Death Note
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Death Note

~ Ce monde est pourri, et les personnes qui le pourrissent devraient être annihilées afin de le purger ! ~
 
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 Balbutiements de pouvoir

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AuteurMessage
Matthew Shepard
Etudiant
Matthew Shepard


Nombre de messages : 27
Nationalité : britannique
Emploi : étudiant
Date d'inscription : 20/01/2007

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MessageSujet: Balbutiements de pouvoir   Balbutiements de pouvoir Icon_minitimeDim 21 Jan - 5:07

La nuit était bien avancée lorsque Matthew Shepard rejoignit enfin le manoir. Il savait ce qui l'y attendait, mais cela lui importait peu ; quelque part, c'était une des raisons qui le poussaient à rentrer toujours si tard. Une des innombrables raisons.

Il dut traverser une partie de l'allée de graviers avant de pouvoir fouler l'herbe silencieuse. Il grimaça en entendant crisser la caillasse sous ses semelles. C'était ça ou faire le mur... Le manoir était plongé dans une quasi totale obscurité, seul le bureau privé de Sean, au quatrième étage, dispensait une faible lumière qui éclaircissait tout juste l'arbre planté juste en-dessous. Peut-être avait-il une chance de s'en sortir sans un bon sermon, cette fois...

Fort de cette constatation, il s'élança sur la pelouse parfaitement entretenue, le visage étiré d'un sourire moqueur, son sac bringuebalant joyeusement dans son dos. C'était peut-être son jour de chance, il: pourrait peut-être même en profiter pour chiper un petit quelque chose à la cuisine au passage. Une langue gourmande effleura ses lèvres à cette idée.

Il avait presque contourné le manoir pour atteindre la porte arrière donnant sur ladite cuisine que quelque chose le fit trébucher. Il retint difficilement une exclamation de surprise et claupina sur quelques mètres, emporté par son élan, avant de s'arrêter et de regarder derrière lui en haussant un sourcil. Mais il y faisait trop noir, il avait du mal à distinguer le sol. Il revint quelques pas en arrière posa son sac à terre et s'accroupit avant de passer ses mains sur l'herbe, cherchant ce qui avait bien pu le gêner. C'était étonnant : le sol avait une surface unie et jamais aucun objet ne traînait. Il n'avait pas non plus souvenir d'un quelconque massif de fleurs dans les parages.

Au moment où il se préparait à abandonner en haussant les épaules, se disant qu'il s'était peut-être simplement emmêlé les pieds, sa main rencontra quelque chose.

« Tiens ? » fit-il en saisissant l'objet en question.

Il le porta à son regard mais il avait beau plisser les yeux, il ne voyait pas grand chose dans l'obscurité. Toutefois, il semblait à sa forme que ce fut un cahier. * Mouaif, * songea-t-il distraitement. Il se releva, attrapa son sac à dos dans lequel il glissa machinalement le cahier et reprit la direction des cuisines. Il se faisait tard et il avait faim.

Il ouvrit la porte arrière le plus silencieusement possible et se faufila dans la pièce plongée dans la pénombre. Il espérait passer le plus possible inaperçu. Moins il avait de contacts avec les occupants de cette maison, et mieux il se portait. Mais à peine eut-il le temps de refermer sans bruit la porte que la lumière s'allumait subitement, le faisant cligner des yeux.

« C'est à cette heure-ci que l'on rentre, jeune homme ? » fit une voix forte.

Il sursauta sous le coup de la surprise, et reconnut bien vite la vieille cuisinière de la famille. Il soupira, la main sur sa poitrine.

« Tu m'as fait peur, Oba-chan, » lança-t-il, soulagé. « J'ai cru que j'étais cuit, cette fois... »

La vieille femme laissa son visage s'éclairer d'un sourire bienveillant et rajusta son châle sur son épaule en se dirigeant vers un placard. Elle avait l'habitude de ce surnom qu'il lui donnait depuis près d'un an, Oba-chan... un mot japonais, selon lui.

« C'est ce qui finira par arriver si vous continuez ainsi, » dit-elle sans animosité. « Monsieur et Mademoiselle sont loin d'être des idiots, et je ne pourrai malheureusement pas toujours vous couvrir. Voulez-vous manger quelque chose ? »

« Bénie sois-tu, Oba-chan... »

Matthew s'assit à la grande table de bois qui occupait le centre de la cuisine et posa son menton sur ses mains. Il regarda sans un mot la vieille domestique sortir quelques aliments du réfrigérateur - notamment une alléchante part de cake au chocolat - en songeant qu'il avait de la chance de l'avoir encore près de lui. De tout temps elle avait été la seule sur qui il avait pu compter, la seule à l'avoir aidé. C'était un peu grâce à elle s'il n'avait pas fui de cette insupportable demeure dès qu'il en avait été capable. Elle avait toujours eu un mot gentil et une friandise à lui offrir, un sourire et une oreille attentive - même s'il ne s'était jamais réellement confié à elle ; mais c'était un peu comme si elle connaissait tout de lui sans qu'il ait jamais eu besoin de parler.

Il grignota en silence sous le regard bienveillant de la cuisinière, puis la remercia encore avant de s'éclipser furtivement dans les couloirs sombres du manoir. Par acquis de conscience, ou peut-être surtout à cause d'une vieille inquiétude dont il n'arrivait pas à se débarrasser, il fit un détour par la chambre de la petite Sana, située dans le même couloir que la sienne. Il ouvrit doucement la porte et jeta un regard à l'intérieur. Il sourit. Sa petite sœur dormait à poings fermés, serrant contre elle une peluche qu'il lui avait offerte quelques années plus tôt. Rassuré, il rejoignit enfin sa chambre et se jeta sur son lit.

Il avait totalement oublié le mystérieux cahier.

*****


Comme souvent le matin, le manoir Shepard résonnait de bruits de courses et d'exclamations dignes du lapin blanc d'Alice. « En retard ! En retard ! » entendait-on répéter en boucle durant une bonne dizaine de minutes. Matthew Shepard, plus grand chenapan de la demeure britannique et peut-être aussi de la ligné entière, courait en tous sens pour rattraper le temps qui lui filait immanquablement entre les doigts. Seigneur, que c'était dur de se réveiller le matin !

Il ressortit en vitesse de la salle de bain, débraillé, cheveux humides et mal coiffés, et se précipita dans sa chambre pour attraper son sac à dos rouge vif, puis il dévala les escaliers en quatrième vitesse, avec l'aisance de l'habitude.

« Sana ! Dépêche-toi, tu vas être en retard ! » s'écriait-il en sautant les dernières marches d'un bond souple. « Sana ! »

Il n'attendit pas la réponse de sa sœur et fit un rapide passage par la cuisine pour by chiper des toasts à grignoter, histoire de ne pas avoir le ventre vide. Ventre qui gargouillait déjà affreusement.

« Quand apprendrez-vous enfin à vous lever à l'heure ? » soupira la vieille femme.

« Gomen, » lâcha-t-il, l'air pas désolé du tout. « Sana ! » appela-t-il à nouveau en déboulant dans le hall.

« J'arrive ! » répondit une voix d'enfant du haut de l'escalier.

« Ça va aller ? » demanda-t-il à la petite fille rousse qui apparut au sommet des marches, coiffée de petites couettes adorables.

« Mais oui, aniki, ne t'en fais pas, » assura celle-ci. « Dépêche-toi d'aller en cours, je peux me débrouiller toute seule. »

« D'accord... »

Il balança son sac sur son épaule et commença à enfiler ses chaussures quand le téléphone se mit à sonner. Il n'y prêta pas attention, se disant que le majordome ou même Sean répondrait. Mais devant l'insistance de la sonnerie, il abandonna ses lacets récalcitrants et clopina vers l'appareil accorhé au mur, près de l'entrée.

« Allô ? » lança-t-il, tendu.

Il allait sacrément être en retard, cette fois... Maudit réveil !

« Monsieur Shepard ? » fit une voix masculine à l'autre bout du fil, hésitante.

« Le petit frère, » lâcha Matthew de mauvaise humeur. « Sean est occupé. »

« Pourriez-vous lui passer un message, s'il vous plaît ? C'est urgent et je ne pourrai malheureusement pas le rappeler aujourd'hui... » insista l'homme.

« Ok, » acquiesça Matthew à contrecœur - il allait être plus qu'en retard, à ce train-là !

Il entrouvrit son sac d'une main, y trouva un vieux stylo qui avait fait son temps sous les cahiers et les livres et arracha au hasard un bout de papier avant de noter avec attention le nom de son interlocuteur. Il lui semblait avoir déjà vu l'homme. Un assistant de son frère, s'il se souvenait bien. Puis il ajouta le message : " Mr John Parker, rendez-vous au resto habituel, 14h, aujourd'hui " Mr Parker... Un associé de Sean, un vieux bonhomme qui n'avait plus un cheveu sur le caillou.

« Merci beaucoup, monsieur Shepard, vous me sauvez, » dit l'assistant d'un ton visiblement soulagé pendant que Matthew notait ses indications.

* C'est pas moi qui es sauvé, en tout cas, * songea Matthew avec résignation. Cette fois, il était vraiment en retard. Autant que le lapin blanc, sinon plus. Autant rater complètement le cours... et pourquoi pas la journée entière ?

« Je ne sais pas ce que j'aurais fait si je n'avais pas pu lui passer ce message, » continuait le jeune homme, soudain très bavard. « Mr Parker est un associé très important et si Sean n'est pas présent... Brr Je préfère ne pas y penser... »

Il avait failli oublier que, pour tous ceux qui débarquaient dans l'entreprise de son frère, Matthew était aussi directeur. Seuls les plus anciens connaissaient, à quelques détails près, la réalité.

Des bruits étranges à l'autre bout du fil attirèrent l'attention du garçon. L'assistant s'était tu et semblait avoir du mal à respirer. Matthew fronça les sourcils.

« Monsieur ? » appela-t-il, indécis. « Monsieur, tout va bien ? »

Mais un clac soudain lui répondit, puis le silence. Après quelques secondes, ce furent des cris de surprise que le téléphone lui renvoya. Il se figea. Avait-il bien entendu... « Il est mort ! »

« SEAN ! » hurla-t-il en grimpant aussi vite que possible les quatre étages du manoir. « SEAN ! »

*****


Un peu plus tard dans l'après-midi, un vieil homme élégant au crâne luisant patientait à la table d'un restaurant en sirotant un verre de bon vin. Son jeune associé ne tarderait pas à arriver, si le message lui était parvenu. Sean Shepard détestait arriver en retard à un rendez-vous. Mais il considérait qu'un peu d'avance était au contraire un signe de bonne éducation. Ce n'était peut-être pas exactement juste - un "pile à l'heure" aurait été plus poli - mais le vieil homme n'allait pas s'en plaindre ; c'était tout à fait à son goût.

Il espérait que le jeune garçon qu'il avait eu au téléphone un peu plus tôt - un petit gars fraîchement diplomé et très enthousiaste, bien qu'un peu coincé - ait réussi à prévenir Mr Shepard à temps. Il savait son associé très occupé, et il n'était guère dans les habitudes de Mr Parker de monopoliser iansi à la dernière minute le temps précieux de son associé - et jeune ami.

Il finit son verre en savourant bien le goût de celui-ci. Il se faisait vieux et appréciait mieux les bonnes choses que dans sa jeunesse. Il reposa son verre et se permit un soupir de satisfaction. Il ferma les yeux un instant, crispa furtivement tous ses muscles, et mourut sans un bruit, des suites d'une crise cardiaque, l'incoutournable fatalité à laquelle il se savait depuis longtemps condamné.

Il était exactement quatorze heures.
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