Découverte

La matinée était enfin terminée… Comme ça avait été long ! Enfin, ce n’est pas tous les jours la rentrée après tout. Maya sortit du grand bâtiment Saint Cross de l’Oxford Law Faculty, où se trouvait toute l’administration concernant ses études de droit – en plus d’être le lieu privilégié des séminaires et autres conférences importantes. Elle se retourna un instant pour observer l’impressionnant édifice. Impressionnant ou étrange en fait, selon les opinions. Il était composé de trois ‘cubes’ principaux, eux-mêmes organisés en plusieurs blocs de différentes tailles assemblés, qui donnaient une forme assez spéciale à l’extérieur du bâtiment : les blocs du rez-de-chaussée, où se trouvaient les divers espaces de travail réservés aux ‘graduates’ (élèves ayant obtenu leur licence) et quelques bureaux, étaient les plus petits. Au 1er étage, les blocs de l’administration et des salles de conférence avaient une plus grande surface. Enfin, les derniers blocs du 2e étage où se trouvait la grande bibliothèque de droit – la renommée Bodleian Law Library – étaient encore de différentes tailles, soit plus petites, soit plus grandes. Tout cela se traduisait à l’extérieur par la formation de « couches » de grandeurs, de longueurs et de largeurs complètement différentes. La comparaison avec une roche sédimentaire vint tout de suite à l’esprit de Maya. Ce « désordre » artistique la dérangeait intérieurement, elle qui aimait que tout soit parfaitement ‘carré’. Oui, ce bâtiment était bien étrange, heureusement qu’elle n’avait pas à y venir trop souvent !


Maya soupira et s’éloigna. Sa 5e année à Oxford allait commencer et elle s’annonçait bien compliquée. Le prix de ses études avait encore augmenté. Elle savait qu’à partir du moment où elle deviendrait une ‘graduate’, les prix exploseraient (ce pourquoi beaucoup d’étudiants arrêtent leurs études à ce moment-là) et elle avait déjà eu du mal à se débrouiller pour tout gérer l’année précédente, mais cette année, elle ne pourrait plus se permettre beaucoup d’écarts malgré sa bourse et son petit boulot, voir même abandonner son désir de vivre à l’extérieur du campus chez les Green, le couple de personnes âgées qui lui louait une chambre. Cela lui pinça le cœur. Elle avait fini par apprécier ce petit couple tranquille de retraités et elle repensait soudain à ces quatre dernières années en leur compagnie… enfin compagnie est bien un grand mot ! Les première et deuxième années, elle ne leur avait quasiment jamais adressé la parole, excepté lors de la signature du contrat de location. Le couple n’avait rien à dire après tout, Maya était une locataire idéale : elle était silencieuse, ordonnée, propre, elle rendait service aux tâches quotidiennes et n’invitait pas d’étudiants ‘bizarres’. Tout cela était peut-être des défauts tant ils étaient poussés à l’extrême pour certains, mais ce n’était pas leurs affaires ! Puis l’année de ‘graduation’, elle avait été tellement prise par ses études, puis par son travail le soir, que les Green avaient commencé à lui donner quelques coups de mains, toujours très discrètement : son frigo était rarement vide, la chambre était toujours nickel, si du matériel s’abîmait, il en apparaissait du nouveau. Maya ne disait rien, mais quand elle rentrait dans sa chambre, elle était toujours émue de voir les petits changements qui s’étaient produits. Quand elle avait eu son diplôme, ils avaient fêté ça chaleureusement à trois avec une coupe de champagne. Même si elle refoulait le plus possible ses sentiments, Maya avait quand même fini par adopter ces personnes. Et maintenant, il fallait partir… *Voilà pourquoi s’attacher est inutile…* Ils lui proposeraient sûrement de rester à moindre prix, voir gratuitement, mais elle ne pouvait pas accepter qu’ils se ‘sacrifient’ pour elle (ils n’étaient pas vraiment riches). Maya était seule et comptait se débrouiller seule ! Même si c’était un peu douloureux… Elle avait de toute façon quelques jours pour préparer ça, puisqu’elle avait prévenu qu’elle resterait dormir à Exeter, son ‘college’, quelques jours. Elle avait une chambre gratuitement – enfin comprise dans le prix exorbitant des études – et en profitait parfois, quand le travail était trop soutenu, même si elle n’était pas très fan de la vie de campus… Les parties de cache-cache dans les chambres des autres, les descentes de pubs, ce n’était pas sa tasse de thé ! *Il va certainement falloir que je m’habitue à tout ce boucan maintenant…*

Maya perdit soudain le fil de ses pensées. Elle avait bousculé quelqu’un alors qu’elle errait dans les rues pour rejoindre Exeter. Et il fallait que ce soit Carla Jones ! Carla était grande et fine, avec de longs cheveux bruns arrivant au bas du dos, souvent attachés en une demi queue de cheval. Elle était toujours habillée de vêtements luxueux – même ses jeans étaient extrêmement classes – qui la faisaient ressembler à une princesse moderne. Rien de bien méchant, si ce n’est quand on commençait à s’intéresser à sa personnalité… Issue d’une famille de la haute société londonienne, Carla s’est toujours sentie supérieure à tout le monde, et n’a jamais hésité à le montrer depuis qu’elle est petite. Cela allait des privilèges en classe par des profs apeurés, à son rang obligatoire de chef de bande parmi ses amis – ou ses laquais pour la plupart. L’adolescence avait été une époque charnière pour la jeune fille puisqu’elle en avait assez d’être traitée comme une gosse de riche par ses camarades. Elle a donc commencé à se rebeller contre ses parents et la société en faisant les pires choses : racket des plus jeunes, vols à l’étalage, agressions, consommation de stupéfiants et d’alcool… La liste était longue, mais celle des avocats de papa-maman aussi, et elle s’en sortait donc toujours parfaitement et recommençait avec plus d’acharnement. Ses parents étaient certainement désespérés, mais ils continuaient de protéger leur fille ‘à leur manière’. Et aujourd’hui, elle est étudiante à Oxford, en 4e année de littérature américaine à Exeter – enfin ce sont de biens grands mots puisqu’elle ne fait absolument rien tout en sachant qu’elle passera forcément. Carla, quand elle y pensait, avait pris Maya en grippe depuis leur toute première rencontre. Comme Maya venait des Etats-Unis, Carla voulait que celle-ci l’aide à écrire ses essais de littérature, en échange bien sûr de tous les privilèges que l’on obtient quand on est dans la ‘bande’ de la jeune femme.

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« Eh l’Américaine ! T’as déjà dû étudier Hawthorne dans ton pays non ? Ecoute, j’ai un essai important sur ‘The Scarlet Letter’ et le prof me lâche pas ! File moi un coup de main hein, et tu pourras faire partie de mon groupe, même si tu n’es pas dans ma filière »

Maya avait levé les yeux, surprise qu’on lui adresse la parole, avait regardé son interlocutrice et son entourage, composé de trois personnes, très lentement, sans trahir une seule émotion. Elle avait entendu tout le raffut que l’arrivé de cette personne avait causé à Exeter et ne voulait absolument pas rentrer dans un groupe aussi bruyant – et hypocrite au passage à ce qu’elle avait vu. Elle rebaissa les yeux et continua sa marche, passant devant une Carla sous le choc.

« Désolée, j’ai du travail à finir. » dit-elle d’une voix calme

« Qu’est-ce que c’est que cette attitude ?! Tu te crois supérieure à moi ? » hurla Carla

« Non, mais je n’ai pas le temps de t’aider. Il doit bien y avoir une personne dans ton entourage ou dans ta classe qui l’a lu et qui peut t’aider non ? Tu demandes à la mauvaise personne… »

Maya eut un frisson qui la parcourait en entendant les paroles de Carla. Cela lui rappelait de mauvais souvenirs… Fort heureusement, une personne comme Carla était trop imbue d’elle-même pour attaquer une personne ‘seule et inintéressante’. Cependant, quand les deux jeunes femmes se croisaient, il y avait comme un feu silencieux qui s’animait autour d’elles. Les autres s’amusaient beaucoup de cette ambiance, et il y avait même des étudiants qui supportaient Maya. Souvent Maya continuait son chemin en regardant droit devant elle et Carla faisait un commentaire salace sur les cheveux de la jeune femme, de sa personnalité, de sa froideur, bref, rien de très intelligent. Une fois, elles avaient failli en arriver aux mains, tant Maya, agacée par l’égocentrisme de sa ‘rivale’, lui avait dit ses quatre vérités. Maya avait alors regretté son comportement car elle ne soupçonnait pas la violence ‘cachée’ de Carla. Ce fut à ce moment qu’elle apprit toute son histoire et préféra éviter de la croiser.

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Mais aujourd’hui, elle l’avait bousculé. Sans le vouloir, mais le mal était fait. Carla la saisit par le col et la souleva – oui, Carla était non seulement grande, mais aussi forte.

« Et alors p’tit bout ?! Faut faire attention quand tu marches ! Oh mais c’est ma Mayoune préférée ! Bonjour Mayoune ! Tu as un peu de temps à me consacrer aujourd’hui ? Après tout, si tu as pris le même chemin que moi, c’est que tu ne veux plus m’éviter ! …Regarde-moi Walker ! »

Maya leva les yeux aussi doucement que mécaniquement. Tout en repoussant fortement la main de Carla, elle la salua froidement.

« Bonjour Carla, toujours en forme à ce que je vois… Tes études se passent bien ? »

« Et depuis quand ça t’intéresse, hein ?! Tu ferais mieux de t’excuser humblement pour m’avoir bousculé !! »

« Ah... Désolée, je ne faisais pas attention... Si tu veux bien m’excuser, il faut que j’y aille… » dit Maya machinalement.

« Pourquoi on ne croit jamais à tes paroles Walker ?! Ce ne sont pas des excuses que tu me fais là !! Tu m’énerves vraiment à faire ta supérieure !! »

Mais Maya partait déjà, sans faire attention. Elle avait repéré des surveillants et profité de leur observation de l’événement pour se retirer calmement. Elle entendit par contre derrière elle Carla murmurer « tu me le paieras », ce qui ne la rassura pas.

*Eh bien, une bonne année qui s’annonce…*.


Elle arriva enfin dans la cour intérieure d’Exeter – la distance entre le bâtiment Saint Cross et le ‘college’ est assez courte, environ 20 minutes de marche. Elle observa les bâtiments dans lesquels elle allait passer encore une année. Tout du moins l’équivalent d’un semestre puisque cette année, elle devrait faire un stage dans un pays européen, obligatoire pour valider ses examens de fin d’année. Elle aimait cette université : d’anciens bâtiments très impressionnants, de la verdure partout autour d’elle, des fleurs, un campus agréable. Un vrai petit paradis ! Toutefois, alors qu’elle reprenait sa marche, quelque chose bouscula son ‘paradis’ et attira son attention. Par terre et dans l’ombre entre deux bâtiments, elle remarqua la présence d’un cahier complètement noir, tout ce qu’il y a de plus banal sur le campus. Et pourtant, elle ne réussit pas à le quitter du regard.

*Maya, Maya… Si tu prends ce cahier, tu prends la responsabilité de devoir en retrouver le propriétaire. Ce qui signifie parler à des gens pour trouver à qui il appartient, et dans une si grande université, c’est un peu comme chercher un aiguille dans une botte de foin… Et donc parler pour rien…*

Sa technique de persuasion mentale fonctionna alors qu’elle s’éloignait du cahier. Mais sa réussite fut de courte durée : Maya ne pouvait expliquer une telle curiosité envers quelque chose d’aussi stupide, d’aussi banal, mais elle ne pu s’empêcher de retourner vers le cahier. En s’approchant, elle vit d’étranges lettres sur la couverture noire du cahier, brillantes grâce à un pâle reflet de soleil venant pourfendre l’ombre, mais inintelligibles. Elle tendit la main vers le cahier, comme si ce dernier l’appelait, puis le saisit. Elle caressa doucement les lettres qu’elle ne comprenait toujours pas et ouvrit le cahier. A l’intérieur, les mêmes ‘mots’ étaient recopiés avec cette fois quelque chose de plus intelligible en dessous qui correspondait certainement à une traduction : Death Note. Il n’y avait rien d’autre, juste ces mots. Maya fut d’abord étonnée, puis déçue.

*Les gens ne savent plus quoi inventer…*

Malgré ça, elle mit le cahier dans son sac puis se dirigea vers le bâtiment qui la logerait les prochains jours.

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[intro un peu longue peut-être, mais ça met certaines choses en place pour moi La suite sera j'espère un peu plus intéressante ^^]

Bizarrement, contrairement aux vacances passées à travailler durement pour mettre de l’argent de côté, la rentrée était vraiment une partie de plaisir pour Maya. Peut-être parce que les cours n’avaient pas encore commencé, vu que la semaine actuelle était consacrée aux entretiens sur les projets des étudiants et aux diverses conférences concernant l’année à venir. Peut-être aussi parce que les cours allaient aussi être moins nombreux !

Maya avait réussi avec brio à continuer dans la filière qu’elle avait souhaitée : le droit lié à la criminologie et la justice criminelle. C’était une filière où peu étaient acceptés mais la plus intéressante selon Maya, le reste étant plutôt ‘commun’. L’année passée, elle avait fait partie d’une cinquantaine de ‘chanceux’ à intégrer cette classe, très récente dans le programme de droit d’Oxford, et avait obtenu avec mention son Master of Science en criminologie et justice criminelle (MSc), un programme d’un an qu’on peut compléter avec le Master of Philosophy (Mphil), qui dure aussi un an, encore plus difficile d’accès, constituant le tremplin idéal pour ceux qui désirent poursuivre leurs études sur un doctorat. Maya ne savait pas si elle continuerait après cette 5e année d’études, mais les cours étaient tellement intéressants qu’elle voulait poursuivre cette voie encore un peu. Après moult entretiens où elle dut montrer ses talents, sa motivation et sa dévotion envers ses études, Maya fut acceptée dans cette classe spéciale.

Les deux jours suivant la rentrée avant été consacrés à la constitution de son emploi du temps, et c’est là que tout changeait : quelques cours magistraux dans la semaine (droit criminel, méthodes de recherches empiriques, histoire, sociologie), des conférences, des séminaires, et des ‘TD missions’ dispersés avec différents membres de la police. Cela représentait beaucoup moins d’heures que les années précédentes. Après tout, l’année était surtout réservée à l’écriture d’une thèse de 25 000 mots sur un sujet en rapport avec ses études et qui finalement définirait les cours ou les TD auxquels la jeune femme assisterait principalement. Le point par contre qui l’intéressait le plus était bien évidemment le stage à l’étranger où elle devrait intégrer une équipe d’investigation pendant plusieurs semaines. * Enfin du concret ! * Maya se faisait aussi une joie de retrouver le centre de criminologie d’Oxford tout près des cours de tennis à l’est de l’université (à environ 30 minutes de marche d’Exeter) et de pouvoir à nouveau disséquer les phénomènes criminels, d’utiliser psychologie et méthode pour réfléchir et agir sur la criminalité, le criminel et sa victime, mais aussi et par extension la prévention du crime, la réaction sociale face au crime, la place des victimes dans le processus criminel, les instances de lutte au crime, l'étude de la violence physique ou morale, et encore maints sujets intéressants. Maya hésitait encore sur le thème de sa thèse. A ce qu’elle avait entendu, plusieurs étudiants avaient déjà proposé l’écriture d’une thèse sur Kira, l’un des plus grands criminels de cette ère selon eux. Maya y voyait peu d’intérêt.

* Je ne comprendrais jamais ce que les gens trouvent en Kira d’admirable ou de détestable. Ce n’est ni plus ni moins qu’un criminel. Un tueur de criminels de surcroît ! Quel intérêt ? Je préfèrerai trouver un criminel plus intéressant ! Et comme il n’existe pas, je vais certainement devoir me taper une thèse sur le besoin de réformes des lois criminelles en Angleterre ou l’évolution des mafias en Chine si je ne trouve rien…*

Pendant qu’elle pensait à ces derniers jours, Maya arriva bientôt à l’étage de sa chambre. Elle revenait tout juste d’un entretien avec son superviseur, Stephen Norton, sur le thème de sa thèse et aussi sur quelques conseils pour l’année. Encore une fois, il lui avait demandé de ne pas travailler à côté de ses études, au risque de rater celles-ci. Maya avait acquiescé sans vraiment répondre à cette attente. * Ils sont marrants eux, je ne suis pas une fille à papa, je ne suis pas riche et si je veux continuer à étudier, j’ai intérêt de bosser ! * Pour la convaincre, il lui avait proposé quelque chose de plus officiel : les étudiants de 5e année étaient autorisés à donner des cours de soutien à leurs cadets avec rémunération à la clé (et une meilleure appréciation sur le dossier scolaire). Maya était plutôt intéressée, même si ça ne l’enchantait pas de devoir passer du temps avec des gens – et puis de toute façon, elle garderait son boulot d’informaticienne, que Norton le veuille ou non.

Maya entra à ce moment-là dans sa chambre, ce qui arrêta le fil de ses pensées. * 18h ? Eh bien, une bonne petite journée de terminée ! * C’était une chambre tout ce qu’il y avait de plus simple : un lit, un bureau et quelques étagères remplies de livres de droit, de romans anglais, américains et français et de quelques mangas. Près de la fenêtre se trouvait une petite table avec quelques revues et un cactus de taille moyenne qu’un garçon lui avait offert en 3e année. Elle n’avait pas trop compris si c’était une blague ou si c’était une tentative de drague, mais elle n’y avait jamais donné suite. Elle avait par contre gardé le cactus car il demandait peu d’entretien et offrait une présence verte à cette chambre si morne. Elle y venait peu en principe mais appréciait qu’elle soit quand même suffisamment fournie et agréable pour l’accueillir. Elle prit une cannette de coca dans le petit frigo et s’installa à son bureau. Son premier réflexe était souvent d’allumer son ordinateur portable pour aller se détendre en surfant sur le net mais bizarrement ce soir-là, elle n’avait pas trop envie d’entendre de bruit… enfin pas en plus du boucan qu’il y avait déjà à l’extérieur ! * Bon sang ! Je me demande si on est dans l’une des universités les plus sérieuses au monde ou dans un ‘bordel’…* Elle ouvrit son sac et en sortit toutes ses affaires. Au bout de 3 jours, il pesait déjà une tonne selon elle, alors il était temps de le vider. Elle feuilleta les divers polycopiés remis pour les conférences à venir, les pays et les postes disponibles pour les stages et les biographies des intervenants. Beaucoup de paperasses qu’elle décida de mettre de côté pour l’instant. A l’instant où elle retira la dernière feuille, elle remarqua un cahier noir.

* Tiens, j’avais oublié ça ! *

Elle le regarda sans bouger, comme hypnotisée, puis sa main vint caresser la couverture à nouveau, tout comme le jour où elle l’avait trouvé. * C’est drôle, je me demande comment j’ai fait pour oublier ça… Pourtant, je l’ai pris parce que j’étais intriguée…* Elle ouvrit le cahier et vit à nouveau les lettres inintelligibles et en dessous, ce qu’elle considérerait comme une traduction : Death Note. Elle s’interrogea : * Qu’est-ce que ça peut bien vouloir dire, un carnet de la mort ?* En feuilletant, elle remarqua que ledit carnet était totalement vierge, excepté sur le verso de la couverture. Il y avait d’autres lettres ou mots incompréhensibles, mais devant eux, il y avait des chiffres romains : I, II, III, etc. Elle se demanda ce que cela pouvait signifier. *Des consignes ? Des idées ? Mais c’est quoi ce cahier ? Et en quoi c’est écrit ?* Beaucoup d’idées lui traversaient l’esprit : une blague, le nom du cahier donné par un étudiant suicidaire, un cahier de partage où tout le monde mettrait le nom de la personne qu’il souhaite voir mourir, un carnet de jeu de rôle… Ce Death Note pouvait être tout et n’importe quoi ! Elle se sentait presque contrariée et insultée de ne pas comprendre pourquoi un individu avait écrit ce genre de choses et de cette manière, elle qui était habituée maintenant à étudier la psychologie des gens selon leurs possessions et caractéristiques. Néanmoins, avant qu’elle n’ait le temps de pousser sa réflexion plus loin, son portable sonna.

- Allo ?
- Bonsoir Maya, c’est Stephen Norton. Je ne vous dérange pas j’espère ?
- Non… Vous avez oublié de me dire quelque chose Stephen ?
- Eh bien, c’est au sujet des cours de soutien. Vous savez, pour gagner un peu d’argent de poche ! Il se trouve que si je vous l’ai proposé, c’est parce qu’une personne était intéressée et vous avait désigné comme la meilleure dans cette matière… Il s’agit de littérature américaine… Je vois que vous avez toujours pris une option de littérature durant votre licence et que vous étiez extrêmement douée. Vous seriez intéressée ?
- * C’est marrant, je sens le coup fourré venir…* Oui, oui…
- Prenez de quoi noter alors. Le rendez-vous pour les tutorats est ce soir à 20h00 à la Bibliothèque Bodléienne dans la salle 108…

Maya cherchait de quoi noter. Elle saisit un stylo et remarqua qu’elle n’avait plus de post-it. * mince ! * Elle attrapa alors le cahier, l’ouvrit et écrivit sur un bout de page vierge

« 20h00 à la bibliothèque bodléienne, salle 108… »

- … Vous y verrez plusieurs personnes car c’est une première soirée pour voir les réels besoins du tutorat. Vous y rencontrerez aussi votre ‘élève’, Mlle Carla Jones ! J’espère que tout ceci vous convient Maya.

« 20h00 à la bibliothèque bodléienne, salle 108 : Carla Jones »

- * Ah, bah le voilà mon coup fourré… Bon, on verra bien ! * J’y serai alors Stephen. Merci bien. Au revoir.

Elle raccrocha avant même d’entendre son superviseur la saluer. Voilà de quoi contrarier ses plans de tranquillité, mais bon, l’appel de l’argent semblait plus important cette fois : la vie à l’étranger est chère après tout ! Et ici aussi d’ailleurs ! Maya se dirigea vers son lit et s’y allongea * une petite sieste ne me fera pas de mal ! *.

Quand elle se réveilla, il était déjà 19h30. Surprise, elle se dépêcha de se préparer et fonça en direction de la bibliothèque bodléienne tout en sachant qu’elle arriverait sûrement avec quelques minutes de retard. Elle regarda une dernière fois sur son bureau ce qu’elle avait écrit dans le cahier.

* Ok, alors on est dans la salle 108 ! C’est parti Mayoune, un petit effort et tout ira bien ! *

Elle prit son sac et se précipita vers son lieu de rendez-vous. Elle courait aussi vite qu’elle pouvait et atteignit la place de la grande bibliothèque. A ce moment-là, Maya entendit le clocher principal d’Oxford retentir

DING DONG DING

* Eh mince ! 20h00… Allez encore un effort et c’est bon ! *

Elle fit les derniers mètres qui la séparaient de l’entrée de la bibliothèque. A peine entrée, elle entendit des cris lointains et un peu surprise, elle continua à se diriger vers la salle 108. Quand Maya s’approcha de la porte, elle vit que celle-ci était ouverte et que des filles pleuraient à l’intérieur de la salle. Des garçons semblaient affolés.

- Je ne comprends pas. Tout allait bien, et puis soudain elle … elle… Elle est tombée raide morte…

Maya s’avança machinalement dans la pièce et vit le corps étendu de Carla Jones à terre. Alors que tout le monde semblait apeuré, elle s’approcha du corps et en examina le pouls.

*Morte… C’est complètement fou… Elle n’a pas l’âge ni une santé fragile au point de mourir de crise cardiaque…*

Les autres la regardaient et comprenaient à ses yeux qu’ils étaient face à un cadavre. Entre les cris et les pleurs, Maya entendit quelqu’un appeler la police, racontant les faits

- Nous étions dans une salle de la bibliothèque bodléienne et je me rappelle parfaitement… Quand le clocher a sonné 20h00, elle a eu comme une crise de spasmes et s’est évanouie… Enfin, c’est ce qu’on pensait ! Elle est morte monsieur !!

Maya était assez retournée. C’était vraiment trop étrange pour être réel. Derrière, une fille cria soudain de terreur :

- C’est Kira !! Il est de retour, ça ne peut être que lui !!!

* Pourquoi Kira aurait un intérêt à tuer une étudiante… Il est vrai que la cause de la mort est des plus étranges, mais quand même…*

La police et l’ambulance arrivèrent peu de temps après, prirent les coordonnées de tout le monde et conseillèrent une bonne nuit de repos. Pour les élèves vraiment choqués, il y aurait un psychologue qui pourrait les écouter. Maya préféra rentrer chez elle. Sur le chemin du retour en compagnie d’autres étudiants et malgré cela très silencieux, elle réfléchissait aux évènements. * Je ne devrais pas me réjouir de la mort de quelqu’un… Mais quand même… Je suis sûre que tout le monde pense comme moi ! Carla n’inspirera plus la peur à personne… * En rentrant, elle balança son sac sur le lit et alluma son ordinateur. Les geeks de l’université n’avaient pas traîné : déjà des annonces comme quoi Carla Jones était morte, avec des faits parfois réels, parfois sordides. Dans tous les cas, il était bien précisé qu’elle était morte quand le clocher a sonné, une preuve de la bien étrange condition de sa mort. Plusieurs fois, Maya vit l’apparition du mot ‘Kira’ dans ces annonces.

* Ca n’a pas de sens * pensa-t-elle alors qu’elle éteignit l’ordinateur. Elle rangea un peu son bureau et referma le cahier noir intitulé Death Note... puis le rouvrit aussitôt. Elle observa avec stupeur le petit bout de page où elle avait écrit plus tôt « 20h00 à la bibliothèque bodléienne, salle 108 : Carla Jones ». * Non, ce n’est pas possible… C’est une blague…* Elle regarda encore le titre, les chiffres romains avec empressement. C’était impossible, * et pourtant… D’où le nom… * Maya secoua la tête. Elle devait devenir folle après cet évènement, mais une partie d’elle-même était convaincue que tout ceci était lié à ce cahier. Il faudrait… tester… Mais si cela s’avérait exact, Maya serait donc une criminelle.

*Bah…J’y réfléchirai demain. Et puis même si c’était vrai, comment les gens pourrait deviner ce qui s’est passé…*

Même si une part d’elle était terrifiée, une autre, plus lointaine mais qui arrivait à la surface, était toute excitée.

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[Encore un long message ! Et un premier meurtre ! ^^ Darkael euuuh, viens me rejoindre ;p Ah oui, sinon le côté Oxford est réel, j'ai passé environ 2h à me trouver la formation idéale et à voir comment ça marchait :p]

Maya eut un sommeil très troublé cette nuit-là. Elle était tellement préoccupée par les évènements récents qu’elle n’arrivait pas à fermer l’œil. Quand elle y arrivait, c’était pour se réveiller une ou deux heures après, le corps en sueur et l’esprit hanté de cauchemars. Vers 6h du matin, elle abandonna l’idée de dormir définitivement. Elle attrapa le Death Note qui reposait sous son oreiller et le serra contre sa poitrine. Même si une partie d’elle pensait encore que c’était de la folie d’imaginer qu’il fût possible de tuer une personne avec un stupide cahier, une autre réfléchissait sur la possibilité du contraire.

* Il faut que j’en aie le cœur net ! *

Maya alla s’installer à son bureau le Death Note en main. Elle alluma son ordinateur et se laissa distraire quelques instants par les nouveaux messages et nouvelles news des blogs et autres forums de l’université. Ca débattait sec sur le probable retour d’un Kira et la raison pour laquelle il aurait tué Carla Jones. Comme Maya l’avait deviné, tout le monde avait une bonne raison de vouloir la mort de la jeune femme : elle avait bouleversé ou détruit tellement de vies que chacun y allait de bon train, avec des « vive Kira ! » ou autres « Kira va enfin faire un peu de ménage ! ». Il était presque dérangeant de voir autant de messages anonymes aussi médisants sur une personne morte la veille d’une manière inexpliquée… et personne ne la défendait ! Maya pensa un instant que si elle était vraiment responsable de la mort de Carla, elle n’avait pas trop mal ‘choisi sa victime’. Cependant, elle ne devait pas non plus se laisser endormir par des messages d’excités qui se calmeraient certainement le lendemain et prendraient le temps de réfléchir. Déjà certaines personnes posaient les ‘bonnes questions’ : Pourquoi Carla ? Même si c’était quelqu’un de terriblement irritant, cela ne ressemblait pas à Kira de tuer un étudiant ! D’autres repoussaient la thèse Kira en évoquant un empoisonnement, car après tout, il n’y avait encore aucun rapport d’autopsie, seulement les théories des étudiants sur place.

« - Moi je suis sûr que c’est une crise cardiaque ! Ca a été trop soudain ! » disait un étudiant présent la veille.

« - La seule personne qui n’a pas eu peur de s’approcher, c’est Maya Walker. Tout le monde était tétanisé et elle, elle s’est approchée et a vérifié le pouls de Carla. C’est en voyant sa tête qu’on a compris ! » disait une anonyme.

« - Ouais, mais Walker, c’est une pro. Comme si un mort allait la dérider ahahah »

* Crétin ! *

Maya abandonna un instant l’écran et regarda par la fenêtre. Il y avait encore des lumières bleues et blanches dans les ténèbres : la police devait être encore présente.

* Finalement, non, ce n’était vraiment pas la meilleure victime… Si je suis vraiment responsable de tout ça, mes ennemis sont juste sous ma fenêtre…*

Le test du Death Note allait devoir être intelligent pour être sûr de ne pas être soupçonné de quoi que ce soit. Maya remarqua alors dans la fabrication de son plan que si le Death Note n’était en rien responsable de ce qui se passait, elle en serait presque déçue ! Elle se mit à réfléchir longuement : pourquoi un nouveau Kira aurait eu envie de tuer Carla ? Et si possible en la connaissant de l’extérieur d’Oxford !

Maya se leva et partit chercher une sacoche. C’était celle qu’elle utilisait pour son petit boulot qui regorgeait de câbles et d’autres composants informatiques.

* Je ne devrais peut-être pas être aussi parano, mais je préfère m’assurer que personne ne saura jamais ce que je fais sur internet ! Comme quoi être calée en informatique, ça sert ! *

Elle fit une petite installation spéciale autour de son portable qu’un collègue de travail lui avait enseigné pour brouiller sa connexion (et donc pirater sans risquer d’être découvert). Elle rajouta quelques propriétés à son installation pour que seules ses ballades sur les forums et news d’Oxford soient répertoriées. Quand cela fut terminé, elle se mit à surfer sur le web avec pour mission de trouver LA raison de la mort de Carla. Internet était une invention merveilleuse, surtout avec les ‘célébrités’. Elle trouva une multitude de pages parlant de la famille Jones et ne tarda pas à découvrir des détails intéressants. Les riches parents de Carla avaient l’air d’être mêlés à toutes sortes d’affaires crapuleuses : drogue, pots de vin, corruption de politiciens… et la liste était longue ! Bien sûr, ce n’était que des spéculations car il n’y avait jamais eu d’inculpations (ou s’il y en avait eu, les avocats avaient toujours gagné), mais il était évident aux yeux de tous que c’était la vérité, même si elle était impossible à révéler. En ce moment, les Jones étaient au cœur d’un scandale qui faisait beaucoup de bruit dans le pays : aucune preuve n’existait, mais il semblerait qu’ils cherchaient à faire gagner un nouveau parti politique ultra libéral qui servait leurs intérêts… et ils ne semblaient rencontrer que peu de difficultés, celles-ci étant majoritairement des plaintes du peuple – le gouvernement avait l’air étrangement silencieux à ce propos d’ailleurs…

* Pourquoi pas ! Je voulais un tueur qui fasse bouger les choses… Peut-être que m’occuper des privilégiés qui se croient tout permis grâce à l’argent et au pouvoir sont une bonne cible… De toute façon, je n’ai pas le temps de réfléchir ! Maintenant, il me suffit de penser en tueur : j’aurais tué Carla pour montrer à ses parents qu’ils ne sont plus invincibles. Est-ce que ça va les changer, pas la moindre idée… Ce sera un ultimatum ! Si jamais ils n’arrêtaient pas leur ‘campagne’, je m’attaquerai à l’un des deux. Mais je pense que s’ils comprennent que leur fille est morte par leur faute… Il faut donc que je trouve un autre gosse de pourritures ! Et si possible, dans un autre pays ! *

Maya réfléchit un instant. Elle commençait sérieusement à se croire folle. Pourquoi se prendre la tête alors que personne ne pourrait jamais deviner ce qui a pu se passer ? Pourquoi penser qu’un cahier peut tuer ? Elle pensa un moment arrêter ses pensées de ‘malade’ puis de se remettre à travailler, ‘normalement’. Mais elle n’arrivait pas à s’ôter l’idée qu’elle avait en sa possession une arme incroyable, un moyen de changer le monde, et un sujet de thèse grandiose. Elle voulait y croire ! Elle se mit alors à la recherche de familles riches en Europe – elle ne voulait pas s’attaquer aux Etats-Unis car il serait ainsi presque évident que ‘Kira’ voudrait montrer qu’il n’est pas en Angleterre… parce qu’il s’y trouve ! Elle découvrit rapidement ce qu’elle cherchait : un site français répertoriant les affaires douteuses en Europe. Elle surfa sur diverses pages et se focalisa sur une famille allemande, les Heinz, dont le père était mêlé à des trafics de drogue dans les collèges et lycées. La mère semblait moins concernée que pouvait l’être Mme Jones dans son espèce, mais elle pataugeait quand même dans de sombres histoires de prostitutions de femmes de l’est. Maya se demanda un instant dans quel monde elle vivait… Puis elle regarda le nom d’un de leur fils : Karl Heinz. Elle s’apprêtait à l’écrire sur une page du Death Note quand un détail la frappa. En haut de la page web, dans un onglet se trouvait la mystérieuse lettre ‘L’. Maya connaissait bien ce ‘L’. C’était l’idole de beaucoup de gens dans sa filière ainsi que chez les policiers qu’elle avait rencontrés pendant ses cours. ‘L’ avait arrêté Kira. Si ‘L’ était toujours en vie ou s’il avait un remplaçant, serait-elle arrêtée ? Maya chercha ‘L’ sur google et tomba sur plusieurs sites japonais : Kira avait beaucoup sévi là-bas après tout. Avec le peu de connaissances qu’elle avait de la langue, Maya trouva quand même quelques vidéos et une attira en particulier son attention : c’était la mort d’un ‘L’ en direct à la télé, où le vrai ‘L’ lançait un défi à Kira de le tuer. Ce reportage diffusé dans la région du Kanto avait fait beaucoup de bruit. Il avait prouvé que Kira ne pouvait pas tuer s’il ne connaissait pas le nom, ni le visage de sa victime. Maya était impressionnée par l’esprit de déduction de ‘L’ : ce gars était effrayant à accepter des vérités que peu imaginaient !

* Si Kira tuait vraiment avec un cahier, je me demande comment ‘L’ a fait pour le trouver… Il faut vraiment que je fasse attention… Par contre, si tout ce que j’ai entendu est vrai dans ce reportage, il faut que je connaisse le visage de ma victime ! Ca se complique ! *

Maya chercha tout ce qu’elle pouvait au nom de Karl Heinz et finit par trouver un blog d’étudiant. Malgré l’allemand qu’elle ne comprenait pas, elle reconnut rapidement le nom de ses parents et le nom de son lycée. Elle agrandit alors la photo qui présentait le blogueur et se concentra un instant dessus. Elle ouvrit un autre onglet pour se mettre sur un channel de news allemand du lycée, histoire de voir si son plan allait marcher. Puis elle prit un stylo et écrivit ‘Karl Heinz’ sur une page vierge de son Death Note. Elle souffla de soulagement à l’écriture de la dernière lettre et attendit. Elle se demanda si le fait de ne pas mettre d’heure n’allait pas radicalement changer les évènements mais préféra s’abstenir d’écrire autre chose… Il faut bien tester ! Au pire, elle rajouterait quelque chose après !

L’attente fut insoutenable. 10 secondes, 20 secondes… 1 minute. Peut-être que les allemands n’envoyaient aucune brève la journée ! Au bout de 5 minutes, elle laissa sa tête s’écrouler sur son bureau.

* Tout ça pour rien… Mais qu’est-ce que je peux être bête ! *

Maya jeta le Death Note à la poubelle. Elle était bien déçue. Elle s’était bien amusée à imaginer les conséquences de l’utilisation du Death Note, avait même eu quelques frayeurs en inventant un ‘L’ à ses trousses. Puis l’inimaginable apparut : une brève incompréhensible, avec beaucoup de points d’exclamation, et surtout, le nom de Karl Heinz ! D’autres messages arrivèrent bientôt rapidement et un attira tout de suite l’attention de Maya : Kira. Le nom de Kira était apparu. La jeune femme se rendit sur un site de traduction rapide pour voir vite fait de quoi il en retournait : « Karl Heinz vient de mourir d’un crise cardiaque !!! Kira est-il vraiment de retour ? ». Maya écarquilla les yeux. C’était elle ! Elle avait tué quelqu’un… non… ça faisait deux ! Elle sortit le Death Note de la poubelle et le regarda longuement.

* Alors ce cahier peut vraiment tuer… Je suis une criminelle… J’ai tué quelqu’un que je ne connaissais même pas en plus, si ça se trouve, ce type était un ange… *

Alors que des messages continuaient d’affluer sur le channel de news, précisant l’heure de l’évènement. La mort semblait être arrivée une minute après l’écriture du nom sur le cahier, peut-être un peu plus, peut-être un peu moins. Maya était complètement excitée et terrorisée à la fois, deux sentiments qu’elle avait l’air d’apprécier sur le moment ! Elle rouvrit la page du site français et chercha une autre famille qui pouvait correspondre aux premières victimes d’un nouveau Kira. Cette fois, ce fut une famille française, les Dubois, toujours trempée dans des histoires scabreuses. Elle eut la chance de trouver rapidement un arbre généalogique et des photos. Elle inscrivit le nom de Amélie Dubois sur le Death Note, sans réfléchir ou sans même se rendre sur un serveur ou un channel de news. Elle se leva de sa chaise et se dirigea dans la salle de bain. Elle se sentait salle et désirait prendre une douche.

* J’ai l’impression que je deviens folle… Et pourtant, il me tarde de voir les effets de ce que j’ai écrit ! *

Sa douche dura 10 bonnes minutes, chose qui était rare puisqu’elle aimait être prête rapidement. Cette fois-ci, Maya voulait profiter de la chaleur de l’eau, la chaleur de son corps ayant l’air d’avoir disparu avec la réalisation de ce qu’elle était devenue. Quand elle retourna à son ordinateur, elle se rendit sur le serveur de l’université dans laquelle allait Amélie. Un sourire se dessina sur le visage de Maya : Amélie était bien morte. Une crise cardiaque encore une fois ! Cela faisait 3 morts au compteur. Le sourire disparu et des larmes commencèrent à couler sur son visage.

* Je suis une meurtrière. *

Maya enregistra les liens qu’elle avait visités ce jour. En bonne nouvelle Kira, même si elle commençait à voir de vraies choses à faire avec le Death Note, il fallait quand même qu’elle surveille ces familles qu’elle avait peut-être condamnées à une énorme tristesse mais qu’elle désirait voir changer. C’était certes un moyen plus que radical pour leur montrer qu’ils n’étaient pas tout puissants, mais après tout, il fallait bien montrer que Kira n’était pas forcément à Oxford ! Et c’était la seule idée qu’elle avait eu dans l’excitation et le peu de temps pour se remettre. Maya regarda l’heure : 12h00. En vingt heures, elle avait tué 3 personnes et elle n’en revenait toujours pas. Elle rangea le Death Note précieusement dans un fichier cartonné et le mit dans son sac. Elle enfila son manteau et sortit de son appartement.

Elle avait grand besoin de prendre l’air… et de faire comme si rien n’était ! Elle imaginait bien qu’elle serait interrogée aujourd’hui ou demain par la police et était presque fière d’avoir la tête de la personne complètement sous le choc – même si ce n’était pas vraiment pour la bonne raison ! Un instant, elle se demanda aussi si d’autres Death Notes pouvaient exister et si d’autres personnes avaient ce pouvoir. Cela lui glaça le sang…

____
[pas très inspirée, je l'avoue ^^ Enfin, c'est toujours mieux que rien ]

Midi n’était peut-être pas finalement le meilleur moment pour faire une sortie. Non seulement l’université entière – et donc tous les pôles d’études – était en effervescence suite aux évènements de la veille, mais en plus, c’était l’heure de manger ! Même si elle avait grand besoin de prendre l’air, Maya en avait déjà plus que ras-le-bol de voir des yeux se poser sur elle. Ils n’étaient pas accusateurs, simplement curieux… mais ils étaient là, empêchant la jeune femme de se sentir en paix.

* De toute façon, je ne serai certainement plus jamais en paix, et si ce n’est physiquement, ce sera intérieurement ! *

Ses pensées l’engouffrèrent rapidement à nouveau. A cause du Death Note, elle avait tué ‘par accident’ sa « meilleure ennemie » Carla Jones la veille. Quelque chose qu’elle n’avait pas forcément souhaité puisque ses petites joutes avec la garce étaient comme une récréation dans son royaume de glace silencieux… même si elle préférait ne pas être dérangée ! Puis pour tester son « pouvoir », Maya avait tué deux autres étudiants ce matin qui lui étaient complètement inconnus, mais qui avaient d’énormes similitudes avec Carla : parents riches, puissants et influents, jeunesse très rebelle, forte envie de dominer les autres… enfin d’après ce qu’elle avait lu. Le tout dans trois pays d’Europe. La seule faille dans ce petit scénario était certainement le gros rapprochement des deux derniers morts et au contraire l’éloignement du premier.

* Il faudra que je gère un peu mieux mes morts à présent ! *

A cet instant, elle s’arrêta net et se frappa la tête du poing. Elle ne savait plus trop si elle devait avoir honte ou non de penser ça si ouvertement. Ce n’était pas évident de passer aussi rapidement de « jeune étudiante un peu étrange sans histoire » à « jeune tueuse sans pitié ».

- Ca va Maya ?

Surprise, elle se retourna violemment. Un jeune homme se tenait alors devant elle, quelqu’un qui ne lui était pas inconnu.

- Tiens tiens, le geek est sorti de sa tanière ? dit Maya d’un ton plutôt moqueur.

Le « geek » auquel elle s’adressait s’appelait Shane Matthews et était une des seules personnes avec qui Maya appréciait converser quand le hasard faisait qu’ils se croisaient (fait très rare). Il était aussi celui qui lui avait proposé de travailler dans la petite société d’informatique de son père, quand la jeune femme avait vraiment besoin d’argent, ce pourquoi même si elle ne le considérait pas comme un « ami » au sens propre, elle lui était très reconnaissante pour sa grande aide.

- Le monde réel est devenu tout d’un coup bien plus intéressant ! Et en plus, j’ai lu partout que tu avais un petit rôle dans l’histoire.

- Hmm ?

- Carla Jones, ça te rappelle quelque chose ? dit-il souriant. Je projetais de te rendre une petite visite dans ta chambre mais la chance est avec moi on dirait ! Pas besoin de croiser tes crétins de ‘voisins’ ! Tiens, ça te dit ?

Shane tendit un sac en plastique contenant certainement des sandwichs et des boissons. Maya le regarda longuement, l’air surpris, puis acquiesça. Ils allèrent s’installer sur un banc et entamèrent leur sandwich. Ils ne se parlaient pas, observaient juste le campus tout en mangeant. Shane interrompit soudain ce silence.

- Ce matin, j’ai fait un peu le tour des blogs, des newsgroups et des forums, et ça se déchaîne bien sur la mort de cette ‘chère’ Carla. Tu apparais d’ailleurs bien souvent dans les récits !

- Hmm j’imagine…

- C’est tout ce que ça te fait ? soupira-t-il. Bref, alors que je surfais, un de mes potes du web m’a envoyé quelque chose de complètement fou. Un étudiant allemand est mort ce matin ! Et tu ne devineras jamais ..?

Maya le regarda soudain avec intérêt. * Déjà ? *

- … Comme Carla ?

- Exactement ! Je crois que Kira est toujours en vie et qu’il a décidé de changer de cibles. Ca va être intéressant tout ça ! D’ailleurs…

Une sonnerie interrompit son discours. Il prit son portable, l’observa et le retourna pour que Maya regarde. Shane avait reçu un email où il était écrit « une étudiante française est morte d’une crise cardiaque pas très longtemps après l’allemand ! ».

- C’est fou ! Si c’est vraiment Kira, il a l’air déchaîné ! Je me demande s’il y en aura d’autres dans la journée.

- * Ca m’étonnerait, quoi que si j’ai un quota a respecter… * Tu ne devrais pas parler comme ça. Ce sont des étudiants qui ont été tué, pas des criminels ! Tu peux m’expliquer ce qu’ils ont fait de mal ?

Maya était satisfaite de son ton et de son petit ‘show’.

- Mayoune, tu aimes la justice et que tout ait un sens. Je te respecte pour ça tu sais. Mais pour un gars comme moi, ça veut dire ‘challenge’, comme deviner qui sera le prochain mort, ou bien où se trouve vraiment Kira. Pas forcément pour la justice, juste pour m’amuser ! Je suis sûr qu’il y a un lien entre ces meurtres ! Et je sens que je ne vais pas être seul sur cette affaire !

Shane avait l’air très excité. Maya en profita pour l’observer dans sa ‘folie’. Shane n’était pas désagréable à regarder et aurait pu avoir beaucoup de succès avec les filles s’il n’avait pas cette étiquette de « geek » collé en grand sur son corps très mince et peu musclé. Mais Maya ne réfléchissait pas vraiment en temps que femme mais plutôt en bonne Kira.

* Shane a beaucoup de liens hors de ce pays, et dedans. Il est aussi intelligent, il pourrait très certainement m’aider dans mon entreprise… Je devrais bien sûr faire attention à lui, mais en même temps, il pourrait me fournir des listes de noms, des idées même ! Il va peut-être falloir faire un effort ! *

- Maya, tu m’écoutes ? Je te disais que je n’étais sûrement pas seul sur cette affaire, et je ne parle pas seulement des mes geeks de copains !

- Qu’est-ce que tu veux dire ?

- Eh bien ce matin, je suis tombé sur une discussion sur le forum du college de All Souls. Tu sais, ils ont une bonne vue sur la bibliothèque, et ils ont passé la matinée à regarder les flics. Mais y a un moment où d’autres policiers ou je ne sais quoi sont arrivés…

L’attention de Maya fut soudain totale.

- Ouais… Tu vois, ils n’étaient pas habillés comme des policiers… Tu vois ces films hollywoodiens où des virus menacent l’humanité ? Bah ils avaient les mêmes costumes de cosmonautes ! Je suis sûr qu’ils appartiennent aux services secrets anglais. Ou alors c’est peut-être L !

- Qui sait ! dit Maya sur un ton méfiant. * Oh oui, toi, il faut que je te garde sous mon bras ! * Tu crois que tu pourrais trouver ce que c’est ?

- On verra ! En tout cas, je sens que ça va être très excitant ! Mais Mayoune, ça t’intéresse ?!

- Hum, je pense que ça pourrait être sympa. Pour ma thèse je veux dire ! Je pourrais parler de ce nouveau Kira et faire de ma thèse une enquête avec toi, si bien sûr ça ne te dérange pas… dit Maya avec un petit air gênée très peu naturel.

- N-n-non. Ca me plairait bien d’avoir un peu de bonne compagnie, dit-il en rougissant.

* Les hommes sont si faciles à manipuler… Ca fait du bien de savoir qu’on peut plaire. *

- Bien, je te remercie pour le déjeuner, mais je vais rentrer chez moi. J’imagine que des policiers vont venir m’interroger dans l’après-midi. La procédure ont-ils dit…

Ils se saluèrent puis se séparèrent. Maya marcha rapidement pour rentrer chez elle. Il fallait réfléchir vite. Des policiers, des services secrets… Elle serra sa sacoche et par là son Death Note. Tuer, mentir, et même insinuer que l’enquête l’intéresse pour ses études. Une bonne après-midi qui s’annonce ! Un petit sourire s’échappa du visage habituellement de marbre de Maya.

* Il y aura peut-être James Bond ! *

Bizarrement, elle n’avait pas peur. Elle sentait qu’elle allait bien s’amuser !

___
[Vala, me suis créée un PNJ avec qui discuter ^^ j'espère que les agents secrets vont me trouver rapidement ]

Maya salua une dernière fois ses hôtes alors qu’ils quittaient sa chambre.

* Enfin un peu de paix… *

Cette petite entrevue avait été assez intéressante. Policiers ou non, ils avaient déjà l’air bien avides de trouver un coupable malgré la possibilité d’une crise cardiaque accidentelle selon leurs dires.

* A qui veulent-ils faire croire tout ça..? Ils ne se seraient pas pointés ici aussi vite s’ils ne cherchaient pas une piste ou autre chose ! *

Maya regarda à nouveau l’article de Shade, ou plutôt Shane se dit-elle, et perdit le semblant de sourire qu’elle avait sur le visage. Trois étudiants tués en seulement quelques heures… Des étudiants… Avait-elle fait un mauvais choix ? Comment devait-elle agir à présent ? Elle n’avait jamais vraiment réfléchi à ce qu’il fût possible de faire avec un tel pouvoir, mais celui-ci l’effrayait toujours.

* Le choix d’avoir tué trois étudiants prétendument innocents a ses bons et mauvais côtés : bien sûr, cela ne ressemble pas du tout au Kira originel, lui qui ne tuait que des criminels. Enfin quand on voit ce que la planète est devenue depuis qu’il n’est plus là ! On se demande même s’il n’a jamais existé. Certains fanatiques doivent encore se dire que Kira était un dieu représentant la justice, mais en fait, c’était sûrement un gosse qui faisait aussi mumuse avec le Death Note, et que la police a réussi à arrêter. Mon avantage est que de mes actions maladroites a dû naître une grande confusion dans les esprits… Kira ou pas Kira ?! Maintenant, avant de me remettre à jouer avec ce cahier, il vaut mieux que je réfléchisse à ce que je vais faire… *

Tuer des criminels ? Tuer des innocents ? Tuer le premier clampin qu’elle verra à la télé ? Maya ne savait plus trop où elle en était. Avant de poursuivre sa réflexion, on frappa a sa porte. Pour la deuxième fois dans la journée, elle entendit une voix ‘mélodieuse’ dire « Police ! ». Le sourire aux lèvres, presque amusée par les évènements, elle alla ouvrir la porte et vit sur le pas deux policiers qui ne lui étaient pas inconnus.

- Salut Maya, tu nous excuses, la routine ! dit l’un des deux.

- Pas de problème Bob, mais bon, faudrait vous mettre d’accord entre vous tous ! J’ai déjà eu vos collègues il y a quelques minutes seulement !

Maya rit intérieurement. Ses anciens collègues de stage avaient l’air très perplexe, ce qui ne laissait plus trop de doutes sur ses précédents ‘invités’. Ils devaient certainement être de l’équipe spéciale que Shane avait évoquée au déjeuner. Elle essaya de se remémorer leur visite pour voir si elle n’avait rien dit de trop suspicieux mais n’y vit rien de spécial. Elle avait été plus ou moins sincère dans ses paroles et mis à part sur l’existence d’un pouvoir pour tuer une personne. Elle ne connaissait encore rien de ce pouvoir de toute façon et ne désirait plus être maladroite.

* Ca ne va pas être facile de tester si je ne trouve pas comment m’y prendre discrètement… *

Les policiers en face d’elle lui posèrent plus ou moins les mêmes questions que leurs prédécesseurs, l’air ennuyé en moins. Maya avait travaillé dans leur poste en 3e année pour favoriser son entrée dans la filière de criminologie et avait réussi elle ne sait trop comment à s’y faire apprécier. Elle savait qu’elle n’avait pas vraiment à se méfier d’eux et répondit aisément aux questions posées sur sa situation la veille.

- Comme je l’ai dit à vos collègues, j’étais sensée être sa tutrice. On avait rendez-vous dans une salle de la bibliothèque bodléienne avec les autres équipes de tutorat. Quand je suis arrivée, certes un peu en retard parce que j’avais somnolé trop longtemps, Carla était étendue par terre et tout le monde la regardait sans bouger. Je me suis approchée d’elle et j’ai vu qu’elle était morte. J’ai demandé aux autres d’appeler les urgences et voilà.

Les policiers s’en satisfirent et prirent vite congé en invitant Maya à passer les voir de temps à autre si elle en avait le temps. Cette dernière y vit le moyen de suivre l’enquête de la police et répondit qu’elle n’hésiterait pas à l’occasion.

Une fois seule, elle s’étendit sur son lit et regarda longuement le plafond. L’après-midi était presque finie et elle entendait déjà les étudiants rentrer dans leur chambre

* Adieu doux silence… Mince alors, même pas une minute de tranquillité dans cette journée ! *

Elle sortit de son sac le Death Note et son agenda.

- En peu de temps à cause de toi, ma vie a radicalement changé. Me voilà en train de parler à plein de gens, à devoir justifier mes actions, et même à réfléchir sur de futures victimes… Je n’ai même pas pensé à moi ces dernières heures !

Elle remit le Death Note dans son sac et décida donc de se mettre au travail. Aujourd’hui, elle n’avait pas eu cours à cause de la mort de Carla dont elle avait été ‘témoin’, mais demain, elle n’aurait plus cette excuse. Elle prépara des idées pour sa future thèse – qui avaient toutes un rapport plus ou moins proches avec l’utilisation du Death Note – et travailla ses demandes de stages à l’étranger afin de présenter un dossier intéressant à son maître de thèse le lendemain. Il était minuit quand elle alla se coucher.

****

Elle se réveilla plutôt tard le lendemain. 9h. Elle alluma son ordinateur et regarda le blog de Shane. Pas de message encore pour la journée, mais une longue discussion sur le précédent.

* Tiens, ça pourrait être intéressant… Une enquête d’étudiants ! *

Elle prit son temps pour se préparer puisqu’elle avait rendez-vous à 11h et réinstalla son petit système informatique pour brouiller sa connexion. * En y pensant, on est sensés aller bosser ce soir avec Shane… Mince, ça aussi ça recommence ! * Elle se mit alors à surfer sur divers sites d’informations et vit une nouvelle assez surprenante. Les Heinz, parents du pauvre étudiant allemand qu’elle avait tué la veille, avaient fait un don colossal à une organisation humanitaire internationale pour la sauvegarde de la planète. Dans l’interview, M Heinz se disait complètement anéanti par la mort de son fils. Il désirait à présent balayer le passé douteux et aider son prochain.

* Que de belles paroles pour un lâche… On dirait qu’il a l’impression qu’il va y passer…* Elle attrapa alors son sac et sortit le Death Note.

* ‘STOP’ * se dit-elle. * Réfléchir avant d’agir, réfléchir avant d’agir. Ce gars me débecte, il doit bien se douter avec les autres morts en Europe qu’il pouvait être une cible, mais monsieur veut se racheter – et c’est le mot – une bonne conduite ! Tout ça bien sûr sans rien dire sur la mort de son fils ! Bizarrement les médias n’ont pas l’air emballé par un retour de Kira ! Ils sont tous pour un coup monté on dirait ! *

Maya éteignit son ordinateur en soupirant. Alors qu’elle prit son sac, elle sentit son portable vibrer. Elle le saisit et regarda le message qui venait d’arriver.

De : Shane Matthews
A : 10h48

Tu ne vas pas le croire… une étudiante vient de mourir à la bibliothèque !! Karen Smith je crois… ça devient complètement fou !!

Maya regarda longuement le message. Son sang s’était glacé et elle s’était assise à cause du choc. Celui-ci passé, elle saisit son Death Note et vérifia. Non, elle n’avait rien écrit depuis la veille. Puis elle se sentit stupide.

* Si ça se trouve, ce n’est pas une crise cardiaque, il n’a pas été très précis ! *

Maya répondit alors au message de Shane.

« je te retrouve ce midi à la cafétéria pas loin de la bibli. J’ai du mal à y croire, ça fait peur… »

Maya resta plusieurs minutes sur son lit avant de se rendre compte que l’heure de son rendez-vous approchait. Un nouveau message arriva au moment où elle se levait.

De : Stephen Norton
A : 10h57

Maya, j’annule l’entretien à cause de nouveaux événements. Je vous rappellerai ultérieurement.

Maya ferma son portable et s’allongea de tout son long sur son lit.

* Qu’est-ce qu’il se passe..? *

______
[HRP : Voilà, ça fait avancer les choses (au moins un jour). Maintenant, Matthew peut revenir et continuer ses posts et mon shinigami peut passer me faire un ptit coucou si elle veut : HRP]

Perdue dans ses pensées, Maya entendit soudain une voix troubler le calme ambiant de sa chambre. Elle se redressa en poussant un « Ah » de stupeur et se recroquevilla vers le mur, les jambes pliées contre sa poitrine, le cœur battant à un rythme endiablé. Devant elle se trouvait… se trouvait quoi d’ailleurs ? Une personne ? Ca y ressemblait plus ou moins… Elle pencha la tête sur le côté un instant, milles pensées arrivant en trombes dans sa tête. Cette personne était grande, avec de longs cheveux gris métalliques sur un visage de couleur similaire. Elle portait une longue tunique blanche et dorée qui ne permettait pas de discerner le reste de son corps. Cependant, Maya eut un bref aperçu de ses bras, décharnés, avec des griffes en guise d’ongles. C’était une vision indéfinissable, quelque chose d’irréel, un cauchemar qui n’avait rien d’humain.

Puis les instincts premier de Maya resurgirent : elle hurla un « mais ça va pas, qui êtes-vous ? » tout en jetant le premier objet qu’elle pût saisir, un coussin. Et là ses yeux s’écarquillèrent. Le coussin avait bien emprunté la bonne trajectoire, mais il n’avait pas semblé heurter la personne. Si Maya avait été cinglée, elle aurait même pensé que le coussin l’avait traversé.

Quelque chose pourtant mit fin à la peur, aux interrogations. La ‘personne’ devant elle regarda ailleurs un instant, au bout du lit. Maya tourna aussi son regard et vit le Death Note, toujours posé dans un coin. Maya observa à nouveau la personne, puis le Death Note, puis la personne… et saisit le Death Note, comme une mère protégeant son enfant d’un abominable personnage. La personne sourit – ou esquissa l’ombre d’un sourire, Maya ne savait pas trop. Maya pencha la tête à nouveau, avec un regard très interrogateur.

- Qui… Qu’est-ce que vous…

TOC TOC

- Eh Maya ça va ?! On t’a entendu crier !

Maya, surprise, se leva très doucement, ne quittant pas la personne en face d’elle des yeux. Elle fit quelques pas vers sa porte et posa le Death Note à porté de main. Elle ouvrit la porte en prenant soin de changer l’expression de son visage. Elle regarda deux filles un peu effrayées devant sa mine des mauvais jours. Elle ouvrit sa porte en grand, violemment. Les deux filles sursautèrent sur le coup et jetèrent un coup d’œil à l’intérieur avec curiosité. Maya se retourna aussi en regardant en direction de la ‘personne’ qui était en plein milieu de la pièce.

- Ca va Maya ? Qu’est-ce qui se passe ?

Maya les regarda complètement abasourdie. Elles ne voyaient pas ce qu’il y avait au milieu de la salle ?!

- Vous voyez bien ce coussin hein ?!

- Heu oui…

Les deux filles devaient vraiment la prendre pour une folle… Mais elle avait aussi l’impression de le devenir. Cependant, ce n’était pas le moment de le montrer…

- Il y avait... là… un… un énorme cafard !!

Le message eut le succès escompté : les deux filles crièrent de dégoût et prirent les mains de Maya.

* Je déteste ça… Arrêtez de me toucher… Comme si vous éprouviez une once de pitié… *

- On ira prévenir les autres, et puis surtout la gardienne ! Si t’as peur de rester ici, hmm, hésite pas hein… à passer nous voir je veux dire… On est dans la chambre à côté.

Une des filles montra la porte gauche voisine, puis les deux filles se retirèrent. Maya referma la porte, l’air complètement déboussolé. Elles n’avaient pas vu… Pourtant, la ‘personne’ se trouvait toujours au milieu de la pièce, la regardant toujours avec un petit rictus. Elle reprit le Death Note dans ses bras et s’approcha doucement de la ‘personne’ nouvellement baptisée ‘esprit’. Quand elle fut suffisamment proche, elle regarda en l’air. Leur taille était bien différente. Maya ne savait pas trop quoi dire. Elle n’était pas du genre bavarde, mais alors en plus avec un… fantôme ?

- Qui êtes-vous ? Ou plutôt qu’est-ce que vous êtes ? Un esprit ?

… silence … Maya ne voulait pas évoquer le Death Note, même si l’esprit l’avait bien reluqué, comme s’il le connaissait. Qui sait, c’était peut-être une nouvelle invention des services secrets ou de la police… Non, ça faisait un peu trop science-fiction. En tout cas, il valait mieux couvrir ses arrières et ne rien dire de trop précipité.

- Pourquoi êtes-vous là ?

Maya n’était plus si paniquée. Le choc était passé. Cependant, la stature effrayante de son ‘invité’ ainsi que le mystère l’entourant soulevaient autant d’interrogations que de peurs.

La sang de Maya se glaça : Shinigami ?! C’est un mot qui lui rappelait quelque chose, mais elle ne savait plus trop quoi.

* Un aspect effrayant… Personne ne peut le ou la voir… la voir à part moi. Un fantôme très spécial… Où est-ce que j’ai vu ça..? Ou plutôt lu ça ? *

Puis très vite elle réalisa ce qu’elle avait devant elle : un dieu de la mort ! Dans le folklore japonais, les shinigamis étaient des personnifications de la mort. Maya s’en souvenait en bonne lectrice de manga. Cependant, celle qui se prétendait shinigami n’avait rien à voir avec un beau Tsuzuki ou bien les adorables Takuto et Meroko… Là, on était plutôt dans l’horreur, ce qui renforça la conviction de Maya qu’elle était plutôt mal barrée !

Quand la shinigami montra de la griffe le Death Note en se proclamant sa propriétaire, Maya se demanda que faire.

- Anger’s hein..? Dites moi Anger’s… Vous êtes venue reprendre votre Death Note n’est-ce pas..? demanda Maya en frissonnant légèrement. Ou bien vous êtes venue pour…

La jeune femme s’arrêta. Peut-être que la créature n’était pas spécialement venue pour prendre son âme et l’emmener au royaume des morts, alors autant ne pas tenter le diable !

- Oubliez ça ! J’ai trouvé votre Death Note dans un coin de l’université. Je ne pensais pas à mal en le prenant…

Maya réfléchissait pendant qu’elle parlait. La shinigami n’avait pas l’air très méchante finalement, et avec le temps, elle commençait à la regarder droit dans les yeux. Elle ne savait pas trop quelle serait la réaction de la créature si elle lui avouait qu’elle avait utilisé le Death Note pour tuer. Contre son gré au début bien sûr, mais après… Mais elle n’avait pas encore vraiment envie de se séparer de ce cahier pouvant sûrement accomplir des merveilles.

- Vous savez Anger’s, je sais ce que fait le Death Note… Je l’ai, comment dire, ‘utilisé’.

La shinigami n’avait pas l’air plus choquée que ça.

- Hum. Trois personnes en fait. Pas vraiment ce que je souhaitais faire, mais le premier était une sorte, hum, d’accident. Quand j’ai plus ou moins compris que c’était à cause du cahier, j’ai un peu réparé les pots cassés en perdant les gens, mais bon, comme il n’y a pas vraiment de consignes, ce n’était pas facile… Si vous êtes venue le récupérer, je pense ne pas avoir trop fait de dégâts qui vous soient néfastes.

Avant de laisser son interlocutrice parler, Maya décida de jouer le tout pour le tout en lâchant un peu le cahier – sans non plus trop le séparer de sa poitrine et en ajoutant :

- Quel dommage ! Je suis sûre qu’avec un peu plus de temps, j’aurais eu de bonnes idées pour cette humanité… C’aurait sûrement été très amusant !

Plus Maya observait son interlocutrice, plus elle se posait des questions : la shinigami était-elle vraiment venue récupérer son Death Note ? Elle n’avait pas l’air très agressive alors qu’elle aurait certainement pu le prendre quand elle voulait. Elle n’avait pas l’air non plus d’avoir l’envie de prendre son âme… Maya attendit alors que la shinigami lui réponde enfin, tout en remarquant qu’elle ne lui avait pas laissé en placer une.

Anger’s ouvrit des yeux ronds, cette petite humaine était bien bavarde ! Toutefois elle eut un sourire quand Maya lui avoua qu’elle avait déjà utilisé son Death Note, trois personnes ? C’était assez prometteur ! Les shinigamis en tuaient plus naturellement, mais pour ce petit bout de chair c’était plutôt un bon début.
Anger’s n’avait pas l’habitude de beaucoup parler, dans le monde des shinigamis le silence était plus a la mode que des paroles.
Anger’s se retint de rire tout de suite quand Maya eut un frisson a la pensée qu’Anger’s allait emporter son âme, rien que pour voir sa réaction elle aurait bien aimé jouer un peu la comédie...mais elle n’avait pas le temps pour ça ! La première personne est pratiquement toujours tuée par accident...les humains ne croient que ce qu’ils voient pas vrai ? Anger’s n’avait strictement pas bougée de sa place, laissant Maya parlée et encore parlée. Quelques paroles retinrent son attention...du moins un peu plus que les autres...

-Amusant ?

Anger’s s’avança vers Maya et se pencha pour que son visage soit a la même hauteur que le sien.

-Je ne suis pas venue récupérer mon Death Note...tout comme je ne suis pas ici pour prendre ton âme, qu’elle importance elle aurait a mes yeux ? Ce Death Note est désormais TON Death Note.

Elle toucha du bout de sa griffe le nez de Maya.

- Alors tu vois...tu vas avoir grandement le temps de tester ce cahier...

Se relevant, elle se dirigea vers la fenêtre...le paysage n’était pas très phénoménale...

-Comme tu a put le remarquer tout à l’heure, personne ne peut ni me voir, ni m’entendre...à par toi bien sur. C’est assez pratique non ?

La shinigami se retourna vers Maya, avec un sourire au coin des lèvres.

-Vois tu...je m’ennuyais un peu dans mon pays, alors j’ai décidé que donner ma Death Note a un humain, et plutôt une humaine dans le cas présent, ne permettrait de m’amuser un peu plus...Je reste avec toi. Qu’en pense tu Maya ?

Anger’s la laissa avaler toutes ses informations.

*Cela promet d’être très amusant*