et regarder. Mais bon, il pourrait toujours s'amuser beaucoup, d'autant plus que cet humain semblait avoir des projets de grandeur assez démesurés et cela plaisait bien entendu à un Shinigami car réformer un monde celait demandait des morts et les morts appellent les combats et bien entendu les combats apportent l'excitation. Mais quelque chose gênait le Shnigami : apparemment cet....Ashley avait la ferme intention de conserver le carnet jusqu'à son dernier souffle. Hi'fuen allait donc devoir trouver un autre Death Note pour rester en vie. Voilà un séjour qui commençait bien mal pour un Shinigami qui espérait tomber sur un être veule qui lui rendrait son Death Note au moment désiré, soit juste après s'être emparé d'un autre Death Note ou juste avant sa mort. Toutefois il rit intérieurement à la remarque du fonctionnaire :
*Le purgatoire. Quelle idée stupide ! Son esprit errera juste dans les ténèbres jusqu'à la fin des temps et cela me fera grand plaisir... Etre débarrassé d'un humain arrogant fera du bien à l'humanité même si ce n'est pas le but recherché.*

Il observa attentivement le fonctionnaire qui perdu dans ses pensées passait du Shinigami au Death Note et de l'un à l'autre. Hi'fuen tentait de décrypter les émotions et pensées qui agitaient le cerveau du fonctionnaire. Celui ci paraissait tout de même en admiration voire en contemplation envers son cahier. Quant à ses pensées envers le Shinigami, Hi'fuen aurait été bien en peine de les deviner car il n'était tout de même pas un brillant psychologue ni même un simple télépathe... Il écouta tout de même le coup de téléphone d'Ashley sans pouvoir en tirer d'informations : il prévenait juste sa fiancée et rien de cela n'était franchement une preuve de l'existence d'une faiblesse à exploiter. La question d'Ashley prit tout de même au dépourvu le Shinigami : que voulait-il de lui ? C'était le moment de ne pas faire de faux pas et de réfléchir promptement. Hi'fuen répondit :
"Eh bien tout d'abord, je n'ai plus de Death Note, je ne peux donc tuer des gens par crise cardiaque, les manipuler ou quoi que ce soit... Je peux par contre agir de façon physique : les soulever, les faire tomber ou leur lâcher des objets dessus. Par contre je pense qu'aucun Shinigami n'a jamais tué d'humain en utilisant des armes physiques et il y a certainement une raison à cela..."

*J'espère que cela le dissuadera de m'envoyer à l'action, il ne serait pas convenable de m'exposer d'autant plus qu'il serait possible que l'un de ceux qu'il veuille tuer ait aussi un Shinigami et là, ce serait un véritable cauchemar..*

"Ah oui, je ne sais plus si je te l'ai dis mais si quelqu'un touche ton Death Note ou un morceau de ton Death Note, il pourra me voir : tu peux ainsi révéler ma présence à de nombreuses personnes mais n'en abuse pas pour la simple raison que sinon tout le monde connaîtra le Death Note et plus personne n'en aura peur..."

Lorsque Hi’fuen annonça à Ashley qu’il pouvait agir de façon physique, ce dernier s’agita sur son fauteuil. Il lui était venu une idée des plus intéressantes. S’il voulait que Linderman paie à sa place la mort de tout ce beau monde, il fallait qu’il mette en jeu un petit stratagème.

* Si j’arrive à échapper à un accident qui n’aurait en aucun cas l’air d’un accident, Linderman serait soupçonné à coup sûr ! Si l’on arrête quelqu’un pour ces crimes, cet enfoiré va m’envoyer dans un autre service, il a trop besoin de moi maintenant pour m’envoyer nettoyer ses poubelles. *

Le fait que le ‘Shinigami’ pose la possibilité d’apparaître si un bout du Death Note était touché, rendit la tâche bien plus facile à Ashley. Appuyant à nouveau sur le brouilleur d’ondes, il se permit de faire un commentaire.

« Très bien ! Demain midi nous allons avoir un repas, c’est toujours le directeur qui s’arrange pour tout préparer à ce moment là, c’est une sorte de lunch de bienvenue. Je crois que si je te fais apparaître à 2 ou 3 personnes et qu’elles ont un malaise, Conrad va se sentir mal, d’autant plus, vu le climat qui nous entoure !
Bien évidemment, je serai moi aussi pris d’une crise. Ca m’ennuie d’en arriver là, mais je ne vois rien d’autre à faire pour le moment pour mettre sur la touche ce mec là ! »

Il n’était pas là question de peur ou de Death Note. Qui pourrait faire le rapprochement entre une hallucination de groupe due à un empoisonnement et le carnet ? Personne ! Bien sûr, il y aurait quelques éminences grises du gouvernement, mais rien de bien folichon. Il faudrait qu’Ashley trouver le moyen de toucher deux personnes avec un bout du Death Note sur lui, et le tour serait joué.

« J’espère que tu es bon comédien, je vais avoir besoin de tes services demain. »

Sans se donner la peine d’expliquer plus ses propos, le fonctionnaire ouvrit un tiroir de son bureau où il y rangea le brouilleur, cacha le Death Note dans son porte-documents, attrapa sa veste sur le porte-manteau et referma derrière lui bureau, prenant bien soin de ne rien oublier derrière lui. S’il voulait paraître tout à fait normal, il faudrait qu’il se mette enfin à réfléchir à cette affaire.

Passant dans le couloir à grandes enjambées, ils fila tout droit vers ‘L’œil’, ce centre d’information et de tri de toutes les données qui pouvaient circuler que ce soit sur le web, au téléphone, par courrier ou dans les médias. L’œil était aussi une oreille, qui prenait bien soin de classer des mots ou des noms préenregistrés dans une base de donnée, et les informations collectées pouvaient être ressorties si une enquête était ouverte, avec l’aval des dirigeants du bureau.

Ashley s’arrêta devant une porte métallique. Il prit une carte magnétique dans la poche intérieure de sa veste, la glissa dans la fente prévue à cet effet. Il plaça ensuite de concert sa main sur une petite vitre où étaient lues les empreintes, et la rétine de son œil pour l’identifier. Il reprit le badge et passa son chemin, sans faire attention à la porte qui se refermait derrière lui.

Sur l’un des plus grands écrans de la vaste salle, était projeté en boucle les images de la mort des suspects. Le film présenté était effrayant, assez pour le montrer au repas demain midi à tous ceux qui seraient présent. Bien évidemment, le nom de Conrad Linderman reviendrait, en soulignant qu’il était à la tête de l’investigation, et qu’il avait une haine plus que prononcée pour le chef du petit commando, mort presque en même temps que le Patron du Bureau.
Le but escompté, était que lorsque le faux empoisonnement ait lieu, tout le monde puisse suspecter Conrad et que celui-ci soit mis sur la touche. Bien évidemment, ceux s’opposant à lui finiraient pas mourir, ce qui constituerait Conrad comme leur meurtrier.

Ashley s’installa à l’un des petits bureaux, et tapa sur le clavier devant lui les mots ‘crise cardiaque’ avec une durée de 6 mois. Il se restreint à la Grande-Bretagne dans l’espoir de trouver quelque chose d’intéressant. Devant la masse conséquente d’informations présentes, quelques 1'760'817 dossiers à recouper, épurer et étudier, l’agent se tourna vers le Shinigami et dit à mi-voix, comme pour lui-même :

« Est-il possible que ce ne soit pas le seul exemplaire ici ? Je veux dire, peut-il y en avoir d’autre ? »

Sans même attendre une réponse, ce qui aurait été trop suspect s’il y avait des caméras, il fila droit vers ‘l’œil’, placé dans un coin reculé de l’immense salle. En fait, on l’appelait comme ça car les 75 écrans qui le composaient formaient une sphère, laissant juste un passage en guise de porte. Là des milliers de voix et des centaines d’images passaient chaque seconde. Il suffisait qu’Ashley désigné un écran ou ordonne une recherche pour qu’on réponde à sa requête.

« Lewis Mac’Corwick. »

Sans attendre, le visage de l’Irlandais apparu sur tous les écrans, avec les information dont Scotland Yard, Interpole et le Bureau disposaient. Il fallait qu’il puisse remonter assez loin dans la filière de l’enquête pour avoir en beauté son nouveau supérieur.

« Sélection : Mort par Crise Cardiaque. »

Ashley vit le corps inerte dudit Lewis, sur une table métallique, alors qu’on était en train de débuter l’autopsie. Le Docteur présent était assez bien connu d’Ashley, il travaillait au département et ce dernier venait souvent demander des nouvelles sur les enquêtes, en particulier en cas de morts suspectes. Sa conclusion était déjà connue : la mort par crise cardiaque.
Mais le fait que ceci se soit reproduit 15 fois en moins d’une heure, forçait à aller gratter plus loin. Rien ne fut trouvé dans les résidus stomacaux, les analyses sanguines, urinaires ne montrèrent rien, pas d’empoisonnement ! Une mort saine par crise cardiaque !
A la fin de la vidéo, le professeur qui était en gros plan se permit la conclusion :

« C’est tout à faire irrationnel ! »

Et pourtant, ça ne l’était pas vraiment. De nombreux composés chimiques, indétectables, pouvaient tuer par crise cardiaque en très peu de temps quelque soit la dose attribuée. Le KGB avait utilisé cette arme redoutable sur quelques prisonniers des goulags, mais avait finalement renoncé, en raison du manque de discrétion de la mort, les composés utilisés revenant vite à dire que tout venait d’eux car à l’époque ils n’arrivaient pas à utiliser d’éléments introuvables dans les analyses sanguines et urinaires. En pleine guerre froide, voir la mort du Président américain ou une quelconque autre personnalité risquait de faire sortir de leurs silos des missiles nucléaires.

« John Sullivan. Sélection : Mort par Crise Cardiaque. »

L’autopsie avait eu lieu juste avant celle de Lewis, car on voyait son corps sur la table d’à côté, encore intacte de toute trace de scalpel. La conclusion était la mort par crise cardiaque, mais à ce moment là, rien ne pouvait le forcer à considérer ces deux morts comme étant liées.

Ressortant de ‘l’œil’ Ashley quitta la salle, sans vraiment savoir où il allait et ce qu’il allait faire. Pourquoi pas rendre visite à ce très cher docteur qui pourrait l’aider un peu ?

Eh bien cet humain était loin d'être inintéressant. Apparemment il avait de l'ambition et n'hésiterait pas à se servir de son précieux carnet. Hi'fuen toutefois se sentait un peu comme un pion dans le jeu d'Ashley, un pion qui n'aurait ni libre-arbitre ni même de liberté. Mais rester esclave ça ne tenait qu'au Shinigami et ce Shinigami sentait qu'il allait être temps de s'amuser.

*Ainsi il compte m'utiliser pour faire croire à une hallucination collective ! Ca pourrait être amusant, d'autant plus que certains humains me jugent réellement effrayant... Peut être qu'en rajoutant deux ou trois effets sonores du type rugissements ou hurlements je pourrais leur ficher une crise cardiaque dûe à la terreur...*

Tout occupé à ses pensées le Shinigami ne vit pas tout de suite qu'Ashley sortait de son bureau. Il traversa donc la porte et le suivit en flottant dans les couloirs, parfois en passant sa tête à travers l'un ou l'autre plancher pour observer cet endroit tellement étrange qu'était la "grange" de High Wycombe. Hi'fuen ne comprenait à quoi à quoi servaient toutes ces portes et surtout pourquoi fallait il passer un morceau de plastique à coté de chaque porte ou presque. Il suivit le fonctionnaire Craft dans la pièce de "l'oeil" et fut très impressionné par ces petites lumières qui clignotaient : les humains avaient un don pour faire des choses lumineuses ou bruyantes et en cela, ils étaient délicieusement intéressants, surtout pour des Shinigamis qui vivent dans un monde silence et de quasi obscurité mais Hi'fuen était tout de même particulièrement sensible à ces technologies, lui pour qui cette villégiature sur Terre était la première. Certains vieux Shinigamis étaient parfaitement blasés des humains et passaient toutes leurs journées sans exception à jouer aux osselets.

Lorsque Ashley lui posa la question, Hi'fuen répondit :
"Oui, il peut y en avoir en autre. Mais généralement il n'y a guère plus de trois Death Note en circulation au même moment sur Terre, et le plus souvent il n'y en a même qu'une. Mais évidemment les porteurs de Death Note ne se rencontrent pas souvent. Toutefois cela pourrait te donner accès à la puissance car un même humain peut conserver plusieurs Death Note."Mais Hi'fuen se garda bien de mentionner le fait qu'un Death Note sans propriétaire se promenait dans le monde des humains et qu'un certain nombre de Shinigamis avaient probablement eux aussi lancé leurs Death Note pour tenter d'augmenter leur pouvoir...

Au fond de lui même, Hi'fuen espérait que le fonctionnaire Craft découvrirait le deuxième porteur de Death Note qui devait exister sur cette Terre et que Craft mourrait pendant l'affrontement, voire les deux. Ainsi le Shinigami pourrait récupérer une Death Note à coup sûr et se débrouiller pour qu'un humain chétif prenne l'autre et la lui remette. Il aurait ainsi augmenté son nombre de Death Note possédés et de plus se serait affranchi des problèmes de limite de temps de séjour dans le monde des humains.

Le Shinigami se tourna vers ce que "son" humain regardait sur ces écrans. En entendant les requêtes d'Ashley il comprit rapidement que le fonctionnaire cherchait à savoir ce que l'on avait découvert sur ces meutres. Mais les humains étaient arrogants : la mort par le Death Note ne laissait aucune trace à part si l'on en donnait l'instruction dans les circonstances de la mort. Mais apparemment personne n'avait de preuves de quelque facture contre quelqu'un et cela sembla inspirer le fonctionnaire Craft qui prit un ar résolu et marcha vers la porte. Le Shinigami aimait ce regard : c'était celui d'un homme prêt à tuer, celui d'un homme déterminé qui saurait certainement se rendre amusant...

[Au fait cet oeil me fait penser au Destin dans V pour Vendetta Est-ce inspiré ? Où et ce moi qui fais une fixation sur cette BD/ ce film]

Ashley était sans aucun doute quelqu’un de très particulier. Il détestait voir les choses aller dans un autre sens que celui qu’il voulait leur donner et cette affaire filait un mauvais coton. Dans les couloirs, d’habitude vides à cette heure, se trouvait une foule d’employés anormalement excités. Conrad avait mis tout le monde sur le pied de guerre en levant le niveau d’alerte à son summum, voulant ainsi ne courir aucun risque et désirant se faire bien voir de ses supérieurs. Bien évidemment, il n’était nullement question pour ce dernier de se laisser marcher sur les pieds par Ashley, il ce dernier devait craindre de se voir être mis sur le ban d’ici peu.

S’arrêtant devant le bureau de son collègue Tom, le nouveau Kira attendit quelques instants avant de frapper et de rentrer, comme la mort chez quelqu’un en passe de rejoindre l’autre côté de la rive. Ce dernier était affairé sur un dossier compris dans l’enquête de la mort suspecte, visiblement en train d’étudier tous les poisons qui auraient pu causer une telle mort, et comme il aurait pu être administrée. Ashley savait, lui. Si seulement il pouvait en parler… Malheureusement, il faudrait que Tom meure par la suite.

« Ashley, tu tombes très mal, je suis en train de me prendre la tête avec des noms incompréhensibles de médicaments et de poisons… Thallium, Polonium radioactif, Thossilate, Acide Asticortoïque II, MRIA-73. Je me demande ce qui est pire entre les poisons américains et ceux de l’ex-URSS pendant la guerre froide. Il n’était pas bon avoir un haut poste à cette époque. »

Mais Ashley écoutait vaguement, très vaguement, ce que lui disait son ami. En fait, il cherchait à amener la conversation sur les choses qu’il attendait réellement, concernant l’enquête en elle-même. Voir qu’on était en train de chercher les moyens employés pour commettre ces meurtres était une excellente chose, le temps gâché permettait à l’agent d’en récupérer un peu plus par rapport aux autres pour réfléchir et se sortir de cette galère.

Bientôt, ce serait le cas, lorsqu’au cours du repas certaines personnes seraient prises de folie. Ashley savait déjà comment, mais il lui faudrait juste réussir à mettre ce moyen en œuvre. Hi’fuen lui avait dit qu’une seule partie du Death Note suffisait à le faire voir aux yeux de tous, et bien un petit bout glissé entre deux doigts pendant qu’il serrerait une main ou donnerait une tape amicale sur une épaule seraient un bon moyen anodin pour ainsi mettre son patron dans une mauvaise posture.

« Tom, Tom… Je ne suis pas là pour discuter de l’enquête. Je voulais savoir à quelle heure aurait lieu le repas demain. Comme je risque très fortement d’y être présent, je voudrais pouvoir me préparer et être prêt. Il est déjà…4h00 du matin, et il faudrait que je dorme un peu pour me sentir en forme. »

Le jeune homme quitta du regard son écran d’ordinateur, et les yeux bouffis, avant de répondre.

« Tu joues à quoi Ash’ ! Tu n’as pas voulu de ce poste et maintenant tu veux faire copain-copain avec tous les directeurs et autres cadres du département et du ministère ? Décidemment, ça fait quelques temps que je ne te suis plus… Elizabeth non plus d’ailleurs. Je sais pas ce qui vous arrive mais faites attention, je garde un œil ! »

* Sombre idiot, en gardant un œil un peu trop près de mes affaires tu risques de voir ton nom marquer sur mon Death Note. Et si tu es toujours en vie, c’est uniquement car tu m’es utile. *

« Bon tant pis, je verrai plus tard. Bon courage! »

S’en allant vers son propre bureau, Ashley évita de réfléchir un peu trop vite à tout ce qui se bousculait dans sa tête. Ce ne fut qu’une fois qu’il se posa sur le canapé qui était placé dans un coin de la pièce, qu’il se permit une réflexion plus poussée de ce qu’il se passait. Au bout de vingt minutes il émergea, et chercha du regard son Shinigami.

Ainsi donc, d’autres Death Note étaient sous doute sur Terre ! Si le secret venait à s’ébruiter, il ne ferait aucun doute que la traque deviendrait plus importante et que les risques encourus seraient plus importants. Mais il avait une arme de poids, c’était son travail. Il pouvait d’ici planifier tout ce qu’il voulait, faire des recherches sur n’importe qui en Grande-Bretagne et même dans les autres pays où les accords de partenariat policier étaient passés. Bien évidemment, cette couverture avait lieu sur les pays les plus importants. L’Union Européenne bien évidemment avec Europol, les Etats-Unis avec la CIA, la Chine communiste qui divulguait par à-coup des informations intéressantes, quelques pays d’Afrique, le Japon aussi, et pour finir, la Russie et son ancien KGB qui avait vu perdre bon nombre d’officiers, venus se réfugier dans d’autres pays.

Se relevant d’un bond, il ouvrit le tiroir de son bureau et activa le brouilleur avant de se remettre le plus confortablement possible sur la banquette de son canapé.

« Hi’Fuen. Si d’autres personnes ont en possession un Death Note, leur Shinigami doit les suivre. Mais peux-tu les localiser, savoir plus ou moins où ils sont ? Si tel était le cas, ça pourrait m’être d’une grande aide. Le plus important serait bien évidemment de savoir si quelqu’un pourrait en détenir un ici, en Angleterre, mais aussi en Europe, où j’aurai de plus grands moyens d’action pour pouvoir les récupèrer. Il se pourrait aussi que je t’en donne un, qui sait. »

Fatigué, il attendit la réponse du Shinigami avant que le sommeil ne l’emporte, jusqu’au petit matin.


[Nan, nan... J'ai juste pensé à Near qui écoute pas mal de chaînes étrangères et puis voilà... J'ai eu l'idée. Enfin, en y réfléchissant après je crois que c'est ça, mais sur le coup ça l'était peut-être pas. Bref, nan c'est pas du V comme Vendetta.]

Hi'fuen suivit le fonctionnaire dans les couloirs bondés de gens en proie à une vive agitation. Ces gens étaient apparemment ici pour enquêter sur les meurtres perpétrés par Ashley et ils n'étaiaent pas près de s'approcher de la solution... Le Shinigami les entendait discuter de cette affaire bien mystérieuse. Il se rendit soudain compte que son humain ne lvait pas attendu et que celui-ci disparraissait déjà au coin du couloir. Il voleta rapidement et rattrapa Ashley qui s'engouffrait dans une porte et s'approchait d'un autre humain.

Le Shinigami entendit leur conversation et trouva ces noms de poisons foudroyants particulièrement agréables à entendre. Hi'fuen se dit que décidemment, les humains étaient une race inventive, pas seulement au niveau de l'art, de l'industrie ou de quelque autre activité mais au niveau de l'art de donner la mort. Il avait nottamment assisté aux guerres mondiales et avait perçu celles ci comme une merveilleuse expression de la créativité humaine : les tanks, les canons, les baïonnettes étaient tout un déploiement de pinceaux, de palettes et de fusains destinés à peindre un superbe tableau mortel.

Lorsque le Shinigami entendit la rebuffade infligée par Tom à ce possesseur de Death Note, il ne put s'empécher de sourire : cet humain vaniteux et arrogant avait été corrigé par un de ses semblables et cela lui faisait plaisir. mais en réalité, ce qui dérangeait Hi'fuen c'était que Ashley avait compris comment tirer parti de son Death Note et de son Shinigami, et pour un Shinigami qui se sent supérieur aux humains, cela est plutôt déroutant... Hi'fuen suivit Ashley sur le chemin du retour, repassant ainsi devant quelques personnes toujours aussi suractives. Il rentra à nouveau dans le bureau et fit mine de s'aseoir dans le vide, face au fonctionnaire.

Seulement, un Shinigami ce n'est pas forcément très patient surtout dans un leiu comme celui-ci... Hi'fuen passa donc quelques dix minutes à flotter à travers les parquets et observer les caractères humains. Mais de même que sa précédente activité, observer était lassant tandis qu'agir ça c'était vraiment quelque chose d'intéressant. Le shinigami redescendit donc dans le bureau d'Ashley et s'appuya contre le mur tout en se regardant les griffes. La question qui ne tarda pas à suivre ne surprit pas tellement le Shinigami qui savait bien que cet homme avide de pouvoir le lui demanderait. en effet quoi de mieux pour découvrir un Shinigami que d'en employer un autre ? Mais quelque part Hi'fuen se sentait obligé de ne pas dénoncer ses "collègues". C'ets pour cela qu'il répondit, dans une honnêtteté teintée de semi-mensonge :
"Et bien non, je ne peux pas les localiser à distance quelque soit leur localisation. Je ne peux pas non plus "sentir" les Death Note autres que le mien et je ne peux pas plus repérer à distance leurs porteurs. Par contre je peux distinguer un Shinigami s'il est très proche de moi, disons un mètre ou deux, car les Shinigamis, lors de leur séjour sur Terre sont partiellement masqués par les humains. Par contre quoiqu'il arrive je ne peux détecter un porteur de Death Note où qu'il soit et de même pour lui, sauf si bien sûr il a touché ton Death Note."

Hi'fuen regarda le fonctionnaire endormi et se demanda s'il avait bien entendu son discours. Il patienta ainsi jusqu'au petit matin où il se dit qu'il devrait peut être parler à Ashley du marché des yeux du Shinigami. Mais dans tous les cas la situation ne semblait pas le nécessiter et puis bon, un peu de retard, qu'est-ce que ça pouvait bien lui faire ?

Les paroles du Shinigami avaient flotté dans l’air un instant, sans vraiment qu’Ashley en prenne conscience. La fatigue était tombée si vite qu’il n’avait pu prévoir qu’il ne saisirait tout ce qu’on lui disait. Il avait cependant compris l’essentiel, le possesseur d’un Death Note pouvait en contrôler un autre, bien qu’il ne puisse partir en chasse du carnet en ayant l’aide de son Shinigami. Il devrait donc se fier à son instinct et utiliser ‘l’œil’ à bon escient.

Il avait toutefois une longueur d’avance sur tous les autres, ayant un nombre presque illimité de moyens mis à sa disposition. Bien évidemment, cette quête deviendrait équivalente à celle du Saint Graal, à la seule différence qu’il ne pourrait se fier à personne pour mettre la main sur le précieux objet. Il n’offrait même pas sa confiance à son Shinigami, qui paraissait peu enclin à lui répondre en toute sincérité. De toute façon, au vue des récents événements, pourquoi prendrait-il pour un fait acquis les propos de quelque chose donnant la mort à bras le corps, qui avait laissé tomber dans un autre monde un carnet lui appartenant et ne cherchant pas une distraction là-dedans ? Car lui-même semblait être emballé par ce qu’il se passait, et devait sans doute attendre que quelque chose d’atypique se produise pour pouvoir y trouver de l’amusement.

Le lendemain matin, alors qu’Ashley était en train de reboutonner une chemise propre prise dans une armoire de son bureau, celui-ci regarda Hi’fuen faire le pitre dans la glace et lâcha d’une façon des plus anodines, une question qui le tourmentait depuis sa première rencontre avec le Dieu des Morts :

« Comment se fait-il que le Death Note soit tombé dans mon monde, et comment se fait-il que je fus celui qui en ait la propriété le premier ? Je ne pense pas avoir été choisi, mais le fait est que beaucoup de choses sont troublantes dans cette affaire et tu t’es bien gardé de m’en faire part. »

Dans l’idée de faire marcher le Shinigami à la carotte, Ashley prit d’une coupe en fruit une poire bien juteuse qu’il déposa devant Hi’fuen pour que celui-ci lui réponde. C’était comme s’il était en train d’interroger un suspect dans l’attente d’aveux pour une grosse affaire. Il espérait que le jeu en devienne facile, car il avait remarqué que son nouveau compagnon semblait un peu frêle dans ses réponses et s’arrangeait toujours pour embellir son histoire.

Il apporta un grand intérêt à la réponse, qui devait bien sûr lui permettre de comprendre là où le Shinigami voulait en venir mais s’abstint de tout commentaire, faisant comme s’il n’avait rien entendu. De toute façon, il avait fort à faire malgré l’heure avancée. Quittant le bureau où il s’était assoupi sans un bruit, il longea le couloir aux mêmes lumières blafardes que quelques heures auparavant, en regardant les agents exténués par une nuit blanche alors que lui se trouvait frais et dispo pour cette nouvelle journée.

En interrogeant de façon tout à fait anodine quelques employés du bureau, il comprit rapidement qu’aucune piste potable n’avait été trouvée, et que peut-être ces morts étaient dues à un poison, faisant sans doute référence aux recherches de Tom durant la nuit. Mais Ashley se gardait bien de leur dire que ce qui causait tout ce mal était bien moins nocif qu’une arme radioactive. Cependant, il devait jouer son rôle à fond, ne devant exclure aucune piste et devant faire en sorte que l’enquête piétine assez pour qu’il ait le temps de se rattraper. Le Death Note devait être employé en cas d’extrême nécessité et non à n’importe quel moment. Tôt ou tard viendrait le moment où les choses changeraient, mais ce temps n’était pas encore arrivé.

Dans le QG central qui servait généralement de salle de réunion pour tout le monde, Ashley prit la parole, une fois que son supérieur direct, en l’occurrence Conrad, le lui autorise. Il avait exposé ses idées à ce dernier, et il avait été forcé de les approuver, mais se voyait mal les déclarer en tous en disant que c’était Ashley qui lui avait mâché le travail.

« Bonjour à toutes et à tous, vous avez fait jusqu’alors un travail formidable, et vos recherches en sont en rien une perte de temps. Je suis persuadé que cette affaire sera bientôt élucidée, et que John trouvera enfin le repos.
Voici les grandes directives pour les jours à venir.
Il faut deux équipes de trois personnes qui se chargent de la vidéosurveillance des principaux accès au lieu du crime numéro 2. Qu’on revérifie dans tous les lieux de déplacement de John Sullivan ce qu’il a touché, bu ou mangé et que les autres n’ont pas fait, vous utiliserez les contaminamètres qui seront mis à votre disposition, vous porterez aussi des équipements de protection, sait-on jamais.

Il faut une autre équipe de trois personnes qui s’occupe de la vérification via nos satellites une éventuelle contamination chimique si possible à une échelle plus importante, couvrant la région de Londres sur 75 kilomètres aux alentours de la City. Je cherche donc des éléments présents en grande quantité pouvant être utilisés à nouveau, il doit bien avoir des résidus autour de cet entrepôt ou dans un lieu de stockage.

Si cette piste n’est pas la bonne, il faut rechercher avec nos contacts de l’ancien KGB, et d’Interpol un maximum de renseignements sur les poisons capables de causer une mort dans ces conditions. Elles ont été véritablement ciblées, et nous devons donc palier à toute nouvelle tentative d’agression. »

Ashley, derrière son pupitre dégageait une aura qui manquait inévitablement à Conrad Linderman dans son rôle de directeur. Appuyé sur le lutrin, il faisait de grands gestes de la main droite en direction des équipes, exposant ainsi ses idées et montrant à la fois un signe de sécurité et de protection, et à la fois cette envie d’agir, et d’agir vite. Car il avait bien compris que plus il enverrait les gens dans une mauvaise direction en y mettant tous les moyens possibles, et plus les chances d’être découvert seraient minces.

Regardant l’assemblée dans son ensemble, il termina toujours de la même façon autoritaire et directrice :

« Il est de notre devoir de protéger les citoyens britanniques, et tant que nous n’aurons pas compris le pourquoi du comment, nous ne devrons pas lâcher prise car il en va de la sécurité de tous, vos familles y compris ! »

L’effet attendu se fit sentir sur l’instant, car tout le monde commença à s’agiter dans son coin en attendant de pouvoir se mettre au travail. Tout le monde savait ce qu’il avait à faire, et les équipes qui devraient être formées seraient rapidement constituées. Il ne fallait pas perdre un seul instant, car la vie de plusieurs dizaines de millions d’anglais était mise en jeu.

L’agitation avait rapidement envahi la salle, ce qui offrit à Ashley l’occasion de sortir sans trop de dérangement. Filant vers les ascenseurs, il prit le premier qui s’ouvrit et fila en direction de la morgue de l’agence. Cette dernière était capable d’accueillir une centaine de corps, et comptait pas moins de dix légistes en cas de crises majeures. Il était déjà arrivé que des épidémies aient été rapidement endiguées grâce entre autre chose au travail formidable des légistes qui avaient autopsié les corps et qui avaient donné matière à travailler à l’agence pour pouvoir éradiquer toute menace sur le sol britannique.


Arrivé dans les sous-sols du bâtiment, Ashley sentit un froid mordant s’engouffrer dans la cage d’ascenseur qui venait à peine d’ouvrir ses portes. La lumière tamisée, la fraîcheur et l’odeur si particulière de ce lieu le rendait pénible pour les visiteurs, si bien que généralement personne venait y mettre les pieds, il était préférable de laisser un post-it ou appeler directement le service concerné plutôt que de descendre ici et de devoir endurer les conditions assez difficiles de l’endroit.
Pourtant, Ashley ne semblait nullement gêné par ces facteurs qui auraient rebuté plus d'une personne. Il avait une mission précise et il se devait de l’accomplir au mieux. Il ne prêtait même plus attention à Hi’fuen qui devait sans doute faire l’histrion derrière lui.

Après dix grosses minutes de marches dans les couloirs totalement vides, il s’arrêta devant une grande porte à battant ou il était inscrit en gros caractères : AUTOPSY – 105 – RO. Ne prenant pas la peine de frapper, il poussa l’un des battant de la porte et se faufila à l’intérieur. Une dizaine de corps recousus avec soins étaient disposés sur des tables de métal, et l’odeur de sang mêlé à celui de la naphtaline rendait l’air presque irrespirable. Cherchant du regard un légiste, Ashley reconnut le vieux médecin qui avait transmis son rapport dans les étages supérieurs. Sa même voix était en train de dicter son rapport suite à l’examen sur les autres corps, avec toujours cette même conclusion de mort mystérieuse.

Ce dernier prit tout son temps pour finir son enregistrement, et Ashley en profita pour déambuler entre les tables où il prit le soin de regarder à nouveau ces visages. Une soudaine poussée de haine grimpa en lui, mais il ne fit rien, ne laissa rien transparaître de peur d’être remarqué par le médecin. Celui-ci avait visiblement fini son bilan, car il s’approchait de l’agent, les bruits de pas le trahissant.

« Bonjour Docteur, agent Ashley Craft du Bureau de Renseignement et d’Analyse. Je suis vraiment navré de vous importuner mais j’aurais quelques questions à vous poser vis-à-vis de ces morts, et en tant que spécialiste, je suis sûr que vous pourrez me répondre. Sachez bien sûr que si j’avais pu trouver les informations que je cherchais dans vos rapports, je ne vous aurais pas dérangé. »

Ashley avait décidé de faire de son mieux pour paraître le plus normal possible aux yeux de tous ceux qui travaillaient avec lui. Il travaillerait donc sur une branche de l’enquête, celle qu’il voyait comme la plus évidente. Il avait bien évidemment les réponses à ses questions mais voulait avoir l’avis d’un spécialiste, ce qui comptait tout de même plus que les suggestions d’un simple agent.

Le Professeur semblait tout aussi intéressé qu’Ashley par les cas qui lui avaient été apporté, et savait que la présence de son directeur sur la table de d’autopsie devait faire remuer pas mal les choses. Invitant l’agent à poser ses premières questions d’un signe de main, le jeune homme ne profita et se lança.

« D’après les cours que j’ai reçu il y a plusieurs années, une mort par crise cardiaque peut être directement causée par l’homme. Me trompe-je ? »

« Non, en effet. Plusieurs causes peuvent être à l’origine d’un arrêt cardiaque venant d’autrui et pas forcément de la main humaine. Généralement, les morsures de serpent sont à l’origine de ce genre de décès, mais vous vous doutez bien que parmi les espèces venimeuses, aucune ne pouvait se trouver à la fois dans cet entrepôt dans nos locaux sans que les cibles soient choisies avec une telle précision. D’ailleurs, s’il y avait eu ingestion de quelque façon que ce soit d’un poison simple, des résidus auraient été retrouvés dans le sang, et par conséquent les relevés toxicologiques nous auraient confirmé la présence d’un agent pathogène dans le corps de ces hommes. »

Ashley prenait quelques notes, écoutant avec un grand intérêt le Docteur qui avait bien voulu prendre le temps pour lui répondre. Ce qu’il notait il le savait déjà, pour l’avoir travaillé en détail lors de ses années études en vue de travailler dans ce département. Ne voulant pas couper la parole au professeur bien que ce dernier se soit tut, l’agent l’incita donc à poursuivre en le regardant avec une soif de connaissance démesurée.

« Et bien, en fait… L’homme peut lui aussi être à l’origine de ce genre de mort, comme vous l'avez dit. Il lui suffit d’avoir des molécules inhibitrices empêche le rythme cardiaque pour qu’une personne décède. »

« Oui, mais nous pourrions donc trouver des résidus là aussi. »

Ravi de cette intervention, le vieil homme poursuivit :

« Comment vous expliquer. En fait c’est très simple. Il suffit que votre molécule bêta ait une courte durée de vie pour qu’elle inhibe les récepteurs et bloque les battements du cœur. Elle peut avoir besoin que de quelques dizaines de minutes pour faire son œuvre et finit par disparaître ensuite sans laisser plus aucune trace. »

Ashley s’attendant justement à recevoir cette réponse-ci. Après avoir chaleureusement remercié le professeur, il se redirigea vers la cage d’ascenseur, satisfait de son travail. Un seul laboratoire était capable de jouer avec les molécules de cette façon en Europe, et il se trouvait en Suisse, ce qui favorisait les recherches pour les autres équipes et qui sait, peut-être pourraient-ils arriver à trouver des preuves contre ce laboratoire et remonter jusqu'à une personne assez riche et malhonnête pour vouloir préparer une telle action.


[Un grand merci à mon ami biologiste Didier pour m’avoir corrigé et aiguillé, permettant ainsi à mon histoire de garder une certaine cohérence, et une vérité scientifique, importante à mes yeux.]

Hi'fuen s'amusait beaucoup de voir cet humain gesticuler dès le matin, revêtir des vêtements avant de se raser et de se coiffer. De se laver et tant d'autres choses qui font qu'un Shinigami n'est pas humain. Par contre, il adorait se regarder dans une glace et s'amuser à faire des grimaces. Hi'fuen entendit la question et ne s'en étonna pas. Evidemment qu'un jour cet humain voudrait savoir pourquoi lui et surtout pourquoi les Shinigamis se sépareraient de ce merveilleux cahier. Il répondit donc, s'en tenant à une version qui ne dévoilait rien de confidentiel :
"Et bien le Death Note est tombé dans ton monde car un jour où je passais sur Terre, il est tout simplement tombé. Et lorsqu'un objet du monde des morts entre en contact avec la Terre, il devient impossible pour le Shinigami qui l'a perdu ou laissé là à dessein de le reprendre avant qu'un humain l’ait possédé. Quant à cette histoire de possession, c'est tout simplement le premier humain à l'avoir remarqué qui en devient le propriétaire. Mais le Death Note, lorsqu'il est sur Terre n'est pas souvent ramassé car il est extrêmement banal, et un certain nombre de gens le trouvent et s'en débarrassent croyant à une plaisanterie.

En réalité, un Shinigami pouvait très bien ramasser son Death Note. Mais évidemment, moins Hi'fuen en révélait, moins il serait en danger car comme l'avait montré le premier Kira il était tout à fait possible de tuer un Shinigami si on arrivait à le piéger tout en possédant des informations crédibles. Hi'fuen fut tout de même surpris par le manque de réaction d'Ashley à sa réponse. Il vit le fonctionnaire disparaître par la porte, abandonnant une poire juteuse et appétissante sans défense. Cette pauvre poire ne fit pas long feu et fut dévorée en une bouchée.

*Qu'est-ce que c'est bon. Ce sucre, cette eau, cette texture quel délice. Ces humains ne se rendent pas compte de leur chance. Mais enfin, ils auront le temps de regretter lorsqu'ils seront morts ! Ca leur apprendra à vouloir se sentir supérieurs aux dieux.*

Hi'fuen traversa rapidement la porte pour rejoindre Ashley. Cette situation ne lui plaisait guère car pour l'instant il ne s'était strictement rien passé d'intéressant. Il suivit Ashley et s'amusa énormément à traverser les gens, à leur faire des grimaces et toutes sortes de pitreries. Mais il aurait encore plus apprécié qu'Ashley le regarde et lui demande d'arrêter, ce qu'il aurait refusé bien sûr. Et cela aurait pu donner lieu à un conflit voire à des tentatives de violence. Ô comme le Shinigami aurait aimé ceci. Seulement il était forcé de faire des grimaces à des gens qui ne les voyaient pas où à des gens qui ne lui inspiraient que de l'indifférence. Hi'fuen écouta le discours d'Ashley tout en somnolant. Il comprit tout de même d'Ashley remuait du vide pour masquer sa responsabilité.

Le Shinigami se réveilla au son de l'agitation, principalement due aux bavardages incessants et autres rangements d'objets divers. Hi'fuen suivit Ashley tout en s'enfonçant au niveau du torse dans le plancher de l'ascenseur. Il sortit et suivit Ashley jusqu'à la morgue. Cet endroit plaisait à un Shinigami tel que lui : la mort y était omniprésente. Mais bon, il allait devoir rester dans la pièce à écouter son humain discuter avec un autre humain et leur conversation s'annonçait aussi intéressante qu'un commentaire d'une partie d'osselets. Hi'fuen, comme disaient les humains, se "faisait chier". Et cela bien entendu n'était pas très agréable. Alors, pour passer le temps, il s'allongea sur les tables qui supportaient les corps mais attendit en vain que quelqu'un ouvre les cadavres. Il resta donc patiemment allongé sur une table rougie de sang, attendant qu'Ashley finisse sa conversation. Il se demanda ce qu'était la Suisse et où ça se trouvait. Mais enfin, ça n'allait pas le gêner outre mesure. Dans la cage d'ascenseur, Hi'fuen se rappela soudain qu'il devait absolument lui parler des yeux du Shinigami. Il annonça donc :
Ashley, j'ai quelque chose à te dire. C'est assez important et j'ai besoin que tu puisses me répondre. Je suppose donc qu'il va falloir retourner dans ton bureau pour que personne ne puisse t'entendre parler. Tu sais, cela pourrait grandement augmenter ton pouvoir.

Hi'fuen espérait ainsi regagner un peu d'estime et surtout se voir accorder un peu de temps, car lorsqu'on se sent un peu supérieur aux autres, il est difficile d'être ignoré.

Aux paroles d’Hi’fuen, Ashley appuya sur le bouton ‘STOP’ de l’ascenseur, ce qui le fit s’arrêter brutalement entre deux étages. La lumière disparut un instant avant de revenir, plus pâlotte qu’à la morgue. Le Shinigami allait visiblement lui apprendre quelque chose d’essentiel sur le Death Note et son utilisation, preuve qu’il tentait de prendre le dessus sur l’agent.

Le jeune homme n’était pas stupide, si cette chose si importante l’avait vraiment été, Hi’fuen en aurait parlé directement, sans attendre qu’Ashley soit obligé de faire tourner les recherches dans tous les sens, sans qu’il ait besoin de rencontrer les légistes qui le considéraient comme un tas de chair encore fraîche.

Véritablement, le nouveau Kira ne pourrait pas faire confiance à son Shinigami, et devrait trouver un moyen de le faire disparaître même si cela semblait être impossible. Il s’étonna d’ailleurs à cette pensée, que personne au bureau n’ait encore envisagé cette piste, mais il aurait vite fait de la balayer, préférant plus de rationalisme alors que le dernier Kira avait été tué, d’après les bruits qui couraient, pas L en personne.

La fraîcheur de l’air extérieur commençait à pénétrer la cage d’ascenseur. Après un frisson qui parcourut l’échine de l’inspecteur, ce dernier fixa droit dans les yeux Hi’fuen, et se mit alors à rire. Non pas car on comptait lui apprendre qu’il pourrait bénéficier d’un nouveau pouvoir lui permettant de donner la mort, mais qu’il avait trouvé le moyen de renvoyer Hi’fuen dans son monde. D’ailleurs, si ce dernier avait été moins sot, il se serait vite rendu compte que le Death Note n’était qu’un simple accessoire, et qu’Ashley ne comptait pas l’utiliser comme le faisait l’ancien Kira, mais ne l’utiliserait qu’en cas d’ultime recours, en y mettant des morts tout à fait grotesques.

Cependant, il ne pouvait se résigner à le céder à un autre humain. Qui sait ce qu’il pourrait faire ? Et puis, l’avoir sous la main lui serait toujours d’une grande utilité, il souhaitait déjà l’utiliser lors du repas pour faire disparaître ses ennemis potentiels et mettre Conrad dans une telle situation, que tous laisseraient place à Ashley et qu’il pourrait mettre la main basse sur tout le monde.

Il avait déjà placé ses pions sur l’échiquier, et savait très exactement comment jouer. A partir de là, aucune proposition du Shinigami ne lui était nécessaire, mais il pouvait toujours le laisser s’expliquer :

« Je t’écoute Hi’fuen, il n’y a pas de micros ici. »

* Mais prends tout de même garde à ce que tu dis, il serait vraiment dommage pour toi que tu me donnes le moyen de concrétiser ta disparition. Tu m’es vraiment utile ! *

Oulà. Il avait arrêté l'ascenseur avec une grande brutalité et ne semblait pas très enclin à une discussion, disons "amicale". Peut être qu'Hi'fuen finalement aurait du annoncer dès le premier jour l'existence de ce marché. Mais bon, maintenant il était au pied du mur et il devait se lancer encore une fois dans un long monologue visant à expliquer pourquoi il avait quelque chose de si urgent à raconter. Le Shinigami prit donc la parole après avoir poussé un long soupir :
"Pour commencer, il faut que je te dise, que nous les Shinigamis tuons des humains très souvent. Et pour les tuer, s'il fallait apprendre leur nom ce serait vraiment assommant. C'est pour cela que nous avons des yeux spéciaux qui nous permettent de voir l'espérance de vie et le nom de n'importe quel humain. Mais ce qui nous intéresse est que en échange de la moitié de ton espérance de vie, je peux te "donner" ces yeux. Tu pourras ainsi avoir accès sans effort à n'importe quel nom à partir du visage de cette personne.
Il y a tout de même une exception : tu ne peux voir l'espérance de vie d'un autre porteur de Death Note. Par contre, je ne puis moi même te donner un nom d'humain ou une espérance de vie. Ceci est strictement interdit dans le "code" des Shinigamis.
Pour l'échange, il peut se faire à n'importe quel moment de la journée et quasi instantanément."

Hi'fuen guetta la réaction d'Ashley. Voyant que celui-ci ne semblait pas particulièrement enclin à la discution, la patience ou le pardon. le Shinigami tenta de calmer son humain :
"Je ne l'ai pas dit avant car d'abord j'avais un peu oublié. Et puis ensuite je me suis dit que tu n'accepterais pas de sacrifier une partie de ta vie pour le pouvoir. J'espère ne pas m'être trompé"
En réalité le Dieu de la Mort espérait de tout coeur que cela perturberait son humain et amènerait des choses intéressantes...

Le soupir d’Hi’fuen fut tout de suite interprété par Ashley comme témoignant une certaine gène, et pensa donc que la chose qu’on comptait lui annoncer risquait d’être pénible au Shinigami. Ce marché ne semblait pas vraiment le ravir, mais qu’en était-il vraiment ? Car s’il avait bien compris, le Dieu de la Mort récupèrerait la moitié de sa vie, c’était comme Faust, et la vente de son âme au Diable.

L’agent comprit soudainement une multitude de choses en rapport avec le ou les précédents Kira, à commencer par leurs méthodes. Cela expliquait en fait comment ils avaient pu tuer plus d’un million de personnes sans qu’on ne les découvre, mais avaient-ils réellement conclu ce marché ?

La proposition d’Hi’fuen ne fit pas réagit Ashley sur le coup, non pas car il réfléchissait à l’offre, mais bien au contraire, car il se disait que ces yeux ne lui seraient que d’une utilité très limitée. En fait, il viendrait à y perdre au change, et offrirait au Shinigami la moitié de sa vie, sans même savoir ce qu’il lui restait. On essayait donc ainsi de le faire marcher ? De l’appâter avec une offre misérable ? Il serra si fortement les poings qu’il en ressenti ses ongles enfoncés dans la paume de ses mains.

« Hi’fuen. Crois-tu vraiment que tes yeux peuvent rivaliser avec ‘l’œil’ dont je dispose ? Je suis vraiment dépité par ton ignorance, par ta bêtise. Décidemment, je commence à croire que les Shinigamis sont de véritables incapables et préfèrent laisser leur Death Note à quelqu’un de plus compétent qu’eux. »

Il se mit alors à rire à gorge déployée, en regardant la créature flotter devant lui. Voilà une perspective des plus amusantes, qui ne manquerait sans doute pas de piquer au vif le monstre.

« Allons, allons. Je pensais sincèrement que tu étais au dessus de ça. De plus, tu tentes de te rattraper en me disant que sans doute ils ne me serviront pas car je ne semble pas intéressé. Tu me déçois Hi’fuen. »

Sans rajouter un mot, il appuya sur le bouton ‘STOP’ et l’ascenseur reprit sa marche vers le trente-quatrième sous-sol de l’aile A de la Grange.

[Hop, un mini post . J'attends que tu répondes, que je puisse jouer avec ta réaction pour envisager la suite, de toute façon on a déjà le patron pour notre jeu donc voilà, ça va vite avancer.]

Lorsqu'il entendit la réponse d'Ashley Hi'fuen fut quelque part vexé et peut être déçu de voir quelqu'un qui paraissait si calculateur et si intelligent commencer à s'aliéner son seul allié de ce côté de la justice. Mais de même Hi'fuen ne devait pas perdre la confiance d'Ashley s'il voulait récupérer un second Death Note et quelque part cela l'irritait de devoir se mettre au service de quelqu'un qui lui était bien évidemment inférieur. C'est donc dans un objectif de réconciliation et partiellement d'excuses que le Shinigami reprit la conversation :
"Eh bien je pense effectivement que ces yeux plus puissants que cet 'oeil' car déjà ils permettent de connaître instantanément le vrai nom d'une personne. Et ton 'oeil' ne te permet pas de dictinguer un véritable nom d'un surnom : j'en profite pour te rappeler que marquer un faux nom ou un surnom dans le Death Note n'entraînera aucune conséquence. Et puis est-ce que ton 'oeil' est capable de fonctionner sans l'aide d'autres humains ? Lorsque tu es dans la rue ? Lorsque tu ne peux atteindre ton bureau ? Par contre je te concède que le grand avantage de cet 'oeil' humain est qu'il peut fonctionner à n'importe quelle distance de la cible et qu'il permet une mailleure connaissance de la future victime sans avoir à se déplacer et ce, instantanément.

Hi'fuen se demanda si finalement il avait atteint son objectif de réconciliation. Il lui semblait tout de même avoir été assez vindicatif et probablement un peu trop défenseur des Shinigamis, et de ce fait paraître supérieur ce qui rendrait la situation encore pire si une crise d'autorité surgissait dans leurs relations.

Bien entendu il sentit qu'Ashley aussi tentait quelque part de ne pas rester en froid car ils étaient trop utiles l'un à l'autre. Et cela n'échappa pas à Hi'fuen malgré sa méconnaissance des coutumes humaines. Ainsi la part de moquerie contenue dans la dernière réplique du fonctionnaire ne fit qu'augmenter la colère du Shinigami envers son humain. Mais il se retint de faire augmenter sa colère et reprit un caractère plus typique des Dieux de la Mort et répondit à cette ultime pique :
"Bof, tu sais il ya un genre de "code du Shinigami" que nous sommes obligés de respecter. Et informer son huamin du marché des yeux en fait partie. C'est pour cela que je t'en parle. Et puis si je te déçois, n'hésite pas à arrêter de te servir de moi, tant que j'assiste à tes exploits

Quelque part Hi'fuen venait de faire un pari osé. Car si réellement Ashley en venait à le délaisser le monde des humains deviendrait terriblement ennuyant sans personne à qui parler. Au pire il pourrait toujours subtiliser le Death Note un court instant puisque Ashley croyait qu'il ne pouvait le reprendre tant qu'il était sur Terre. Il pourrait ainsi se débrouiller pour faire arrêter voire condamner à mort Ashley ou tout simplement révéler sa présence à quelqu'un d'autre qui se ferait un plaisir de se débarasser de cet humain qui pourrait devenir encombrant. Mais pour le moment ce fonctionnaire semblait tout à fait intéressant et apte à réaliser de grandes choses.

Décidemment, Hi’fuen était un bien piètre marchand ! Pour montrer à son Shinigami qu’il avait tort, Ashley sorti de son étui son petit Q-Tek, directement relié à ‘l’œil’.

« Je peux effectuer les recherches que je veux là-dessus. Je suis en liaison directe avec l’Agence. Avec l’appareil que tu vois derrière, je peux avoir le nom de la personne que je cherche grâce à une analyse dimensionnelle de son visage. La taille du nez, forme des yeux, hauteur, largeur… Bref, tous ces facteurs me permettent de savoir qui est en face de moi lorsque je le désire, pour autant que je sois discret.

Mais tu as raison, il ne me protège pas des surnoms. Encore faudrait-il être vraiment stupide pour me mentir, surtout quand les agents spéciaux des autres pays sont fichés en priorité dans nos bases de données pour protéger le territoire britannique de la présence d’espions. »

Rangeant le cellulaire dans son étuis de cuir, il montra son arme réglementaire comme si l’avoir était une évidence.

« Tu sais, les risques du métier. Si je cherche à tuer quelqu’un, je trouverai bien un moyen… Si pour autant que je sache, demander à quelqu’un dont je connais le nom qui puisse en tuer un autre est possible. Une sorte de poupées russes, quoique, tu ne connais peut-être pas. »

Lui qui était énervé voilà peu, était maintenant détendu comme si rien ne s’était passé. En effet, le Shinigami avait raison sur une chose, il fallait qu’il joue la comédie et effraye les hommes politiques.

« Si tu veux regagner en premier lieu à manger et mon estime, tu as tout intérêt à ne pas faire de bêtises lors de ce repas. Si tu veux de l’amusement, tu en auras. Qui sait, si tu m’aides rapidement, tu auras peut-être plus rapidement un Death Note, pour autant que tu puisses m’aider à en trouver un autre.

Ah ! Il faudra que tu leur fasses comprendre que Linderman est fautif. Invente quelque chose, montre-le du doigt, dis-leur qu’il a empoisonné leur assiette ou leur eau. Je te laisse le choix là dessus. »

L’ascenseur s’arrêta comme indiqué au ‘-31 UG-A’. On entendait aisément derrière les portes métalliques la cohue, où se mêlaient plusieurs langues, où l’en entendait des cris, des appels, des ordres. Ashley avait bloqué l’ouverture des portes, pour pouvoir rester au calme un peu plus longtemps avant d’aller rejoindre la marée humaine qui était en train de travailler avec le reste du monde sur l’enquête. Il resta là quelques secondes seulement, un hurlement le faisant jaillir hors de la cage une fois qu’il comprit ce qu’il se passait.

« C’est Kira je vous dis ! Il est de nouveau parmi nous ! L ne l’a pas tué ! »

Une petite femme levait le poing tout en scandant les noms de L, de Kira, de Mister Sullivan ainsi que celui de Conrad. Selon elle, il ne faisait aucun doute, c’était bel et bien l’œuvre du plus grand tueur en série que n’eut jamais connue la Terre. Ses preuves se vérifiaient aisément, mais tout le monde restait septique, ou semblait le montrer. Ashley arriva jusqu’à elle et la fit taire rapidement, en la fixant droit dans les yeux et en lui ordonnant de la boucler.

Serrant les documents qu’il remontait avec lui de la morgue, il se dirigea vers le pupitre où il domina à nouveau l’ensemble de la grande salle. Peu à peu, tout le monde se tut, les appels furent mis en attente, les recherches stoppées. Linderman regardait un peu dépassé le jeune homme qui semblait dominer toute la pièce.

« Bien. Je reviens à cet instant même de la morgue. Jusqu’à présent, aucune hypothèse n’est à écarter… mais aucune n’est vérifiée, bien au contraire. J’ai discuté brièvement avec le légiste qui m’a confié que des morts par crise cardiaque pouvaient avoir lieu grâce à une réaction chimique simple, j’ai avec moi un rapport qui sera rajouté à la ‘Base Data I’, ‘l’œil’ si vous préférez, et vous pourrez le regarder ultérieurement.

Depuis quelques années, un laboratoire privé travaille sur des façons de tuer proprement. Ils avaient déjà été suspectés il y a 4 ans, dès le début du phénomène Kira mais très vite écartés de tout soupçon, L évitant soigneusement ce secteur là. Cependant, les récents événements me portent à croire qu’ils auraient pu enfin réussir à fabriquer une arme de destruction parfaite, tuant d’une crise cardiaque simplement en buvant ou mangeant quelque chose de contaminé.

Je veux donc qu’une équipe de 10 personnes, soit envoyé en Suisse, pour que soient interrogés les scientifiques, les laborantins ainsi que les principaux actionnaires de ce groupe qui se dit pharmaceutique. Bien évidemment, il faudra rechercher d’ici leurs clients, fournisseurs, éplucher leurs comptes… bref, suivre la procédure habituelle.

Ceci n’est qu’une simple piste, on ne néglige pas les autres, mais évitez je vous prie, de vous focaliser sur l’hypothèse: 'Kira est revenu.' »

Ashley avait à plusieurs reprises lancé des regards à Conrad qui se trouvait devant la porte de son bureau, mais pas à un seul instant ce dernier avait réagit. En fait, tout le monde se demandait s’il était apeuré par les récents événements, ou trop heureux pour se mettre sur l’enquête correctement. Le nouveau Directeur était en fait en train de céder sa place à quelqu’un de plus exercé que lui, et bientôt il serait envoyé ailleurs, peut-être en prison.

Cette dernière pensée ramena un sourire à l’agent, qui descendit de son estrade et passa le couloir, en direction de son bureau. Cependant, alors qu’il était en train d’ouvrir la porte d’entrée, Linderman lui prit le bras et le poussa à l’intérieur. Son visage était aussi rouge que son nez d’alcoolique, preuve qu’il était vraiment très en colère.

Faisant fi de cette constatation, Ashley posa sa veste sur son porte-manteau et fila vers une armoire où il en sortit une bouteille de Scotch. N’oubliant pas les bonnes manières, il sortit deux verres et les remplit à moitié. Rangeant exactement au même endroit la bouteille, il se retourna vers Conrad et lui en tendit un verre, attendant qu’il le prenne.

« Craft, ne faites pas l’imbécile. Vous savez très bien qu’il est interdit d’avoir de l’alcool dans ces bureaux. Vous êtes en infraction. »

L’agent se mit à sourire, et posa le verre destiné à Linderman sur le rebord de son bureau, puis il se dirigea vers son fauteuil où il prit place.

« Voyons Conrad, vous n’allez pas refuser un verre d'eau si gentillement proposé. Vous n’aurez qu’à dire que vous avez été contraint par ma personne de le prendre pour m’inviter à boire le mien. Prenez place je vous prie, ne restez pas debout»

Ashley lui fit un sourire qui en disait long, et directeur ne se fit pas prier deux fois. Il s’installa du côté du bureau où se trouvait le verre et fit mine de ne pas le voir, jusqu’à ce que Ashley commence par boire le sien. Il avait pris l’habitude de faire fonctionner Linderman à l’alcool, car il savait qu’il était un grand amateur de Whisky, et qu’après un verre, il était doux comme un agneau.

« Excusez mon impolitesse. Vous vouliez me parler de quelque chose ? »

Conrad ne semblait pas vraiment à l’aise. Signe de sa nervosité -outre la couleur de sa pigmentation- il passa à plusieurs reprises une main grasse dans de longs cheveux sales et mal coiffés. A chaque fois qu’Ashley voyait ça il était répugné, car il devait serrer cette main souillée. Après un temps qui paru interminable pour le jeune homme, le directeur décida de prendre la parole, cherchant encore ses mots :

« Et bien… Et bien ! Craft ! Bordel, qu’est-ce que vous avez foutu ? Je sais très bien que vous vouliez cette place, mais vous ne l’avez pas prise, auriez-vous eu soudainement peur d’être le prochain à mourir ? »

Linderman parlait sans se soucier des caméras et des micros qu’il avait sûrement dû faire installer dans toute la pièce, voilà qui était amusant. Les bandes iraient directement vers ‘l’œil’ où elles seraient analysée puis transférées dans un autre département. Il était sans doute temps de se mettre à table.

« Ecoutez, monsieur le Directeur. Vous savez tout aussi bien que moi que vous êtes le plus qualifié pour ce travail. Vous avez décidé de prendre ce poste malgré les risques que vous évoquez, tant mieux pour nous tous, sans doute ne redoutez-vous pas que l’on s’en prenne à vous. »

« Faites bien attention à ce que vous êtes en train de dire Craft, vous vous fourvoyez ! »

L’agent en effet, osait répondre à un supérieur. Il éprouvait à ce moment là une sorte d’allégresse, comme si tout devenait plus simple. Il suffisait qu’il énonce quelques mots précis pour que la discussion soit envoyée aux grandes instances :

« Vous savez tout aussi bien que moi que la mort de Mister Sullivan n’est pas un accident, mais bel et bien un meurtre. Je ne pense pas qu’il ait été commandité par un Kira revenu d’entre les morts mais par quelqu’un qui avait tout intérêt à le voir disparaître, et cet accident était le meilleur moyen pour y parvenir. Malheureusement, ceci n’a pas réellement fonctionné, bien au contraire, car 14 criminels hautement surveillés sont eux aussi morts. »

Le directeur devint écarlate. Peut-être s’était-il rendu compte du stratagème du jeune homme ou tout simplement, ses paroles avaient eu un très mauvais effet sur ce dernier. Conrad pointait du doigt Ashley, fulminait intérieurement mais ne disait rien. Face à lui, l’agent restait stoïque, c’était comme s’il n’avait pas fait attention à la présence d’un homme sur le bord de la crise d’hystérie. Voyant que son supérieur ne voulait pas lui répondre, il poursuivit :

« Mister Linderman. Jusqu’à présent, vous n’avez donné aucun axe de recherche, j’ai dû vous suppléer à ce titre. Vous les avez entendu comme moi, tout le monde se pose des questions ! Je n’aspire pas à prendre la direction de l’agence, je fais simplement mon travail qui me demande déjà beaucoup. Certes, vous avez certains privilèges par rapport à moi, mais rien qui puisse m’attirer.

Je fais tout simplement mon travail, que cela vous plaise ou non, or je ne vous vois pas réellement réagir sur cette enquête. Mister Sullivan était un proche ami à vous, et je suis persuadé que sa mort vous attriste grandement, mais nous avons besoin d’un directeur dynamique pour nous guider. Ce midi,… »

« Ce midi, je vais avoir besoin de vous Craft ! »

Coupa subitement Linderman soudainement revigoré par les propos de son assistant.

« Je veux que vous veniez avec moi ! J’ai une place de disponible, vous pourrez m’aider face à ces bureaucrates qui ne veulent rien comprendre. Vous êtes le seul qui puisse m’aider, vous voulez une équipe force, une synergie entre nous ! Alors venez avec moi. »

Le jeune homme fit mine de réfléchir, cachant avec une grande classe son amusement de voir ainsi son supérieur tomber dans le piège. Après une longue minute de mutisme, Ashley se décida enfin.

« Soit, je vous accompagnerai, mais ne comptez pas sur moi pour prendre votre défense. Ce sera à vous de faire en sorte de montrer votre valeur, et de vous arranger pour rester à la tête de l’Agence. »

Se levant d’un bond, le directeur salua le jeune homme en le couvrant remerciements qui se voulaient être sincères. Il quitta ensuite précipitamment le bureau, pensant qu’il venait de trouver en Ashley, un soutient important face à la commission. Malheureusement pour lui, c’en était tout l’inverse.

Il convenait à chaque remplacement du directeur de l’agence, d’organiser un repas, entre les superviseurs du département, les membres du ministère de la défense et de l’intérieur, ainsi que des cadres du bureau.
Dès la mort de John Sullivan, alors à tête du Bureau d’Analyse et d’Etudes, Conrad Liderman, son assistant, lança ‘le protocole’. La succession au poste de directeur était établie à partir du moment où le choix du nouveau chef avait été fait, et ce, même de façon officieuse. Il suffisait d’une signature du mandataire ainsi que du bénéficiaire pour faire valider le document qui offrit la direction de ‘la Grange’. Bien évidemment, en cas de décès, un représentant de la Chambre ou un membre des ‘Hautes Instances’ suffisait, et auquel cas, tout était arrangé, de la mise en fonction du remplaçant jusqu’aux funérailles privées de l’ancien directeur en cas de mort et du déménagement de ses effets personnels.

Cette fois-ci, il suffit simplement de 15 minutes à Conrad pour tout préparer, ce qui n’avait jamais été vu auparavant, et montrait à quel point il été pressé de diriger l’agence. Bien évidemment, en cas d’intérim, nul besoin de sa signature, le bureau décidait lui-même de son superviseur le temps que soit nommé un nouveau patron.
Avec le refus d’Ashley, qui surprit absolument tout le monde, la voie était grande ouverte pour l’arriviste qu’était Linderman. Mais malheureusement pour lui, il était loin d’être apprécié, et les langues de bois étaient présentes partout où il se trouvait.

Ashley souriait en remettant sa cravate, droit comme un ‘i’ dans son magnifique costume noir, face à la grande glace du dressing. Il était rentré chez lui pour se changer, ne supportant pas de porter ses affaires plus d’une journée, et l’odeur de transpiration lui occasionnait une immense gêne. Il n’avait vu personne chez lui, Elizabeth était repartie au travail, sans même avoir rangé son assiette de la veille au soir, et le jeune homme prit sur son temps pour faire un brin de ménage (à savoir plus de quarante-cinq minutes pour laver la vaisselle, passer le balais et la serpillère dans le très grand appartement).

Une fois le travail accomplit, il repartit comme il était venu. Sa voiture était encore chaud dans les garages de l’immeuble londonien lorsqu’il reprit le volant pour revenir de là où il venait, High Wycombe. Le chemin fut plutôt tranquille, seuls deux appels vinrent le perturber. L’un d’eux l’intéressa au plus haut point. En effet, il venait de Tom, qui lui apprenait la mort suspecte d’une jeune étudiante d’Oxford, morte d’une crise cardiaque, relançant ainsi la piste de Kira la veille, aux alentours de 20h00.

Le bureau risquerait de se poser des questions si Ashley faisait tout pour écarter la thèse de Kira, le Dieu de la Justice. Cette mort était plutôt de bonne augure. S’il y avait un autre Kira en Angleterre, Ashley n’aurait pas trop de problèmes pour le localiser. Il lui suffirait ni plus ni moins de remonter la piste jusqu’à lui. Il avait passé ses études là-bas, et en gardait plutôt un excellent souvenir. Son ‘resumé’ était parfait, et il n’eut guère de problème pour choisir les emplois qu’il voulait suivre, à savoir travailler pour la police ou la justice, où pourrait se mêler action et travail d’investigation depuis un bureau calme.

« Allô, Ashley ? T’es où ? »

« Je suis en voiture, je reviens de l’appartement… Dis-moi Tom, tu as quelque chose d’intéressant pour moi ? »

« Je sais pas si ça va vraiment nous être utile, mais une mort suspecte par crise cardiaque a été repérée à Oxford. On a tout de suite dépêché une équipe là-bas pour protéger les lieux. Peut-être que le meurtrier a frappé l’université aussi… Tout le monde parle de Kira, qu’en penses-tu ? »

Ashley avait laissé passé de longues secondes, réfléchissant à la meilleure réponse qu’il pourrait apporter. Ce n’était pas chose aisé de devoir mentir, tout en garder une certaine crédibilité dans ce l’on disait.

« Si Kira est revenu ça va être très mauvais pour nous. Il ne faut pas que la presse s’empare de l’information. Débrouille-toi pour, fais une fausse déclaration. Je ne veux pas que la panique se mette à régner à nouveau partout dans le monde ! Si l’information passe les mailles du filet, le globe entier sera rivé sur nous, et il nous faudra travailler efficacement. »

* Bordel, ça ne peut pas être une simple coïncidence ! Personne ne croira ça… Voilà qu’une jeune fille meurt d’une crise cardiaque le même jour que le directeur et que ces salopards… Personne ne va croire à la thèse de la mort accidentelle. *

« Tom… Fais envoyer le corps au labo, je veux que ce soit notre équipe qui s’en charge et personne d’autre. Au fait, tu en as parlé à Linderman ? »

« Bien sûr, mais il est trop occupé par son banquet que par cette mort ! Je ne t’explique pas le foutoir que c’est au bureau. Vivement que tu reviennes pour y mettre un peu d’ordre. »

« Oui, oui, je suis bientôt là ! A tout à l’heure. »



Malgré que la Grange soit en pleine campagne, il fallait tout de même assurer aux locaux une certaine sécurité. A l’approche du bâtiment, on pouvait se rendre compte d’une multitude de détails sautant aux yeux les premières fois mais auxquels on finissait par attacher peu d’importance.
La discrétion étant de mise, il fallait trouver un moyen de garantir à ce lieu une protection nécessaire sans que les voisins puissent imaginer quoi que ce soit. Les itinéraires empruntés devaient toujours changer, les heures d’arrivée et de départ aussi. Bien évidemment, les gardes qui étaient à l’entrée avaient troqués leurs uniformes de Scotland Yard pour de simples salopettes et des bottes en caoutchouc, ce qui les rendait bien moins effrayant voire même incompatibles avec leur mission, mais ils étaient toujours armés, et portaient sur eux les plaques qui les différenciaient des vrais agriculteurs qui travaillaient les terres sur lesquelles avaient été bâtie la Grange.

Le haut portail était électrifié, une pancarte annonçant le risque encourut était affiché dessus. Bien évidemment, rien qui ne soit trop voyant. D’ailleurs, la clôture, malgré sa hauteur elle aussi, cachait l’intérieur des terres sur une grande partie grâce aux immenses arbres qui longeait la route goudronnée.
L’arrivée devait s’annoncer par un petit bip, placé dans chaque voiture qui ouvrait la porte. Une fois celle-ci passée, une allée menait jusqu’à une zone cachée, appelée zone de stockage où l’on opérait. Bien évidemment, le bip qui permettait d’ouvrir les immenses portes était particulier, et il fallait régler les fréquences avec un grande précision pour que tout fonctionne. En cinq ans que le dispositif avait été mis en place, jamais l’entrée n’avait été offerte à des visiteurs, généralement repoussé par les pseudos-fermiers.
D’ailleurs, la majorité les entrées et sorties se faisait de nuit, limitant ainsi les risques d’être repéré.

Ashley, lorsqu’il arrivait devant les soldats en arme, montrait par biométrie qu’il était bien lui, et pouvait alors prendre la voie de droite, le menant vers les sous-sols du bureau. Chaque place comportait une pancarte avec un nom ou un matricule, ce qui permettait de savoir quelle voiture était à qui et permettait ainsi un gain de temps considérable.
Ashley, du fait de son statut était garé le plus bas possible, pour économiser le temps de déplacement de l’ascenseur. En somme, tout était fait pour aider les fonctionnaires qui travaillaient ici.

Pourtant ce matin, il ne vit personne devant les grilles électrifiées pour lui ouvrir le chemin vers le garage, et fut contraint de klaxonner à plusieurs reprises pour que quelqu’un vienne. Visiblement, le capitaine avait dû arranger un briefing avec les hommes pour que tout soit parfait, et que rien ne fasse tâche lors de l’arrivée des représentants d’état.

Une fois que le chemin lui fut ouvert, il put aller se garer et descendit directement à l’étage de son bureau, voulant aller donner quelques consignes avant de remonter manger, avec Conrad.


La Grande Salle était toujours aussi bondée de monde. Un véritable capharnaüm provenait des box, où se trouvaient les agents en poste. De là où il était, Ashley ne pouvait pas vraiment se rendre compte du nombre, et de mémoire, il n’avait jamais entendu autant de bruit dans ces bureaux. Il fut contraint de mettre en marche l’interphone pour se faire entendre, et demanda à ce que tout le monde arrêtât ses activités et prit la peine de se rendre au niveau du pupitre, d’où il édicterait les derniers ordres.

Au lieu de perdre inutilement son temps, il alla chercher Conrad mais ne le trouva ni dans son bureau, ni dans ceux des superviseurs. Personne l’avait vu de la matinée, ce qui semblait confirmer les soupçons d’Ashley, il était bel et bien en train de préparer quelque chose, mais ce n’était sans doute pas le repas de ce midi, qui avait déjà été programmé la veille. De toute façon, il n’avait pas à s’en faire, Conrad serait très vite évincé, enfin, si Hi’fuen faisait correctement son travail.

Au bout de cinq minutes, tout le monde fut prêt à entendre les consignes, et à en juger par leur façon de se tenir et de bouger comme des dindons, on aurait cru qu’ils étaient pressés. Jamais le bureau n’avait tant été en ébullition depuis 4 ans, et la simple idée de devoir combattre Kira avait motivé tout le monde. Mais bien heureusement pour leur vie, ils ne savaient pas que celui qui avait tué tous ces gens était en ce moment même face à eux :

« Bonjour tout le monde. »

Comme il s’y attendait, personne ne répondit. Ils attendaient que l’on rendre dans le vif du sujet, et Ashley n’avait pas pour habitude de se faire prier dans pareils cas.

« Une jeune femme est morte d’une crise cardiaque à l’Université d’Oxford, hier, aux alentours de 20h00. Nous ne pouvons pas déterminer si la mort à un rapport avec celles de Mister Sullivan et des 14 activistes de l’IRA, mais une chose est sûre, il risque d’y en avoir d’autres.

J’ai donc besoin qu’une équipe se rende là-bas, il me semble que Tom a déjà pris la peine de sélectionner quelques membres prêts à aller sur le terrain. Je les attends dans mon bureau pour discuter brièvement avec eux de la marche à suivre.

Je n’ai pas encore reçu le rapport préliminaire des agents envoyés en Suisse ce matin, ils ont dû normalement atterrir à Zurich il y a 1h30 et devraient en ce moment même discuter avec le directeur du laboratoire. Je vous transmettrai les résultats de leurs observations dès que je les aurai reçu.

Quelqu’un a-t-il trouvé quelque chose d’intéressant sur l’enquête ? »

Bien évidemment, personne ne répondit à la question d’Ashley, qui cachait comme il pouvait son soulagement. Si l’enquête continuait à piétiner, tout le monde perdrait bien vite son moral et l’affaire risquerait d’être relayée à un autre département et là, Ash’ ne pourrait plus rien faire pour protéger ses intérêts.

N’ayant plus rien à rajouter, il quitta l’estrade et s’éloigna en direction des ascenseurs. Il serait bientôt l’heure de montrer à quel point il pouvait être diabolique, lui qui désire rendre Sa Justice, pour le bien du monde, lui qui a tout perdu à cause d’un simple criminel ayant tué son père, lui qui a toujours voulu reprendre son dû mais chose qui a été impossible car un oncle véreux avait déjà tout pris auparavant. A ces pensées, son visage se crispa, faisant ressortir les rides de son visage et le rendant certes plus méchant, mais aussi un peu plus âgé.

Se contrôlant comme il pouvait, il préféra penser au jeu qu’il préparait pour Conrad, qui a cette heure-ci devait exulter de recevoir à sa table tant de beau monde et Ashley pour le défendre. S’il savait ! Si seulement il pouvait imaginer ce qui allait lui arriver. Le jeune homme avait déjà tout préparer. Il lui suffirait de les toucher avec le papier du Death Note, pour que Hi’fuen rentre en scène. Mais il faudrait attendre que tous ayant au moins bu de l’eau, Conrad lui n’en buvait pas. Ce serait très difficile de pouvoir jouer ainsi avec le temps mais il le faudrait.

Arrivé devant les portes en acier de l’ascenseur, il appuya sur le bouton et attendit qu’il soit libre pour le prendre. L’attente lui parut longue, sans doute voulait-il que tout soit déjà fini, qu’il puisse prendre en main le bureau en son entier, car avec le Death Note et tout ce qu’il pouvait savoir sur le monde, il n’avait plus rien à craindre de quiconque.

Une fois que la cage se mit en branle, Ashley décida enfin de parler à son Shinigami. Il lui en voulait de tenter d’abuser de lui, de le croire faible et ce serait l’occasion de le surprendre.

« Hi’fuen, lorsque je prononcerai le nom de mon patron… Enfin, quand je dirai Conrad, tu sortiras des cuisines ou du sol ou je-ne-sais-quoi-d’autre pour leur faire avoir la peur de leur vie. Certains sont fragiles, et ton apparition pourrait leur causer une crise cardiaque, mais c’est le cadet de mes soucis.

Mais j’ai besoin de savoir une chose essentiel. Est-ce qu’il me suffit simplement de toucher quelqu’un avec le Death pour qu’il puisse te voir ou doit-il garder le morceau de papier en main ? Et si tel est le cas, peut-être ensuite ne plus te voir ? »

Kira, qui avait tout misé sur ce plan, venait de voir la faille qu’il comportait. Si ce plan-ci ne fonctionnait pas, il risquerait de se trouver dans un sacré pétrin.

* Bordel ! Je n’avais jamais vraiment fait attention à ça. Si ces types peuvent voir Hi’fuen maintenant, ils pourront encore le faire le jour où ils me reverront… Mais d’un autre côté, ils risquent d’être mis au rencart ou l’on pourra toujours dire que l’apparition du Shinigami résulte de leur dernière hallucination lorsqu’ils me verront, que ce n’est qu’un truc à la Freud. *

Et oui, Ashley qui se pensait un instant auparavant si puissant, si invincible, venait de se rendre compte des limites de son pouvoir. Il avait maintenant le choix, soit prendre ce risque, soit les tuer. Auquel cas, il aurait une autre enquête à mener, un des chances de se faire prendre bien plus grandes.

Hi'fuen suivait inlassablement Ashley. Et cela l'ennuyait profondément. Mais au moins, le jour de son apparition approchait : et là il pourrait s'amuser ! Enfin il pourrait faire peur à des gens et même peut être les faire mourir de peur. Mais pour cela il fallait attendre... Le Shinigami avait découvert l'habitation du fonctionnaire avec un certain étonnement. Il avait visité toutes les pièces et en avait conclu que cet appartement remplissait grosso modo les mêmes fonctions que le bureau d'Ashley mais pour deux personnes. Le Shinigami ressortit avec Ashley et reprit la voiture. De même que le fonctionnaire il écouta avec une attention grandissante cet appel. Un nouveau Kira, voilà qui intéressait le Shinigami : une bataille, un combat de volontés mais surtout un Death Note à la clé. Et avoir deux Death Note, ça c'était un symbole de pouvoir, un signe ostentatoire de puissance voire même un luxe suprême. Il enregistra donc du mieux qu'il pouvait cette conversation mais entendre Tom n'était pas facile du tout et les réponses d'Ashley étaient plus que laconiques. Il ne comprit donc que quelques bribes et crut comprendre qu'un nouveau Kira s'était manifesté en Grande Bretagne.

Hi'fuen essayait toujours de donner un sens aux bruits qui lui étaient parvenus mais sans succès quand ils arrivèrent à la Grange, ainsi que la surnommait Ashley. Il passa devant le garde sans que celui ne le voie bien entendu. Le Shinigami ne prêta pas attention aux défenses pourtant impressionnantes mais qui ne le dérangeraient pas le moins du monde s'il devait passer à travers. Hi'fuen suivit Ashley à l'intérieur du grand bâtiment et passa à travers des personnes, chose qui maintenant lui devenait familière et banale. Le Shinigami suivit Ashley dans sa recherche de son supérieur puis s'installa confortablement sur une chaise occupée par un autre fonctionnaire. Il appréciait encore de s'enfoncer totalement dans un humain et d'entendre les sons déformés par l'enveloppe corporelle du fonctionnaire. il sortit la tête du fonctionnaire pour entendre les paroles d'Ashley : rien de bien intéressant mais il avait appris le lieu "d'apparition" du nouveau Kira : Oxford. Voilà qui l'intéressait fortement et qui lui permettrait peut être d'acquérir ce fameux Death Note.

Hi'fuen suivit à nouveau Ashley jusqu'aux ascenseurs et eut du mal à se retenir de voltiger comme un fou dans les cages pour être traversé par un maximum de cabines. Au contraire il resta calme et détendu, il se colla simplement au plafond comme une araignée, le visage traversant la cabine et lui permettant d'apprécier la vitesse de l'engin. Il entendit la consigne D'Ashley et se retourna, avec dorénavant les bras qui traversaient le plafond de l'ascenseur. Il répondit avec un immense sourire à la recommandation et à la question d'Ashley :
"Quand tu diras "Conrad" ? Fort bien. Je pense que je sortirai du sol, ça devrait permettre de leur en mettre plein la vue : s’ils en meurent et bien tant mieux, ça ne sera que plus profitable au royaume des morts !

Sur ce Hi'fuen eut un grand éclat de rire. Il reprit immédiatement son sérieux et continua :
[color:66a6=red" ]Si tu touches une personne avec un morceau du Death Note ou avec le Death Note entier, elle deviendra en quelque sorte "propriétaire secondaire" et pourra me voir jusqu'à sa mort. Ainsi, cela empêche de faire apparaître son Shinigami pour par exemple terroriser quelqu'un sans conséquences...

La dernière révélation d’Hi’fuen, étrangement, n’ébranla pas Ashley. C’était comme s’il s’était attendu à cette réponse-ci. Que pouvait-il bien faire maintenant ? Poursuivre son travail en faisant en sorte qu’Hi’fuen leur fasse le plus peur possible, les tuer avec le Death Note ou ne rien faire du tout ?

La première perspective était la plus attrayante, Hi’fuen pourrait très largement s’amuser avec eux, mais pouvait-il aussi trahir Ashley ? Ce petit jeu pourrait-il se retourner contre lui ? A première vue, il pouvait commanditer les morts de ces gens avec un peu d’avance, donner une date même. Et bien il suffisait qu’ils meurent durant le repas. Pour sûr, cela jetterait un très grand froid dans l’assistance !

Mais il faudrait aussi choisir les victimes avec grand soin, tuer ceux ayant Conrad dans le collimateur, ceux qui veulent le remplacer ou ceux qui ont peu d’influence et donc, une perte moindre en comparaison avec d’éminents personnages.

Il n’était dorénavant plus question de les toucher, simplement de les tuer. Comme si cela devenait une habitude, il arrêta l’ascenseur entre deux étages. La lumière de secours s’éclaira, fournissant une légère lumière bleuté, qui rendait les pages ouvertes du Death Note presque féériques.

* Hum… De quoi vais-je bien pouvoir les tuer ? Et puis, je n’en connais que quelques-un d’entre eux… Voyons voir. Il est temps de faire un essai. Si je marque les détails avant le nom, rien ne prendra effet. Il suffira ensuite d’y mettre le nom de la personne voulue. *

Les détails étaient marqués avec une extrême précision, comme si Ashley était en train de créer un script et que le scénario serait joué tout à l’heure. Une fois qu’il eut fini, il rangea soigneusement le Death Note dans l’intérieur de sa veste. Il faudrait qu’il trouve le moyen de les tuer. Mais il avait mis assez de détails comme ça, pour revenir des toilettes s’il comptait s’éclipser.

* Bien… Je pense que quelques morts suite à une crise de tétanie pourrait être fort sympathique et m’aider quelque peu. Je suis navré pour eux, mais j’ai aujourd’hui besoin du Death Note. *




La Grand Salle de réception avait rarement été aussi garnie de bouquets ronds, de tentures accrochés aux murs. De fausses fenêtres avaient été mises dans tout le bâtiment, et il suffisait de choisir le paysage ou la luminosité voulue pour que les écrans plasmas se mettent à fournir les images voulues. Visiblement, Conrad avait voulu quelque chose d’intime, et avait choisi les terres agricoles entourant la Grange, sous la neige. Ceci ressortait assez bien avec la décoration. Tout était immaculé, comme s’il voulait se donner une image de pureté.

Malheureusement, c’était loin d’être le cas. Ses cheveux étaient toujours aussi gras, plaqués en arrière et maintenant pas une couche de pellicules. Cet homme était vraiment immonde. Il ne pouvait pas être directeur du bureau. Ce n’était pas possible. Il n’en avait pas le droit. Tout ce qui comptait était son image de marque, il n’était pas capable de prendre une affaire en main.

Un étrange sourire illuminait le visage d’Ashley. C’était celui du travail accomplit, des choses rondement menées… du succès. Au moins, une fois ces morts établies il pourrait reprendre le bureau en main, et ces morts lui donneraient un sacré coup de pouce !

Pour l’heure, il n’y avait encore personne. Seul Linderman était en train de donner les dernières consignes aux serveurs et aux cuisiniers. Le directeur s’énervait dans son coin, insultant copieusement un jeune homme qui était en train de mettre les écriteaux sur les tables. Conrad voulait voir à sa table seulement ceux qui l’appréciaient. Décidemment, tout allait de mieux en mieux pour Ashley.

Passant entre les tables, il jeta quelques regards et fit une petite liste de gens à tuer. 6 personnes. Ca serait amplement suffisant. Passant sur la grande estrade, l’agent regarda la salle, avec une impression de domination. Certes, pour l’heure seules les tables remplissaient la salle, mais bientôt, lorsque Conrad ferait son discours tout basculerait.

« Ashley ! Je suis content de vous voir… Vous êtes vraiment ponctuel, ça me fait très plaisir de savoir que je peux compter sur vous. »

Conrad arrivait les bras grands ouverts comme s’il s’apprêtait à embrasser Ashley.

* Touche-moi avec tes vêtements souillés et tu vas voir…*

« Mr le Directeur. »

Avant que ce dernier n’ait eu le temps d’étreindre Ash’, l’agent avait déjà empoigné sa main et la serrait chaleureusement. Il s’efforçait de sourire le plus naturellement possible. A force, tout ceci devenait parfaitement fluide pour lui. Jouer un double jeu était une chose aisée en soit, bien que certaines situations plus ambiguë demandaient un réel sang froid et une prise de conscience et une réflexion rapide.

« Vous mangerez à la table de nos détracteurs. D’accord ? J’ai de proches amis qui seront avec moi et qui me soutiendront durant le discours. Il faudra que vous fassiez en sorte de me rendre comme le meilleur dirigeant possible. Il y aura Wyatt Bordman et Margaret Johnson avec vous. Je peux vous dire qu’ils ne vont pas être tendres. »

* Et je peux vous dire que s’ils meurent, vous êtes dans un sacré merdier…*

« Bien, Conrad. Je ferai de mon mieux pour vous faire bien voir auprès d’eux. Je mettrai en avant votre travail ces dernières années. »

Avec un sourire, ça passait tout de suite mieux. D’ailleurs Conrad le lui rendit, confiant, peut-être trop.

* Je mettrai surtout en avant le fait que vos prouesses n’étaient pas de vous, mais que seule la signature du rapport l’était… Vos magouilles vont vous coûter cher ! Nous sommes 8 par table et je n’ai prévu que 4 ou 5 morts. Malheureusement, je crains que ça aille rapidement très très mal pour vous. *

« J’ai quelques petites choses à faire Ashley. A tout à l’heure. »

Conrad semblait étonnamment serein. Pensait-il réellement qu’Ashley pourrait lui venir en aide ? Se disait-il que ce dernier risquait de se bloquer toute porte d’accès pour la direction du bureau s’il mangeait avec les ennemis de son supérieur actuel ? Quoiqu’il en soit, tout changerait bientôt, la balance penchant d’un côté ou de l’autre.

Le jeune homme décida d’attendre dans un coin, il alla s’asseoir au fond de la grande salle de réception. De là où il était, il pouvait voir tout ce qu’il se passait sans forcément être vu. Il prit le temps de prendre en compte la disposition de la salle, la table où serait Conrad et où se trouverait la sienne. Elles étaient les plus opposées, mais étrangement, la place du nouveau directeur était en pleine ligne de mire de celle où se trouverait Ashley. Voulait-il le surveiller ? Quoiqu’il en soit, ceci lui jouerait des tours.

« Bip… Bip… Bip… »

« Agent Ashley Craft, j’écoute. »

« Allô, Ash’. Les gars reviennent de Suisse. Tu ne devineras jamais ce qu’ils ont trouvé… Des comptes assez étranges à l’étranger. On est en train de vérifier mais il semblerait que de grosses sommes d’argent viennent des Emirats, d’Europe et de l’Est et d’Amérique Latine. Je sais pas du tout ce que c’est, mais j’ai bien peur que les plus grosses mafias mondiales financent le projet. »

Tom était excité comme une puce au téléphone. Il pensait réellement que cette enquête pourrait les avancer pour retrouver le meurtrier de son ancien patron. Ashley écoutait attentivement, devant prendre d’importantes décisions.

« Regarde s’il y a un rapport avec Sullivan. Des acheteurs ou des actionnaires en Angleterre. Quelqu’un qui aurait été arrêté par le bureau ou pire. »

* Bon Dieu de merde… On va bien trouver quelque chose. Mais cet appel tombe au plus mal. Si on trouve un rapport avec la Suisse… même anodin et qu’on fait d’un bouc-émissaire un type filé, qu’adviendrait-il des morts d’aujourd’hui ? *

« Je te laisse, je reviens plus tard. Au fait ! Qu’en est-il de l’équipe pour Oxford ? »

« Aucune idée… Ils se préparent je crois. Il va y avoir un jeune agent qui connaît bien Oxford pour y avoir été étudiant qui va se faire passer pour un. A l’heure actuelle je ne peux rien dire bien que les blogs de l’Université soient plein à craquer du messages pro-Kira. Visiblement, personne n’exclut un éventuel retour de ce dernier. »

« Bien, merci. A plus tard. »

Une fois qu’il eut raccroché, Ashley se dit qu’il devait faire quelque chose, et vite. Lui qui était la veille un simple agent était un meurtrier ! On pourrait même dire un assassin. Il espérait voir tout ce beau monde mourir. Mais maintenant il se retrouvait face à un choix difficile.
Soit il tuait 4 innocents pour faire virer ce crétin de Conrad Linderman, soit il attendait de voir et n’avait plus qu’à espérer que ce repas permette d’avoir un remplaçant. Ashley savait qu’il avait une chance d’être pris, mais il n’était pas à l’abris d’une la nomination d’un parfait inconnu. Puis, s’il osait tuer d’autres personnes, sans doute que L serait appelé.

* Non… L ne sera jamais appelé. La Police et l’Armée préfèrent largement se charger de l’enquête plutôt que de laisser ça à un détective… Certes il connaît l’affaire, l’assassin, il l’a arrêté, mais personne n’a confiance en lui. D’ailleurs, il a enquêté en secret. Donc s’il tient tant à résolver l’affaire il n’aura aucune aide venant de notre part... *

Ashley laissa ainsi vaquer ses pensées durant de longues minutes. Si bien qu’il ne se rendit pas tout de suite compte que les invités arrivaient. Suivant fort bien le protocole, Conrad était à la tête du groupe. Les serveurs s’empressèrent de rallier le beau monde et d’installer les invités. Toutes ces personnes ne semblaient pas du tout emballées par ce repas, une atmosphère électrique était aisément palpable. Rapidement tout le monde fut à sa place, même Ashley qui regardait d’un œil amusé son directeur serrer des mains et en embrasser d’autres.

Une fois à sa table, le jeune homme salua quant-à lui les personnes qui mangeraient en sa compagnie. Wyatt Bordman et Margaret Johnson, étaient en grande discussion sur le décès de John Sullivan, et ne rendirent pas le bonjour d’Ashley.
Wyatt Bordman, est un vieil homme dégarni, aigri, qui trouve toujours le moyen de vous faire un quelconque reproche. Margaret Johnson avait quant-à elle tout d’un poney. Petite, des yeux globuleux, une queue de cheval qui tombe jusqu’en bas du dos et une haleine ignoble. Tous deux travaillaient dans le Département, au service administratif. En somme, leur voix étant un poids important dans les décisions, prises tous les deux ayant le bras assez long.

Il y avait aussi quelques autres personnes moins importantes mais qui détestaient Conrad avec la même ardeur que Margaret et Wyatt. Les sept invités parlaient entre eux, ignorant royalement Ashley, bien que parfois, certaines personnes lui demandaient son avis sur telle ou telle question, sans même prendre la peine d’écouter la réponse. En fait, le jeune homme préférait penser à leur mort plutôt qu’à ce qu’ils étaient de train de raconter. Tout allait comme dans un rêve, le scénario suivait son cours, il lui suffirait de marquer les noms sur le Death Note pour que tout ait lieu. Encore, fallait-il qu’il explique à Hi’fuen que ça ne servait à rien de s’affoler et de faire n’importe quoi dans la salle.

Lorsque Conrad Liderman, sous les applaudissements polis de la part des invités quitta la table pour rejoindre l’estrade, Ashley se tourna vers lui et le salua d’un signe de tête, comme pour l’encourager et lui dire qu’il était derrière lui. Policés, les gens ne disaient plus rien, et un profond mutisme tomba dans la salle. Même les sept à la table de l’agent ne parlaient plus. Une fois que le Directeur se trouva derrière son micro, Ashley prit son Death Note et inscrivit les noms comme il fallait.

Levant une main pour faire signe à un serveur, l’un d’eux alla vers la table des convives portant des flûtes de champagne. Wyatt, Margaret, Bridget, Stuart et Ashley en prirent une. Par ailleurs, tout le monde voyait ceci comme une réelle impolitesse, mais personne ne fit de commentaire, laissant tout le monde prendre sa coupe.

Depuis son estrade, Conrad attendaient que tout le monde lui offre son attention pour débuter. Son discours n’était pas mauvais, mais on voyait bien qu’il n’avait pas la carrure pour débattre longuement sur un sujet. Son exposé était long, platonique, et ne montrait en rien la volonté qu’avait cet homme. Il était temps de voir un peu de changement.

Alors qu’il parlait de l’avenir de l’Agence, Margaret se mit à rire bruyamment, ce qui attira l’attention. Aux tables alentour on entendit des « c’est trop ! », « quel manque de politesse », mais les invités semblaient s’en moquer éperdument, et le Directeur, droit comme un ‘i’ derrière son pupitre tentait de poursuivre sans faire attention aux rires cinglants de la vieille harpie et de son camarade au crâne luisant.

Malheureusement, alors qu’ils portaient leur verre à la bouche, ils s’écroulèrent l’un après l’autre, tombant maladroitement sur le sol, se tenant l’épaule gauche comme s’ils risquaient de perdre leur bras. Très rapidement, tout le monde fut debout, et Bridget et Stuart tombèrent à leur tour, pris de douleurs dans la poitrine. Conrad était affolé, il parlait de malédiction alors que l’on entendait dans toute la salle des : « Kira est de retour ! », « La Justice est encore là », mais on sentait très bien une grosse gêne et une peur.

Ashley se leva furibond et regarda les coupes de champagnes.

* Allez, si tu veux être crédible, souviens-toi de tes cours de théâtre. *

« Mon Dieu ! Qu’est-ce qu’il se passe… Ce n’est pas vrai, le champagne, c’est le champagne. Je… Je m’apprêtais à en boire. ASSASSIN ! ASSASSIN ! QUI A OSÉ ! »

Levant le poing pour plus de réalisme, il regardait Conrad accourir vers lui, alors que les invités fuyaient. Ce repas qui devait décider de son avenir à la direction de l’Agence était un véritable échec. Voilà 4 morts supplémentaires qui s’ajoutaient à celle de l’ancien directeur, celui qui bloquait la route à Linderman pour prendre le commandement de Bureau Analyse et d’Etude.

En moins de deux minutes, la sécurité et un médecin arrivèrent précipitamment. Comme tout le monde s’y attendait, ils étaient tous les quatre morts, mais on ne pensait pas à Kira pour le moment, mais plus à du poison. Après tout John Sullivan n’avait-il pas bu lui aussi du champagne avant sa réunion ? Et Linderman n’avait pas pris en charge le dossier des terroristes qui l’empêchait d’accéder au poste tant voulu.

Les invités stupéfaits regardaient les brancards emporter les quatre cadavres, alors qu’Ashley était entendu par des collègues. Le jeune homme, la chemise ouverte, les cheveux ébouriffés et une poche de glace sur la nuque était pris par ses pensées. Il n’avait en effet rien demandé à Hi’fuen, et ce dernier avait été quelque peu mené en bateau, mais l’important n’était pas là. Maintenant qu’il avait réussi à faire correspondre Conrad avec ces meurtres, il lui fallait des preuves solides.

Il se souvint des comptes mystérieux de ce laboratoire ‘pharmaceutique’ en Suisse, ainsi que les application du Death Note dont il venait de prouver la magnificence. Il lui serait très simple de choisir un information de l’Agence et de lui faire hacker les comptes pour créer des preuves tangibles, avec des transferts de fonds venant du compte de Conrad vers ceux du laboratoire. Encore lui fallait-il assez de temps pour écarter tout le beau monde qui s’était réunit autour de lui.

Ashley cherchait des yeux son supérieur, mais ce dernier avait été emmené par la Haute Direction pour s’expliquer sur ce qu’il s’était passé. Bien évidemment, dans pareil cas, Kira avait bon dos, et il était facile de se cacher derrière un être imaginaire ou arrêté par le meilleur détective du monde. Malheureusement pour Conrad et Ash’, le temps jouait contre eux et il fallait faire vire.

Avec son éternel sang-froid, l’agent se leva de sa chaise et se dirigea vers la porte, sous les regards de tous les convives qui le regardaient. Il avait remis sa cravate et sa veste, s’était repassé la main dans les cheveux pour les remettre un peu en ordre et semblait de nouveau tout à fait opérationnel. D’ailleurs, lorsqu’un invité lui demanda s’il se sentait bien, ce dernier lui dit qu’il avait du travail à reprendre, une enquête à mener et un coupable à démasquer. Bien évidemment, tout le monde pensait à ce moment à Linderman, qui, pour montrer son aplomb dans des moments critiques, avait fini par se reprendre et à ne montrer aucune peur, chose particulièrement étrange, alors que tout le monde s’attendait à le voir apeuré.

Le fonctionnaire quitta ainsi la salle, sous les applaudissements discrets de quelques personnes qui l’avaient entendu, et qui avaient considéré ses propos comme ceux d’un véritable leader. Il avait fait le plus gros du travail, il ne lui restait dorénavant plus qu’à se tourner vers les détails, et le moyen d’inculper Linderman.

Une fois arrivée devant la ligne d’ascenseur et la cage d’escalier, il se hâta d’en prendre un et fit en sorte de rejoindre l’étage des bureaux le plus rapidement possible. Bien évidemment, et cela devenait une grand habitude, il stoppa la cabine entre deux étages et ouvrit son Death Note.

* Mike Cluster… Il ferait une parfaite victime. *

Au bout de dix minutes il eut le temps de préméditer dans les moindres détails les actions que devrait faire l’informaticien avant de finir son service, puis de rentrer chez lui, d’ouvrir le gaz maladroitement et de mourir asphyxié tentant d’échapper à une mort certaine, mais inéluctable. Même si l’on arrivait à remonter jusqu’à lui, personne ne saurait qui était à l’origine de cet incident, ainsi que de la falsification des documents.

Mais de toute façon, personne n’irait se tourner vers lui, il était jeune, peu connu au Bureau et ne se montrait guère bavard. D’ailleurs, Ashley avait eu avec que quelques échanges, mais il s’avérait qu’il était très fort dans son domaine, et que sa solitude en faisait une cible privilégiée.

A l’étage, personne n’était encore au courant de ce qu’il s’était passé, et Ash’ n’avait pas réellement envie de leur en parler. Il avait d’autres chats à fouetter, entre autre se préparer pour l’arrivée de la délégation, qui devrait inévitablement le nominer à la place de Directeur et mettre ainsi Conrad en prison pour meurtre. Une page allait bientôt se tourner, laissant place à un nouveau chapitre, bien meilleur celui-ci !

« Alors Hi’fuen, t’es-tu bien amusé ? »

Sur ces mots, le jeune homme quitta la cage d’ascenseur et fit face à l’armée grouillante qui ne se doutait encore que Kira allait faire d’eux ses pantins et les mener dans une bataille contre le Mal.


[Youpi ! J'ai enfin eu le temps de finir ce sacré post... Je poste la fin, en attendant une réponse de Mister Hi'fuen !]

Hi'fuen avait suivi Ashley dans la grande salle des repas, observant le chef de service temporaire : Conrad Lindermann. Celui-ci avait tout du faible et du méprisé. Mais cela n'était pas le sujet favori d'Hi'fuen : il préférait tuer et se repaître des derniers instants de ses victimes plutôt que d'ainsi ourdir une vengeance subtile qui finalement ne lui convenait pas tellement. C'est pour cela qu'il appréciait tant ce plan d'Ashley : finalement assez simple mais surtout qui lui permettait d'agir et de mettre des humains en état de terreur ! Et au vu des invités qui commençaient à pénétrer dans l'immense salle à manger, il n'allait pas avoir grand mal à se faire passer pour une créature mortellement dangereuse et vouée à la perte de ceux qu'elle voyait, ce que quelque part était un Shinigami...

C'est dans cette optique qu'Hi'fuen fit le tour des invités, tentant de repérer les plus faibles qu’il pourrait tuer et les plus résistants, ceux qui poseraient des problèmes et qu’il faudrait effrayer au mieux... En quelques minutes, il eut à peu près fait le tour et avait repéré des éléments conspirateurs qui n’aspiraient qu’a prendre la place de Conrad ou celle d’Ashley. Le Shinigami avait fini sa ronde quand Conrad quittait sa place pour grimper sur l’estrade. Hi’fuen s’amusa de voir des humains résister à la politesse la plus élémentaire même sous les huées des invités. Il se glissa dans le plancher pour surgir comme un diable de sa boîte au signal promis par Ashley ! A peine fut il à l’étage inférieur, car il est tout de même inconfortable de se reposer coincé dans un mur ou dans l’épaisseur d’un plancher, qu’il entendit des cris et une vive agitation à l’étage supérieur.

Le Shinigami après être remonté aperçut immédiatement les cadavres et comprit qu’Ashley s’était quelque part moqué de lui. Il eut à ce moment une poussée de rage puisqu’au lieu de l’action promise il n’avait approximativement rien vu. Hi’fuen ressassait ces sombres pensées lorsqu’il entendit Ashley hurler à l’assassin. Et cet évènement sauva sa journée : il s’aperçut que si on prononçait des paroles avec suffisamment d’autorité et de prestance, n’importe qui était prêt à gober un mensonge surtout si celui-ci n’était pas totalement invraisemblable. Hi’fuen vit ainsi le fonctionnaire se faire soigner alors que c’était lui qui avait tout organisé, et il ne risquait donc rien. Le Shinigami écouta encore un peu les mensonges déblatérés par « son » humain avant de se tourner vers le principal accusé : Conrad.

Il retrouva le minable directeur aux cheveux grassouillets en compagnie de deux messieurs qui ne lui voulaient apparemment pas que du bien. Et cela, comme à peu près la majorité des malheurs des humains réjouissait le Shinigami.

*Voilà ce qui arrive aux faibles, aux incapables et aux irrespectés. Dommage pour toi Conrad, tu étais les trois à la fois et maintenant c’est ta propre meute qui t’élimine. Comme on dit maintenant et pour résumer : mort aux losers !*

Hi’fuen n’avait pas fait attention qu’il avait suivi le chef provisoire du Bureau mais il se reprit au moment où il franchit les portes de la Grande Salle. Il se retourna pour voir Ashley toujours occupé avec ses « fans ». Il vit le fonctionnaire se lever et s’en aller sous des applaudissements ce qui faisait de sa sortie presque l’égale de l’entrée de Conrad. Voilà qui ne manquait pas d’ironie. Après qu’Ashley l’eut rejoint, le Shinigami le suivit jusque dans l’ascenseur. Il vit une nouvelle fois les lumières bleutées s’allumer pour signaler un arrêt d’urgence et surtout, il vit le cahier noir sortir de sa pochette. Il se pencha par-dessus l’épaule d’Ashley pour voir ce que ce dernier écrivait et trouva cette idée brillante une fois de plus : il fabriquait ainsi de fausses preuves qui le débarrassait de soupçons, qui inculpaient Conrad et le tout sans laisser de témoins. Voilà qui était assez brillant.

Le fonctionnaire posa une question à son Shinigami, lequel s’empressa de se composer un rôle de boudeur :
« Et bien je ne peux pas dire que je me sois amusé. C’était intéressant mais je n’ai rien fait. Or pour m’amuser j’aimerais agir. Pas forcément en apparaissant à des gens mais en accomplissant des actions que normalement on ne pourrait accomplir. »


De cette manière Hi’fuen espérait qu’Ashley lui confierait des tâches ce qui pourrait lui permettre d’intervenir et ainsi de se libérer de cet humain, par exemple en inspirant certaines informations à cet autre Kira...

L’Homme est un ange frappé de folie. Jadis, ils avaient tous été de véritables anges, et à ce moment là, ils avaient le choix entre le Bien et le Mal. C’était facile, très facile, d’être un ange. Alors, quelque chose qui était arrivé, avait mal tourné, s’était brisé, ou encore s’était échoué. Et le choix qui s’était depuis lors posé à eux ne se résolvait pas à préférer le Bien ou le Mal, mais à distinguer quel était le moindre mal. Sous la poussée du paradoxe, leur esprit avait cédé, et ils étaient maintenant des hommes. *

Ashley avait donné les nouvelles directives, annonçant à l’ensemble des enquêteurs la mort d’invités, et le fait que lui-même se trouvait sur la liste. Certains parlaient d’un vaste complot contre le nouveau directeur, d’autres préféraient croire qu’il était l’assassin de leur ancien chef. Pour que tout le monde se range de son avis, Ashley avait demandé à ce que les comptes soient épluchés dans les moindres détails afin de permettre de voir si une piste remontait jusqu’à Linderman… Malheureusement pour ce dernier, quelques piratages de sites et falsifications de documents allaient prouver sa culpabilité. Après tout, ce n’était pas un moindre mal pour tous que de voir Conrad ailleurs qu’à l’Agence, et avec toutes ses magouilles ces dernières années, la prison lui était amplement méritée.

L’agent était installé derrière son bureau, un verre d’eau à la main. Le bruit lui devenait très vite insupportable, et il aimait à se retrouver là, au calme, confortablement installé dans son fauteuil en cuir. L’écran de son ordinateur, placé sur un coin de son bureau, clignotait, il avait reçu un mail. Cliquant sur la fenêtre, il tomba sur un dossier assez conséquent, apparemment les rapports préliminaires sur le laboratoire suisse, tout semblait concorder.

* Bien, bien. L’araignée tisse peu à peu sa toile, dans l’espoir qu’un insecte vienne s’y piéger… Malheureusement, cette fois-ci se sera au tour de Conrad. Mais ensuite ? *

Ensuite ? Il y réfléchirait plus tard. Derrière la vitre teintée, une forme se mouvait en direction de sa porte. A en juger par la silhouette, ce devait être une femme, peut-être pour lui poser des questions sur ce qu’il venait de se passer. Il devrait raconter une nouvelle fois les faits tels qu’ils s’étaient produits, faisant entière confiance à sa conscience pour ne pas qu’elle ne lui dicte de fausses choses. Mais ce ne serait pas difficile, lorsque l’on se prépare justement à être questionné par la suite.

A sa plus grande surprise, la personne ne frappa pas, elle semblait attendre quelqu’un, peut-être qu’il vienne lui ouvrir la porte. Il avait dorénavant le choix, soit aller ouvrir et cueillir le visiteur sans qu’il ne s’y attente ou attendre pour voir ce qu’il se passe. Ashley préféra le seconde option et eut raison. Quelques secondes passèrent, puis un petit groupe arriva devant la porte fumée. Vraisemblablement, c’était des personnes importantes car elles étaient encadrées par les gardes armés, reconnaissables à leur uniforme vert kaki.

Sans sourciller, le jeune homme se décida à faire entrer les visiteurs :

« La porte est ouverte, vous n’avez qu’à venir. »

Dans l’encablure, passèrent donc 5 représentants du Département, leur pass accroché sur les uniformes impeccables. Le rêve le plus fou d’Ashley semblait enfin se réaliser… Peut-être était-il endormi sur son bureau ? Non, ça ne pouvait pas être ça, c’était bien réel.

« Agent Ashley Craft ? »

L’homme le plus âgé avait pris la parole. Sans doute était-il à la tête de ce petit groupe. Ashley acquiesça, comme si c’était une évidence.

« Que puis-je pour vous ? »

« Je vais faire vite. Avec l’arrestation de Monsieur Conrad Linderman pour le meurtre de 19 personnes avec des substances chimiques et peut-être mêmes radioactives illégales, il lui faut un remplaçant et vite à la tête de l’Agence… »

* Comment sont-ils déjà au courant pour le laboratoire ? *

« … D’après vos états de service, vous semblez être la personne la plus compétente pour ce poste. Je ne vous le demanderai qu’une seule fois, et ne chercherai en rien à vous y forcer. Voulez-vous prendre la direction du Bureau D’Etude et D’Analyse de Département de la Sûreté Nationale ? »

* Accepte ! *

« Oui, bien entendu. Après ce qu’il s’est passé aujourd’hui, il est tout à fait normal que je désire prendre la direction de ce Bureau. Je connais tous les agents qui y travaillent, je suis un homme de terrain et je pense donc pouvoir aider durant les enquêtes que ce soit en tant que directeur ou en tant que simple agent. »

« Et bien dans ce cas, toutes mes félicitations. J’espère que vous nous excuserez de ne pas proposer un nouveau repas pour officialiser votre demande, vous aviez été choisi par la Direction dès lors que la nouvelle de la mort de votre ancien Directeur nous avait été communiquée. »

« Bonne chance monsieur Craft. »

Les 5 représentants se levèrent des fauteuils et du canapé sur lesquels ils avaient pris place, et laissèrent ainsi Ashley savourer sa victoire.










[Un p'tit post qui sent les vacances ! Et voilà Ashley qui passe du rang de fonctionnaire à celui de Directeur du BADESN (Bureau d'Analyse et d'Etude du Département de la Sûreté Nationale). Si Gaby pouvait faire le changement. Bonnes fêtes ! ]

* Passage tiré de : « Le guérisseur de cathédrales » de Philip.K.DICK

ERRATA: Je m'en suis rendu compte un peu tard, c'est BAEDSN pas l'aut' machin chose là.

De retour, personne a posté. Vous m'attendiez ?