Enquête Préliminaire

Sur les dernières 24 heures, 20 morts suspectes suite à des crises cardiaques ont attiré l'attention de BAEDSN. Sur ces 20 morts, 19 touchent directement au Bureau, et un coupable, le Directeur provisoire de l'Argence. Malheureusement, un cas assez étrange a été remarqué à l'Université d'Oxford et sur la demande d'Ashley Craft, alors superviseur de l'enquête, une équipe a été dépêchée.



La camionnette aux vitres fumées s’enfonçait dans les rues d’Oxford, alors que le soleil faisait une timide apparition dans le ciel. Le conducteur ne prenait pas en compte les panneaux et les feux, ses gyrophares lui donnant tous les droits. Les rues étaient encore désertes, néanmoins, les quelques piétons et automobilistes qui passaient par là regardaient avec un grand étonnement le véhicule filer en direction de l’immense université, qui se dressait là depuis plusieurs siècles, immuable.

Á son bord se trouvaient 3 agents expérimentés du Bureau d’Analyse et d’Etude du Département de la Sûreté Nationale (BAEDSN), envoyés étudier un étrange décès, celui d’une jeune fille morte d’une crise cardiaque alors qu’elle étudiait dans la bibliothèque universitaire. Avec les récents meurtres de 19 autres personnes dans les mêmes conditions, l’enquête avait été lancé pour savoir s’il y avait pas eu une épidémie nouvelle, voire peut-être même une attaque bactériologique encore inconnue, qui pourrait causer un nombre bien plus important de morts. Bien évidemment, ces trois agents avaient été choisis pour leurs compétences dans différents domaines touchant aux risques majeurs concernant ce décès.

D’autres équipes avaient été envoyées dans un entrepôt désaffecté où avaient péri 14 activistes de l’IRA, tous morts d’une crise cardiaque, alors que dans un même temps, le Directeur du BAEDSN, John Sullivan, mourait au cours d’une réunio. Triste sort, lors de la réunion d’officialisation du poste de son successeur, 4 personnes étaient elles aussi décédées d’une crise cardiaque, rappelant à tous que Kira pouvait être de retour. En effet, ces morts toutes suspectes laissaient planer le retour du ‘Dieu de la Justice’, bien que l’on préférait envisager l’empoisonnement avec des sortes de nano robots ayant pour but d’empêcher le cœur de battre, entraînant ainsi un arrêt cardiaque.

Les trois agents ne savaient pas encore que le ancien-nouveau directeur, Conrad Linderman avait été arrêté pour le meurtre de son patron et des terroristes sur lesquels il enquêtait, après la découverte de virements frauduleux sur un compte suisse, appartenant à un laboratoire privé travaillant sur les nanites.

Leur enquête devait être indépendante, et ils devraient pouvoir conclure d’eux-mêmes sur les causes de ce décès.

« Mike, tu veux bien ralentir un peu ! »

La jeune femme qui se trouvait à l’arrière, suivait le déplacement du véhicule sur un petit GPS qui équipait son Q-Tek. Directement relié au réseau satellite du bureau, il comprenait aussi un spectromètre spécialement crée, dans le but de voir s’il y avait des émanations radioactives ou chimiques dans le secteur où se trouvait le porteur de l’appareil. Des capteurs disposés intelligemment autour de la camionnette, captaient de leur côté, grâce au vent, des échantillons d’air et les analysaient, pour ainsi pouvoir reconnaître une trace radioactive ou chimique suspecte.

« Désolé Patricia, je vais faire plus attention, c’est vrai qu’on est plus à dix minutes près. Jack… Tu t’en sors avec tout ça ? »

Tandis que la jeune femme reportait son attention sur les courbes dessinées sur les écrans des ordinateurs et sur son GPS, un homme un peu plus âgé qu’elle, ayant à première vue la quarantaine était en train de bidouiller le réseau informatique de la zone qu’ils traversaient. Á compter de maintenant, et pour protéger au maximum l’enquête, toute connexion téléphonique et a Internet était devenue impossible, suite à un ‘problème technique sur la ligne.’

Cela lui laisserait amplement le temps de faire rechercher et trier des informations concernant le décès de l’étudiante, et il pourrait sans mal remonter jusqu’à des rumeurs et peut-être même voir des messages laissés à son attention. Le plus souvent, le département de l’Intérieur et celui de la défense fermaient les yeux sur leurs activités, ce qui permettaient aux hommes du BAEDSN de diriger de façon indépendante leurs enquêtes. Ils pouvaient donc librement pirater les ordinateurs de qui ils voulaient, sans être inquiétés par la suite. Jamais personne n’avait eu connaissance de l’existence de leur bureau, et donc, les organismes indépendants ne pourraient jamais crier à la violation de la vie privée ou toute autre sottise pouvant obstruer leur travail.

« Je vais pénétrer le réseau d’ici 2 minutes… On va voir ce que les boîtes mails vont pouvoir me recracher par la suite… Je commence dès maintenant le transfert vers ‘l’œil’. »

Á l’avant, Mike acquiesça. Exceptionnellement, il avait été désigné superviseur du petit groupe, et ainsi donc, ses deux collègues devaient lui rendre compte de ce qu’ils faisaient et de ce qu’ils trouvaient.

« Jusqu’à présent je n’ai strictement rien trouvé de volatile. Peut-être le rayon est-il moins important. J’ai pris en compte les données météos, et on est en plein dans le courant du vent… Je transmet les résultats, et on va recouper les informations avec les stations météos de la région.

Et puis bordel ! Pourquoi est-ce qu’on envoie ici dix heures après le décès de la jeune fille ? Ils pensent sérieusement que les particules volatiles restent là à attendre qu’on les découvre, ou quoi ? »

Un long moment passa sans qu’un mot soit prononcé, laissant le temps à chacun de répondre à l’interrogation de Patricia. Tout le monde le savait, Conrad avait préféré se faire beau pour le repas qui devait en théorie officialiser sa prise de direction du bureau au lieu de diriger l’enquête. Ashley Craft ne valait guère mieux, il s’arrangeait toujours pour s’immiscer dans les enquêtes et volant la vedette à ceux qui se démenaient depuis le début. Ce qui énervait le plus les gens, c’était que généralement il trouvait la pièce du puzzle qui manquait et permettait ainsi aux affaires d’être bouclées, et tous les lauriers lui revenaient.

Finalement, ce fut Mike qui brisa le silence, glacial:

« Et encore, heureusement qu’on a décidé d’y envoyer une équipe. Cette affaire est vraiment louche mais aurait pu passer à la trappe. Et si j’ai bien suivi, c’est Craft qui a mis en avant cette histoire, et nous a envoyé. »

Pour ne pas parler outre-mesure, les trois agents reportèrent leur attention sur leurs tâches. Au bout de cinq minutes, le véhicule s’arrêta, et la fenêtre avant côté passager fut baissée. Le froid mordant s’engouffra comme la mort à l’intérieur, et Patricia jura tout bas.

« L’accès est interdit, veuillez faire demi-tour s’il vous plaît. »

* Encore un de ces agents pète-sec qui se croit tout permis. * Se dit Jack.

« Agent Spécial Mike Armstrong. Nous sommes mandatés par les ministères de l’Intérieur et de la Défense pour prendre l’enquête en main. Pouvez-vous nous indiquer où se trouve la personne en charge de l’enquête ? Je crois qu’il nous attend depuis un petit moment. »

Visiblement, le policier s’attendait tout sauf à ça. Ainsi donc tous ces étudiants avaient raison ? Lorsqu’ils demandaient plus de détails sur le meurtre et l’enquête, sans lâcher les inspecteurs c’était parce qu’ils pensaient avoir démasqué le meurtrier ?

« C’est… c’est le retour de Kira, c’est ça ? »

* Abruti ! *

« Si nous suspections un Kira nous ne serions pas venus à trois dans une camionnette. Maintenant, si vous aviez l’amabilité de nous conduire, nous gagnerions tous du temps et nous pourrions rentrer plus vite chez nous. »

Sans doute cette perspective plu au policier car il indiqua sur l’instant l’intérieur de la cour de l’Université.

« Vous rentrez là-bas et vous continuez tout droit, vous allez atterrir sur des voitures de police, c’est là. »

Après un simple ‘merci’, la camionnette redémarra et pénétra à l’intérieur d’Oxford, suivant le parcours de gravillons. Après avoir passé un bâtiment, Mike croisa trois voitures de police facilement reconnaissables. Leur arrivée semblait ravir les inspecteurs en place, qui se demandaient encore ce qu’ils pouvaient bien faire là, à attendre dans le froid après une mort tragique certes, mais accidentelle. Après tout, n’arrivait-il pas que suite à des problèmes cardiaques de jeunes personnes meurent d’un arrêt du cœur ou souffrent de problèmes d’irrigation sanguine ? Ils n’avaient certes pas entre leurs mains le dossier médical de la jeune fille, il n’empêchait qu’ils ne comprenaient pas leur présence ici.

Au bout de deux minutes, l’arrière de la camionnette fut ouverte et il en sortit quelqu’un en combinaison hermétique. Les seules fois où l’on voyait pareil apparat, c’était lors de tests à l’arme bactériologique ou chimique dans le métro londonien, ou lorsqu’on simulait les accidents industriels vers Manchester. Á la seule vue de l’armure en caoutchouc, les policiers sur place tressaillirent. L’un deux, sans doute le plus téméraire à moins que ce ne fut l’inspecteur qui dirigeait le petit groupe s’approcha du véhicule du BAEDSN et s’avança jusqu’à la personne sortie de la camionnette.

Au niveau de la poitrine se trouvait une poche transparente où l’on glissait les badges et autres plaques permettant de reconnaître la personne qui se cachait sous l’épaisse protection en caoutchouc. La plaque affichée était celle de Patricia, dont la photo, et l’immatriculation se trouvaient à côté d’un macaron inconnu.

« On peut savoir qui vous êtes et ce que vous faites avec ça? »

La jeune femme continuait d’agiter devant-elle un petit appareil, sans prêter attention à l’intervention de l’agent face à elle. Après quelques enjambées elle lâcha dans son micro un simple ‘OK’ et ses deux collègues sortirent de la camionnette, impeccables dans leurs costumes.

« Agent Spécial Mike Armstrong. On a sûrement dû vous renseigner sur notre arrivée. Nous vous remercions, nous prenons désormais la direction de l’enquête… »

« Attendez ! »

« … Nous voudrions finir les vérifications avant que les élèves ne se lèvent, si vous pouviez nous laisser faire notre travail, nous vous en serions grées. »

S’il y avait bien une chose que l’on détestait à l’Agence, c’était les policiers qui voulaient toujours en savoir plus que ce qu’on voulait bien leur dire. S’ils n’avaient pas toutes les cartes en main, c’était ni plus ni moins car ils n’avaient pas besoin de les avoir. Pendant que Mike et Jack donnaient quelques consignes aux agents sur place et recueillaient leurs dépositions, Patricia poursuivait sa route jusqu’à l’intérieur de la bibliothèque passant les scellés sans même y prendre garde. Elle fit le tour des rayons, passa devant la table où était morte la jeune fille puis ressortit, soulagée.

« J’ai strictement rien trouvé là-dedans. Á première vue, tout semble nickel, je vais voir à l’intérieur ce que me donnent les capteurs. »

Comme elle s’y attendait, il n’y avait rien de suspect et aucun marqueur chimique ne dépassait le seuil qui lui était propre. Il aurait été amusant de tester le ‘renifleur’ à l’intérieur de la bibliothèque et voir si ce joujou à 50’000$ trouverait des traces de cannabis ou d’autres drogues, mais ils avaient autre chose à faire.

Pendant que Jack regardait la multitude de fichiers en provenance du réseau s’ouvrir sur son ordinateur, Mike était en train de lire les rapports des agents. Malheureusement pour lui, il n’y avait rien de bien intéressant mise à part la présence d’une bonne trentaine de fois du nom ‘Kira’, qui semblait être le seul mot que ces policiers avaient à la bouche. D’ailleurs, ils n’étaient pas les seuls.

« Doux Jésus ! Voilà un sacré bordel… Venez voir, vous allez prendre peur ! »

Sur l’écran de l’ordinateur, pendant que la matrice défilait en fond d’écran, un petit panneau ouvert indiquait en fonction d’un mot-clé le nombre de références qui s’y rapportaient.

Code:

- Crise Cardiaque : 23'739 
- Décès : 159'136
– Kira : 740’846

Après plus de deux heures à éplucher les messages majoritairement pro-Kira, Mike se décida enfin aller chercher à sa source l’information, à savoir venant des étudiants eux-mêmes. Peut-être seraient-ils utiles à l’enquête ? Il savait qu’il y avait des étudiants en criminologie, il serait de bonne guerre de les tester un peu et de savoir s’ils étaient fait pour ça.

Alors qu’il était de train de relire une nouvelle fois les dépositions des policiers, il remarqua le nom de ‘Maya Walker’, une étudiante avait rendez-vous avec la jeune fille morte. L’heure de la mort coïncidait avec celle où l’entrevue devait avoir lieu.


« Et bien, je crois qu’on va avoir du pain sur la planche et sans doute la presse sur le dos ! Je vais passer un coup de fil à l’agence, voir ce qu’on fait, on a une fille à interroger en prime. »

Comme tous les agents, Mike était équipé d’un fameux Q-Tek. Il sortit le sien de son petit étui de cuir et indiqua au téléphone la personne qu’il voulait joindre.

« Directeur. »

Après quelques seconde, on lui répondit, et il lui fallut un petit moment avant de reprendre ses esprits.

« Heu… Excusez-moi. Agent Mike Armstrong… Oui, celui-là même, désolé de vous appeler si tard. On est arrivé sur les lieux… En effet, aucune trace radioactive… Nous en sommes à plus de 741'000 références pour Kira…Nous y avons déjà pensé, c’est d’ailleurs en partie pour ça que vous appelle… Le meilleur ! Nous avons déjà pris nos précautions, on a appliqué à la lettre le protocole… Très bien, je vais faire transmettre ceci aux agents avec moi… Je vous remercie, bonne journée à vous aussi. »

Mike semblait tellement surprit que Patricia et Jack comprirent très rapidement.


[...]

[...]

« Craft. »

Dirent-ils d’une même voix. Leur supérieur acquiesça. Il semblait un peu désorienté, et avait le regard vide, comme celui d’un chien battu.

« Je ne comprendrai jamais ce type ! C’est comme s’il avait toujours une longueur d’avance, il savait déjà tout. Le plus important, c’est qu’il nous a dit de continuer notre travail et de nous porter sur les antécédents médicaux de la jeune fille, si j’ai bien suivi, il va peut-être falloir qu’on la déclare comme ayant eu un problème cardiaque bénin, donc en gros, un accident. Et puis merde ! J’ai oublié de lui parler de cette Maya. Tant pis, ça nous fera une longueur d’avance sur lui, si elle existe. »

Alors que Mike et Patricia s’en allaient en direction de groupes d’étudiants, sans doute pour retrouver le témoin, Jack resta sur place. Tout allait très vite dans sa tête, si vite qu’il en avait le tournis.

« Y’a un truc que je comprends pas ! »

Ses deux camarades s’arrêtèrent à quelques longueurs, et attendirent qu’il poursuive son exposé. Voyant qu’il était écouté, l’informaticien se rapprocha d’eux, et poursuivit son raisonnement lorsqu’il fut assez près d’eux pour que personne ne puisse les entendre.

« Cette fille est morte, c’est un fait. Mais je ne vois pas du tout comment elle aurait pu être tuée ! Suivez mon raisonnement. Qu’est-ce qu’un tueur viendrait-il foutre ici pour tuer une simple gosse qui fait ses études, alors que dans un même temps, on voit disparaître notre patron, 14 grands criminels et quelques bureaucrates, si j’ai bien suivi ton explication, Mike. »

Seuls quelques regards furent échangés pendant un long moment, peut-être un peu trop pour la jeune femme qui commençait à se dandiner sur la pelouse.

« Il n’a vraiment tort. On croirait qu’on coure derrière un assassin fantôme, et que d’une façon ou d’une autre on ne trouvera strictement rien. Et puis, si ça se trouve, Craft avait peut-être raison… Elle est morte d’une insuffisance cardiaque. Ca arrive à tout le monde, pourquoi ferait-elle exception ? Il y a certes une coïncidence avec notre dossier principal, je ne vois pas pourquoi ne devrions poursuivre l’enquête. Mike, qu’en penses-tu ? »

Le superviseur fit quelques pas sur l’herbe grasse, ses chaussures laissant leurs empreintes quelques temps, avant que le coussin reprenne sa forme originelle. Ses deux collègues avaient raison. Pourquoi continuer une investigation pour si peu, et comment aurait-on pu la tuer ? De plus, une telle enquête pourrait laisser supposer et qu’on courre derrière Kira.

« Je n’aime pas ça… A croire que Craft nous mène en bateau et nous envoie sur une affaire bidon, comme ça il refourgue à d’autres les éléments importants. Il savait pour les radiations.. Rah, Putain ! J’ai horreur de ce genre de situation où tu ne sais plus quoi penser.

Réfléchissons de façon logique depuis le début de cette affaire, on pourra sans doute avancer.

Hier soir, vers 20h00, Monsieur le Directeur John Sullivan est pris d’une crise cardiaque en pleine réunion. S’en suit la mort de 14 activistes de l’IRA qui meurent dans les mêmes conditions. Jusque là, on trouve un lien avec l’Agence, qui d’ailleurs se poursuit avec la mort en plein milieu de l’intronisation de Linderman, soit à 10h00, avec 4 nouveaux décès. Une enquête est lancée sur un laboratoire suisse qui travaille sur les nanites et qui en aurait fourni à Linderman. Soit.
On a trouvé nulle part des radiations, mais on nous envoie quand même ici pour enquêter sur la mort d’une gamine, alors que dans le pays on ne compte pas le nombre de décès par crise cardiaque. La seule chose qui pouvait coller, c’était la localisation, et je présume, la façon assez anodine dont c’est survenu, l’âge y comptant. »

Tout en réfléchissant, Mike avait la sale manie de pianoter dans le vent, comme s’il était en train de tout taper sur ordinateur. Patricia et Jack l’écoutaient sans bruit, intrigués mais très intéressés par ce qu’il disait. Et comme pour voir s’ils étaient d’accords, il acquiesçaient en même temps, tout en se regardant du coin de l’œil. Jusqu’à présent, ils étaient tous d’accord, ce qu’ils faisaient ne servait à rien, mis à part mettre des moyens là où il n’y en avait pas besoin.

« Et si Craft était au courant de quelque chose et nous le cachait ? »

La question de Patricia n’était pas sotte, et fit réfléchir son supérieur. Voilà un paramètre à ne pas oublier, et qui pouvait compter pour beaucoup.

« Mais à quoi ça lui servirait ? »

La surenchère de Jack apporta directement la réponse qu’il attendait, et tous trois dirent d’une même voix.

« KIRA ! »

Dorénavant, tout était devenu limpide, il fallait qu’ils rentrent trouvent au plus vite le monstre qui recommencait à tuer. Et si cette Maya pouvait les aider ?

Bien évidemment, la recherche d’une seule personne au milieu de cette foule d’étudiants était une chose des plus compliquées. Il fallait tout d’abord trouver l’administration de cette petite ville, et malheureusement, les étudiants n’aidaient pas à la tâche, donnant des directions et des chemins plus tordus les uns que les autres.

Et d’ailleurs, Mike se limitait au maximum d’interroger ces jeunes gens, qui le dévisageait étrangement, à croire que leur petite scène du matin était connue de tout le campus. Après tout, tant pis, cela montrait l’intérêt qu’avait la police pour l’affaire. Car bien évidemment, être un agent du BAEDSN impliquait de se faire passer pour de simples inspecteurs de Scotland Yard, et ils en avaient les plaques officielles, ayant toutes les qualifications pour. Dire qu’ils faisaient partir du MI-5 ? Cela posait trop de soucis, et généralement, les affaires devenaient plus pénibles à poursuivre.

Au bout de trois quarts d’heure, considérés comme perdus dans l’enquête, ils parvinrent enfin au niveau de l’administration de l’Université d’Oxford. Il fallait encore trouver le doyen de l’Université ou du moins, une personne qui puisse les aider. Jack aurait pu tenter de retrouver la jeune fille à partir de son ordinateur portable, mais cela aurait pris trop de temps et ils seraient sûrement tombés sur une mauvaise adresse, les répertoires étant mis à jour généralement tous les 2 ans.

Devant une vieille secrétaire aux doigts crochus et aux yeux globuleux, Mike sembla hésiter à la déranger, alors qu’elle agrafait des feuilles, faisant comme s’il n’était pas là.

« Excusez-moi madame. » Finit-il pas dire, sous le regard insistant de Patricia.

« Encore la police ! Pauvre môme, ses parents ont un deuil à faire et on pense à un autre ou quelque chose comme ça. » Sa voix était aussi désagréable que son visage, et Jack en eut un frisson.

* On croirait ma belle-mère, sauf qu'elle a un peu plus de cheveux sur le caillou. *

Tentant de garder son calme, Mike poursuivit, montrant sa plaque.

« En effet, c’est la police. Mais nous ne venons pas concernant la jeune fille décédée. Les résultats de l’autopsie ont conclu à une mort naturelle, suite à un insuffisance cardiaque. Heu… oui. Il me faudrait en fait l’adresse la plus récente de… Maya Walker, s’il vous plaît. »

La vieille secrétaire se leva de son siège et se dirigea vers un vieil ordinateur, qui devait au moins avoir son âge. Jack la regardait faire, dépité de voir une telle antiquité ici –il pense bien évidemment à l’ordinateur. Au bout de 2 interminables minutes, la vieille femme revint vers un, un morceau de papier griffonné.

« L’adresse est marquée sur le papier. Si vous pouviez maintenant me laisser, j’ai à faire. »

Comme des gamins que l’ont venait de disputer, les trois agents sortirent, sans un mot, prenant bien soin de refermer la porte derrière eux, de peur que la harpie ne les poursuive avec son agrafeuse en main.

Remonter jusqu’à la jeune femme était maintenant plus facile. Dégainant son Q-Tek et rentrant l’adresse donnée par la vieille mégère dedans, les trois agents purent très vite rejoindre le domicile du seul témoin potentiel dans l’affaire, la jeune Maya Walker. Elle pourrait sûrement leur être d’un grand secours, et pourquoi pas, les aider à remonter jusqu’au meurtrier, s’il existe.

Jack était en retrait, comme à son habitude. Son domaine était l’informatique, pas les interrogatoires. Patricia et Mike se présentèrent donc devant la porte du domicile de la jeune femme. Deux coups et un bon ‘Police, ouvrez s’il vous plaît’ suffirent à montrer leur présence sur les lieux, en espérant qu’à cette heure-ci, la jeune femme soit restée chez elle.

Maya venait à peine de rentrer dans sa chambre et de déposer ses affaires alors qu’elle entendit frapper à la porte. Surprise, elle s’avança vers la porte mais retint rapidement la suite : ‘Police, ouvrez s’il vous plaît’.

* Déjà..? *

Maya retourna doucement vers son lit et sortit son téléphone portable de sa sacoche : 13h00.

* Soit ces flics viennent de se lever, soit ils n’ont pas retenu qu’un bon fonctionnaire ne travaille jamais entre midi et deux, même s’il s’agit du crime le plus crapuleux… Je me suis suffisamment faite engueuler pendant mes stages pour ce qu’ils appelaient ‘excès de zèle’ et qui n’était en fait que faire son travail correctement… *

Elle repensa alors à ce que Shane lui avait raconté pendant leur déjeuner, comme quoi il y avait ‘autre chose’ que des flics sur le campus et qui enquêtait aussi sur la mort mystérieuse de Carla Jones.

- J’arrive tout de suite, une minute !

Il fallait aller vite, car Maya n’avait pas pensé qu’on viendrait la déranger aussi vite. Enquête de routine certainement, mais il fallait que ça le reste ! Elle attrapa sa sacoche attrapa le Death Note et prit soin de le glisser dans un fichier plastique de couleur opaque avec marqué dessus « idées de thèses ». Elle referma correctement la sacoche et la posa au pied de son bureau. Elle s’occupa ensuite de cette zone, puisque ce matin, elle avait fait une petite installation pour brouiller toute trace de ses mouvements sur le réseau qui hélas n’était pas vraiment discrète. Elle fit ‘sauter les fils’ dans tous les coins et les enroula aussi vite que possible pour les ranger directement dans un carton plein de fils et de câbles – en prenant soin de bien les enfoncer parmi les autres. Il n’y avait rien de suspect à tout ça après tout, c’était son boulot !

Maya observa une dernière fois sa chambre. Elle se dirigea vers son lit et défit un pan de couverture pour le remettre à la va-vite. Elle utiliserait ce prétexte pour le retard, Maya étant connu pour toujours vouloir que tout soit parfait. Tout le reste avait l’air nickel. Elle ferma le portable sur le bureau en vérifiant l’heure * 13h01, ouf, j’ai eu l’impression que cela durait un siècle !*, ouvrit la fenêtre et s’en alla vers la porte.

Alors qu’elle retirait le verrou, elle réfléchit encore un instant.

* Comment me comporter ? Naturelle ? Attristée ? Heureuse ? Va pour naturelle ! On ne sait jamais trop sur qui on va tomber, même si c’est un interrogatoire de routine ! *

Elle ouvrit la porte pour faire face à 2 personnes… ah non, 3 ! La troisième était un peu en retrait. Maya posa un regard suspect sur la femme devant elle, puis sur l’homme à côté, puis leva un peu la tête pour observer le troisième homme.

- Bonjour. Désolée de vous avoir laissé sur le pas de la porte une minute, mais je ne voulais pas vous faire entrer dans un vrai taudis d'étudiant… Je ne suis pas habituée aux visites, et je n’avais pas prévu que la police vienne aussi tôt ! Si vous voulez bien vous donner la peine d’entrer…

D’un air froid, elle les fit entrer dans sa chambre. Elle n’aimait pas se sentir observée, et là, ça ne manquait pas ! Peut-être plus qu’avec les policiers qu’elle avait vus la veille.

* Ce doit être ces gens dont parlait Shane ! Il me tarde de savoir ce qu’ils veulent, à par me dire que j’avais rendez-vous avec Carla ce soir-là ! *

- Je vous en prie, installez-vous où vous pouvez, sur le lit, il devrait y avoir suffisamment de place. Désolée, comme je vous le disais, je ne suis pas habituée aux visites et en plus, je n’ai pas beaucoup vécu dans cette chambre !

Maya s’installa sur sa chaise de bureau et la retourna vers les 3 personnes. Elle souleva les longues mèches grises de ses cheveux qui cachaient ses yeux et regarda pleinement ses ‘invités’. Elle était prête à répondre à leurs questions.

La patience était une chose rare pour ces agents du BAEDSN, et voyant que la jeune femme ne venait toujours pas ouvrir, il mirent la main à leur arme de service, au cas où elle tenterait de s’enfuir ou de faire feu sur eux. Patricia, dans son tailleur noir, avait porté la main sur son pistolet en premier, ayant toujours peur que le témoin devienne suspect en fuyant. Jack s’était encore reculé de quelques pas, prêt à bondir à l’arrière du bâtiment au cas où Maya essaierait de passer par une autre issue.

La tension était palpable, et Mike fut contraint de réitérer sa demande, jusqu’à ce que la porte soit enfin ouverte. Il entendait bien des bruits dans l’appartement, mais ne pouvait encore être sûr de rien. Une fois à l’intérieur, il pourrait jeter un petit coup d’œil.

La jeune femme qui se tenait devant eux était assez particulière. Sans doute une nouvelle mode chez les gamines d’Oxford, se teindre les cheveux en blanc. Peut-être faisait-elle partie d’un groupe de rockeurs d’une nouvelle mouvance assez satanique voire peut-être même anarchiste. Á première vue, la jeune femme s’attendait à voir la police chez elle, elle savait donc déjà pourquoi ils étaient là. Passant les uns après les autres l’encablure de la porte, ils en profitèrent pour scruter les recoins de l’appartement, l’habitude de chercher un indice n’importe où, chez n’importe qui.

Tous restèrent debout, l’étroitesse de l’appartement ne leur permettant pas forcément de prendre place selon leurs souhaits. De toute façon, ils étaient là pour rechercher un Kira potentiellement en fuite, et espéraient bien que la jeune femme pourrait les y aider.

« Mademoiselle Walker, nous ne serons pas très longs. »

Mike avait déjà mis la main sur son calepin et un stylo, et joua le rôle du bon flic de Scotland Yard.

« Je suis l’agent Sullivan, et voici les agents Mayer et Karl. »

Bien évidemment, leurs plaques étaient fausses comme l’étaient les noms donnés, mais l’étiquette voulait que les agents travaillant au BAEDSN soit entièrement indépendants et n’officient que sous couvert soit du département de la défense, soit celui de l’intérieur.

« Nous aurions quelques questions à vous poser, je pense que vous savez pourquoi. »

Jack fit quelques pas, voyant un carton où traînaient une multitude de câbles informatique. La petite semblait s’y connaître, elle en avait assez pour rivaliser avec les agents du BAEDSN. Peut-être fallait-il se méfier d’elle après tout, elle devait faire parti de ces mômes qui parlaient de la ‘Juste Vengeance’ de Kira sur tous ces forums où les Geeks se battent entre eux.

« Connaissiez-vous bien la jeune fille qui est décédée hier ? »

Ils n’avaient pas vraiment de temps à perdre, chaque minute comptait, et peut-être que pendant qu’ils étaient en train de discuter là, d’autres personnes étaient tuées.



[ Petit post de rentrée... Désolé pour la taille qui rivalise difficilement avec ceux avant, mais bon, va falloir composer avec ça, en attendant que je retrouve goût au RP. ]

Maya esquissa un petit sourire en voyant les policiers rester debout.

* Un peu étroit non ?! Pourquoi viennent-ils à trois en plus..? Ce n’est qu’un interrogatoire de routine… Je me demande aussi d’où ils sortent. J’ai beau avoir fréquenté la plupart des locaux de la police d’Oxford, je n’ai jamais vu ces gars-là, et surtout pas hier soir… Se pourrait-il..? *

Avant de pouvoir continuer à réfléchir sur les policiers face à elle, l’un d’entre eux prit la parole pour présenter la petite troupe, chacun montrant leur plaque à la jeune femme. Maya y jeta un bref coup d’œil sans pour autant y accorder une énorme importance. Soit ces gens étaient vraiment policiers, et il suffirait d’aller faire un tour au poste où elle avait effectué un travail scolaire l’année précédente, jouer la ‘gentille’ et obtenir tout ce qu’elle voulait, soit ils étaient ‘autre chose’… et avec toutes ces histoires de Kira, il serait évident que leur plaque soit fausse pour préserver leur identité.

Maya décida que la méfiance serait sa meilleure stratégie : autant traiter tout le monde de la même façon à partir de maintenant, c’est-à-dire de ‘potentiels chasseurs de Kira’.

L’agent Sullivan sortit l’éternelle ‘nous aurions quelques questions à vous poser’, ce à quoi Maya hocha la tête.

- Oui, je sais pourquoi vous êtes là. Vous m’aviez prévenu hier soir que vous passeriez voir tous les témoins de… hum… l’évènement…

Elle observa un instant l’autre homme présent dans sa chambre qui, à son regard, venait de voir son petit carton de câbles. Elle hésita à sourire ou à jeter un air glacial à cette personne.

* Surpris mon p’tit père ? *

Elle détourna enfin les yeux quand Sullivan reprit la parole pour lui poser sa première question, une classique encore.

- Qui ne connaissait pas Carla Jones..? Elle était connue du tout Oxford, dit Maya avec un sourire penseur. Pas souvent en bien, il faut l’avouer, mais bon…

La jeune femme eu un bref instant de silence.

- Je ne sais pas si je peux dire que je la connaissais bien… J’étais loin d’être son amie vous savez. Je faisais partie de ces gens qu’elle avait du mal à supporter parce qu’ils lui tenaient tête, ou l’ignoraient… une ombre pour son ego dira-t-on… Je l’ai rencontré en 2e année, elle arrivait tout juste en 1ere année de littérature et voulait que je l’aide en littérature américaine, sous prétexte que j’étais américaine et que j’avais des bonnes notes partout. J’ai refusé parce que je n’avais pas vraiment le temps de faire du tutorat, surtout gratuitement, alors elle m’a pris en grippe. Rien de très méchant, sauf une fois où on a failli en arriver aux poings, ce qui me surprend encore de ma part… Enfin j’avais pris le parti d’éviter de croiser son chemin, et elle a fini par m’oublier un peu… je pense. Voilà pour le passé, maintenant, mon directeur de thèse m’avait proposé de faire du tutorat ‘payant’ cette année, et comme j’ai accepté et ai été mise sur le tableau des tuteurs, Carla m’a choisi, je ne sais pas trop dans quel but et je ne veux plus le savoir…

Maya leva les yeux vers son auditoire, l’air gêné.

- Tout le monde avait quelque chose contre elle, même ses ‘sbires’, comme j’aime les appeler. Cependant, elle ne méritait pas de mourir… D’ailleurs, je suis désolée de jouer les curieuses, mais avez-vous trouvé des traces depuis hier soir de ce qui aurait pu causer sa mort..? Vous pensez que c’est vraiment Kira ?! J’ai du mal à y croire… et en même temps, j’ai du mal à croire qu’une jeune femme de 21 ans meure d’une crise cardiaque.

La jeune femme se retourna un instant quand des vibrations se firent entendre sur le bureau. Le portable de Maya tremblotait légèrement jusqu’au moment où, après quelques secondes de réflexion, elle le saisit enfin. Elle fit un hochement de tête à ses hôtes pour s’excuser, et regarda vite fait. Un message de Shane venait d’arriver : « Regarde ma jolie news ! ». Maya sourit, imaginant ce qui pouvait être écrit sur son blog. * Incroyable pour un geek d’avoir autant de succès… Remarque, personne ne le sait ! *. Elle ouvrit son ordinateur portable et le mit en marche. Si c’était vraiment ce qu’elle pensait, elle pourrait confronter ‘ses’ policiers aux dernières nouvelles, s’ils ne les connaissaient pas déjà.

* Le temps que ça démarre, on va voir ce qu’ils ont à me dire sur la mort de Carla. Et je me doute que ça ne sera pas la dernière question… *

Patricia commençait à se dandiner dans son coin. Il regardait ses talons, les bras croisés, pendant que Mike était en train d’interroger la jeune fille. Elle se sentait mieux sur le terrain, que ce soit la forme du travail, entraînement ou vraie intervention. Cette jeune fille lui renommerait une affaire, sans doute le souvenir des cheveux blancs qui rappelaient les gens couverts de poussière quittant précipitamment les locaux d’un bureau de poste où une charge avait explosée. Un colis piégé en somme. Elle se souvint aussi du sang, des lambeaux de chair éparpillés dans la carcasse du bâtiment en tôle. Elle avait été envoyée là-bas car on pensait que c’était une attaque chimique ou nucléaire, mais ce n’était rien d’autre qu’une bombe de charge assez suffisante pour tuer 9 personnes et en blesser une vingtaine d’autres.

Finalement, Jack voyant qu’elle était ailleurs, se permit de lui donner un petit coup de coude dans les reins pour qu’elle retrouve ses esprits. Il s’en rendit vite compte lorsqu’elle lui lança un regard noir. Pourquoi n’avaient-ils pas laissé Mike s’en charger seul ? Ils auraient pu rester près de la camionnette à travailler dans leur coin et écrire leurs rapports. Mais non, il avait fallu se taper la moitié du campus à traverser pour attendre que leur collègue finisse son boulot.

Mike semblait assez satisfait des réponses de la jeune fille, comme s’il s’y attendait parfaitement. Comme si tout allait pour le mieux. Mais s’était-il dit que Craft était déjà au courant de tout ? Apparemment pas, car il continuait de tout noter sur son calepin, comme un agent studieux qui sort de l’académie de police.

« Ainsi donc Carla Jones était quelqu’un d’haï, assez influente et qui jouait les petites-cheftaines dans l’Université. Donc en fait, sa mort n’ébranle personne, et au contraire, elle semble même en ravir plus d’un. »

Finissant de noter ça sur son bloc-notes, il répondit aux interrogations de la jeune fille.

« Nous n’avons rien trouvé de bien concret, mort accidentelle sûrement, une crise cardiaque visiblement, après étude de son dossier médical, il s’avère qu’elle avait quelques soucis au cœur, sans doute un fort taux de stress ou de l’énervement. Donc la piste accidentelle est tout à fait possible, mais avec ces histoires de Kira, nous préférons surveiller la chose, surtout s’il est revenu après quatre années. »

Quand la jeune femme alla prendre son téléphone, les 3 agents se regardèrent rapidement, du coin de l’œil et hochèrent la tête. Ils avaient eu quelques informations précieuses qui leurs prouvaient bien que Kira était derrière. Il ne restait plus qu’à prouver qui parmi les 17'000 personnes qui étaient présentes sur le campus pourraient être le tueur, et ce serait maintenant à Jack de faire ses preuves. C’était comme chercher une aiguille dans une botte de foin.

Voyant que le mutisme s’installait dans la pièce, Patricia fit semblant de tousser, ce qui bougea Mike.

« Mademoiselle, nous n’allons pas plus vous déranger. Je vous laisse ma carte avec mon numéro direct, au cas où vous seriez au courant de quelques choses. »

Les trois agents allèrent vers la porte d’entrée, Patricia et Jack sortirent après avoir salué la jeune femme. Seul restait Mike encore à l’intérieur.

« Dites-moi, vous êtes dans quelle branche ? Pour pouvoir ainsi aider une jeune fille aussi aisée, c’est que vous deviez être extrêmement qualifiée. »

Maya écouta attentivement ses interlocuteurs.

* Alors comme ça, la piste accidentelle n’est pas impossible… Hmm, dommage, avec les autres que j’ai tués, ça va réduire les chances d’une telle hypothèse… Je me demande ce qu’il va en ressortir. *

La jeune femme, tout en surveillant ses hôtes, regarda son écran et lança le navigateur internet. Elle voulut les emmêler un peu plus en suggérant que certains poisons aujourd’hui pouvaient provoquer la mort par crise cardiaque – et que le prix importait peu pour certains, vu que 35 % des élèves étaient de la haute société – mais se ravisa.

* Ces pauvres gens auront suffisamment à faire… Et puis je ne suis pas persuadée qu’ils croient vraiment à l’hypothèse accidentelle. Venir à trois, inspecter ma chambre comme celle d’une criminelle… Ces gens sont bien simples d’esprit quand même ! Juste parce que j’ai touché un corps ferait de moi une criminelle ? J’aurais pu ne jamais trouver la Death Note… Quelqu’un d’autre aurait pu la prendre avant moi et marquer ce nom… Non, je pense que ces gens sont un peu désespérés pour vouloir penser que la personne ayant rendez-vous avec la victime soit une tueuse. Bizarrement, ça me fait bien rire ! *

Maya en oublia presque les policiers présents dans sa chambre, ses yeux lisant l’article de Shade sur son blog à ragots. A ce moment, elle entendit quelqu’un s’éclaircir la gorge. La femme flic avait l’air d’en avoir assez.

- Je suis désolée, je n’ai pas grand-chose à ajouter. Si vous voulez tout savoir, j’avais beau avoir eu des soucis avec Carla, je suis quand même très attristée par cet évènement. Je n’ai pas vraiment d’amis à la fac… voir même aucun. Des connaissances quoi. Je pense que les gens ont un peu peur de moi et aimeraient bien faire de moi une suspecte. Ils ne comprennent pas que Carla, tout en me détestant, était la seule personne avec qui je pouvais parler normalement, ne pas faire semblant. Tout en détestant sa manière d’être, j’appréciais nos joutes quand elles étaient ‘intelligentes’. Bon, quand elle voulait sortir les poings par contre…

* Il y a une chose qui est vraie là dedans. Je ne souhaitais pas la tuer. Pas tout de suite en tout cas… Enfin, on apprend de nos erreurs ! Tu m’auras bien aidée Carla, paix à ton âme ! *

Les policiers se levèrent et prirent congés. Sullivan tendit sa carte et ils saluèrent tous la jeune femme tout en se dirigeant vers la porte. La dernière question prit Maya par surprise.

- Je suis en Droit. Une section spéciale liée à la criminologie et à la justice criminelle. Je ne suis pas plus douée qu’un autre. J’ai beaucoup travaillé pour entrer dans cette filière, car très peu sont acceptés. Mais quand on s’intéresse au milieu criminel tout en vouloir faire respecter la justice, c’est ce qu’il y a de mieux ! Si je n’avais pas à me soucier de ma thèse cette année, et surtout d’y trouver un sujet plus intéressant qu’étudier les conséquences des actes de Kira sur la justice et les lois actuelles, je mènerai bien une petite enquête, mais la thèse avant tout !

Alors que les agents sortaient, Maya ajouta d’un air faussement gêné :

- Si ce que je lis sur internet est vrai, d’autres étudiants sont morts messieurs dames… J’ai beau grandement douter d’un retour de Kira, c’est bien étrange que les étudiants meurent de crise cardiaque ces derniers temps ! J’ai l’impression que vous allez voir du pays !

Le sur pas de la porte, Mike s'arrête brusquement. Cette jeune fille étudiait donc la criminoligie ? Intéressant. Elle pourrait sûrement leur être utile à l'avenir, surtout si elle arrivait à avoir des informations avant eux, comme avec cette histoire d'étudiants morts d'une crise cardiaque.

Jack semblait visiblement impatient de reprendre son travail, il se sentait d'une totale inutilité ici. Saluant avec le plus de politesse possible, il s'avança en direction de la sortie de l'immeuble. Après un dernier au revoir, Mike et Patricia s'empressèrent de le rejoindre.


[HRP: Vraiment navré, j'ai un DM de Maths qui est très mal tombé. Type prépa maths sur les suites, autant vous dire que c'est hard ! :HRP]